Patty Day, mère de quatre enfants dont le mari est parti, tente tant bien que mal d'élever sa progéniture, tout en exploitant la ferme héritée de ses parents.
Malheureusement, Patty est complètement dépassée : la famille est endettée et les enfants sont quelque peu négligés.
Une nuit, entre le 2 et le 3 janvier 1985, la famille Day est massacrée. Patty, Michelle et Debby sont retrouvées mortes. Libby, âgée de 7 ans, est la seule à réchapper au massacre de sa famille. Interrogée par la police, elle accuse Ben, son frère de 15 ans : elle affirme l'avoir vu tuer sa mère et ses deux soeurs.
Vingt-cinq ans plus tard, Libby tente de survivre tant bien que mal. Alors que ses finances sont au plus bas, elle est contactée par le Kill Club, qui souhaite lui poser quelques questions sur la nuit du 2 au 3 janvier 1985. le Club est persuadé de l'innocence de Ben et aimerait en parler avec Libby.
«
Les lieux sombres » est un bon suspense et, surtout, un portrait très fidèle de cette Amérique laissée pour compte. Les Day illustrent, à eux seuls, l'envers du rêve américain. le père, Runner, est fainéant et fuit ses responsabilités de père, laissant Patty se débrouiller seule avec les enfants et la ferme. Ben, le fils aîné, a de mauvaises fréquentations et semble en colère contre la terre entière – normal à 15 ans et lorsque l'on vit dans des conditions telles que les siennes. Les trois petites filles – Michelle, Debby et Libby – sont plus joyeuses que leur frère, mais doivent souvent se débrouiller sans leur mère (trop fatiguée pour assumer ses responsabilité) et ne mangent pas toujours à leur faim. Quant à Patty, loin d'être une mauvaise mère, elle joue simplement de mal chance… et a épousé un homme qui n'était définitivement pas fait pour elle.
Pas étonnant, dans ces conditions, qu'un drame survienne.
Le récit alterne les chapitres : l'un nous parle de la vie de Libby a 32 ans, l'autre nous parle de cette fameuse journée du 2 janvier 1985. C'est une technique très efficace de la part de l'auteure, puisque cela lui permet de dévoiler petit à petit les événements ayant mené au drame et de nous faire comprendre les répercussion que celui-ci a eu sur Libby et sur les autres acteurs du massacre (Ben, Runner et Diane entre autres).
La psychologie des personnages est très intéressante et bien maîtrisée par
Gillian Flynn, mais j'avoue que les personnages m'ont déplu. Aucun n'est vraiment attachant ou même intéressant. Libby a certes vécu une expérience atroce, mais elle semble s'en servir pour vivre comme elle l'entend, à savoir aux crochets de la société, sans travailler (parce que sortir de son lit 5 jours par semaine, très peu pour elle !) et en volant tout ce qu'elle peut. Ben tel qu'il est décrit à 15 ans est un pauvre gars, mais en voyant comment il se conduit et qui il fréquente, on ne peut s'empêcher de penser qu'il a bien cherché ce qui lui est arrivé… Même la douce Patty est parfois agaçante et sa manière de s'accrocher à une ferme qui la ruine semble parfois pathétique.
Ce n'est donc pas pour les personnages que «
Les lieux sombres » vaut la peine d'être lu, mais plutôt pour son contexte. La misère sociale décrite par
Gillian Flynn et ses conséquences désastreuses sur les individus et les enfants est très frappante. On comprend mieux, en quelque sorte, ce qui a poussé certains Américains à voter pour Trump : la majorité de la population de la petite ville où vivent les Day est miséreuse et vit dans des conditions épouvantables, sans savoir combien de temps ils vont pouvoir continuer à survivre. Désabusés, les jeunes comme Ben se réfugient dans le heavy metal et ses rimes macabres, quitte à être pris pour des cinglés par les plus âgés et par ceux qui fréquentent assidument l'église…
La fin n'était pas tout à fait inattendue pour moi : je me doutais bien que
Patty avait quelque chose à voir avec les événements du 2 janvier . Mais le destin de certains des personnages (notamment de Diondra) est assez étonnant pour tenir en haleine jusqu'aux toutes dernières pages.
A découvrir !