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4,09

sur 486 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Les éditeurs français de Jonathan Safran Foer ont décidé que la traduction française se ferait sous l'ordre de l'interrogation. Les anglophones ont pu, eux, lire Eating Animals, sans point d'interrogation. L'idée n'est pas mauvaise pourtant car ce livre est une enquête. Je le signale tout de suite, cet essai n'est pas un plaidoyer végétarien. L'auteur américain ne dit pas non à la viande, mais à celle industrielle, et s'il s'engage à la fin à respecter un végétarisme convaincu, c'est par choix individuel, mais il ne fait pas de prosélytisme. Son texte est hybride, il rédige un essai et une recherche digne d'une thèse (avec bibliographie et notes qui vont bien), mais il flirte avec le roman témoignage avec sa mise en scène ainsi que celle de sa famille. La forme est hétéroclite ; ce n'est pas un récit linéaire puisqu'il prend parfois des allures d'encyclopédie rangée par articles, un soin a été apporté à l'ouverture de chaque chapitre, et un jeu de typographie est instauré (comme dans son précédent roman). On trouve notamment treize pages remplies uniquement des mots Influence/mutisme.

Safran Foer pose de nombreuses interrogations et cherche les réponses les plus justes en confrontant les points de vue des différents acteurs du problème. Pourtant ses demandes auprès des grandes industries restent le plus souvent sans suite, alors il lui faut entrer illégalement sur des sites afin de constater par lui-même leur réalité. Il insère aussi des témoignages rapportés ou enregistrés, anonymes ou non, qu'il intercale avec sa propre enquête, et qu'il n'hésite pas à remettre en doute.

La principale question soulevée dans cet ouvrage est le rapport entre l'homme et l'animal et le problème de la souffrance animale. Il clarifie immédiatement son propos en précisant que l'homme et l'animal ne seront pas placés au même niveau, mais qu'il faut reconnaître un "bien-être" ou des "droits" aux animaux. Son récit entremêle histoire culturelle de notre rapport aux animaux, histoire de l'alimentation, anthropologie ou science. Toutes les disciplines se croisent.

Les élevages évoqués sont les poulets, les poissons, les porcs et bovins. le chapitre le plus cruel est sans doute celui consacré aux poulets. le début du roman s'attache aux constructions culturelles que l'homme a bâti vis à vis des animaux et de la nourriture, et l'auteur explique sa démarche en détail en insistant sur le déclic personnel qu'il a connu après la naissance de son enfant. Et enfin on entre dans le vif du sujet avec le sort des poulets. Je vous conseille de ne pas lire ce chapitre après avoir mangé si vous êtes sensibles. Il décrit toutes les étapes de conditionnement et de production en mettant en opposition un élevage fermier et celui industriel, normalisé. J'avoue qu'après avoir lu ces passages, je vais aussi avoir du mal à manger de la viande achetée en supermarché pendant un moment. Les animaux sont malades et torturés, et les normes de "plein air" bien éloignées du véritable élevage fermier où les animaux ne sont pas mutilés. Dès que j'y pense j'ai désormais des images de maladie, antibiotiques, espaces clôt et souffrance, qui me viennent à l'esprit. Les chapitres consacrés aux autres animaux suivent le même schéma explicatif.

Jonathan Safran Foer est brillant et réussit à passer un message fort et persuasif sous couvert d'un texte sans parti-pris immédiat et d'un l'humour qui traverse et dédramatise l'ensemble. À la question "Faut-il manger les animaux?" on pourra répondre comme l'auteur, non, mais on rétorquera surtout "pas tous", pas ceux issus des élevages industriels. Car si les statistiques et exemples sont ici américains, l'auteur s'est aussi intéressé au phénomène au plan international et évoque souvent les exemples européens. le récit ne tente pas à tout prix de convaincre mais pose de nombreuses questions. Et dans un sens il est moins violent et sanglant que d'autres témoignages que j'ai lu sur des sites végétariens. Et c'est peut-être ce détachement et cette quête paternelle qui facilitent notre adhésion. Peut-être aussi l'impression que nous avançons à son rythme dans cette enquête, puisque l'auteur partage ses doutes avec le lecteur. Que ce soit sur la structure des chapitres et donc l'effet produit ou sur les témoignages d'éleveurs. Il réussit à trouver de nombreuses réponses, mais certains débats restent en suspens. Notamment la question d'un retour à l'élevage traditionnel et donc plus respectueux des animaux. Certains éleveurs y croient, lui écrit :

"Il n'y a pas de "retour" à l'élevage de porcs traditionnel. le mouvement vers ce type d'activité est bien réel, mais il est essentiellement le fait d'éleveurs de longue date qui ont appris à mieux vendre leur image et parviennent à tenir bon. L'élevage porcin industriel continue de s'étendre en Amérique, et sa croissance mondiale est encore plus effrénée. "

Je ne pense pas que j'aurais lu ce livre s'il avait été signé par un autre nom. Ce sont ses deux précédentes fictions, très réussies, qui m'ont donné envie de lire aussi cet ouvrage, même si le sujet ne me passionnait pas de prime abord. Bien que la forme ne soit pas purement romancée, on retrouve son ton et son écriture inventive. Et c'est surtout avec les souvenirs qu'il partage, de sa grand-mère et des fêtes de famille, qu'on retrouve l'écrivain de fiction qui nous a tant séduit, parce qu'il en parle avec beaucoup d'humour mais l'émotion est très forte.
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J'aurais aimé adorer ce livre. D'abord parce que j'aime beaucoup l'auteur, ensuite parce qu'il m'a été offert par quelqu'un de cher, et enfin parce que je suis végétarienne et que j'aime lire sur le sujet.
Mais voilà, sur le fond, je n'ai pas vraiment appris de choses nouvelles. C'est très bien documenté, avec bibliographie et tout. Certains points développés sont originaux, comme son dilemme face aux petits producteurs (j'ai beaucoup aimé le chapitre "je sais"). Mais globalement il revient toujours sur le fait que l'industrie agro-alimentaire est foncièrement mauvaise, ce que pour ma part je savais déjà.
Je reproche surtout à l'éditeur français d'avoir traduit sans y ajouter un minimum de recherche sur la situation en France, où c'est quand même moins désespéré (les labels bio ou label rouge par exemple sont une vraie garantie que les animaux sortent en plein air).
Je trouve aussi dommage que Jonathan Safran Foer pose ce constat sans donner le moindre conseil sur une alimentation végétarienne; il laisse les non végétarien abasourdis par ces révélations sans outils pour s'en sortir.
Enfin sur la forme, je trouve qu'il se répète beaucoup. Je ne comprends pas trop l'agencement des chapitres, même si j'aime bien le petit graphisme à chaque début.
Une petite déception, mais je suis quand même contente d'avoir ce livre dans ma bibliothèque, parce que c'est Safran Foer, parce que c'est toujours bien qu'un auteur renommé fasse un plaidoyer contre l'industrie de la viande, parce que j'espère qu'il aura ouvert des yeux.
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Une confirmation du fait que notre monde ne tourne pas rond...
Cela renforce certaines convictions que l'on peut avoir.
Travail de fond remarquable.
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Oui, la question mérite d'être posée, déclinée ("Faut-il manger AUTANT d'animaux ?"...). le végétarisme se propageant dans mon entourage et moi même sentant une certaine contradiction entre certaines de mes valeurs et ma façon de m'alimenter, j'ai voulu voir ce qu'avait à dire Jonathan Safran Foer sur ce sujet.

Pas de prosélytisme, pas de culpabilisation dans ce livre. L'auteur pose les questions qu'il s'est posé et qui l'on amené à changer son alimentation. Un point de vue, une réflexion et aussi un 'état des lieux'. Car oui, au fait, comment au XXIème siècle les Homme s'alimentent ? Quelle conséquences (environnementales, éthiques, philosophiques...) engendre la consommation de viande par plusieurs milliards d'Hommes ? Quelle considération a-t-on/devrions nous avoir de la vie animale ? Que sommes nous prêt a accepter, à sacrifier pour manger de la viande ?

Ce que décrit J. Safran Foer n'est pas nouveau, il y fait état de ce que beaucoup savent déjà, de ce que l'on peut voir dans les reportages télévisés sur la production de viande industrielle, sur les conditions de vie et d'abattage de 90% des animaux et poissons destinés a l'alimentation. Mais le fait de lire cela permet d'avoir un autre regard, une réflexion peut-être plus posée et plus poussée que devant un tourbillon d'images et de sons.

Bref, quelque soit votre point de vue sur le sujet, livre que je vous conseille vivement. Et à défaut de devenir tous végétariens, soyons au moins raisonnables...
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J'ai particulièrement apprécié ici la façon avec laquelle J.Safran Foer parvient profondément à impliquer le lecteur quand il s'agit de s'interroger, à travers la question de l'élevage industriel, sur les limites de ce que chacun accepte ou refuse de son alimentation, de son histoire familiale, et des évolutions de la société dans laquelle il vit. Je trouve que l'auteur parvient là à mettre des mots précis sur des colères très fortes.
Là où je le trouve moins efficace, c'est quand pour dénoncer la cruauté de certaines de nos pratiques, il énumère, décrit les variations de ces pratiques cruelles. Ces récits me désengagent, annulent mon implication, me donnent envie de fermer le livre.
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Trop centré sur la production industrielle aux Etats-Unis vs la production de taille familiale, je me suis vite lassée des différents portraits d'éleveurs.
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J'ai lu ce livre et suis heureuse de l'avoir fait pour en apprendre un peu plus sur l'industrie de la viande. C'est vrai je pense qu'en tant que mangueurs de viande nous avons tendance a ne pas vouloir savoir. Mais, ceci est helas vrai pour beaucoup de choses dans nos vies de tous les jours. Vivre dans des pays developpes est rarement ethiquement et moralement correct.
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onathan Safran Foer a passé trois ans à recueillir des informations sur l'élevage industriel aux États-Unis, à rencontrer des éleveurs, des ouvriers travaillant dans les abattoirs, il a même visité clandestinement des fermes d'élevage industriel pour constituer un ouvrage compilant de données statistiques, de témoignages, de récits autobiographiques, tentant de répondre à la même question : faut-il manger les animaux ?. Cette question s'impose à lui après la naissance de son fils, le premier, et ce nouveau père se demande s'il doit donner à manger de la viande à son fils.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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