L'esprit de survie avait endormi ses douleurs et il courait sur les branches comme autrefois
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La deuxième vie commence là où l'on comprend qu''il n'y en a qu'une
- Bonjour, dit Elisha.
- On doit fouiller!
Elisha sourit.
- J'ai même appris à une punaise à dire bonjour, alors je devrais y arriver avec deux cafards...Bonjour!, répéta-t-elle.
-Tu te caches ? demanda Léo. Pourquoi ?
-Adieu, dit Tobie.
Il serra son ami contre lui, et disparut.
Sa mère, qui lui avait appris à lire à l'âge de trois ans, lui disait que les mots sont des combattants de l'ombre. Si on choisit de devenir leurs amis, ils nous aident toute la vie. Sinon, ils se mettent en travers de notre chemin. Maïa lui expliquait que c'était à cause de cela qu'on disait "connaître" un mot ou un langage, comme "connaître quelqu'un".
Tobie, après pas mal d'efforts, était devenu l'ami des mots. Tous les jours, il voyait les miracles qu'ils font. Ils l'avaient sauvé de la solitude et de l'ennui. Ils avaient été à ses côtés pour étudier avec son père. Et surtout, ils ne l'avaient pas lâché pendant les conversations avec Elisha.
Elisha connaissait très peu de mots, mais elle les habillait d'une telle manière que Tobie risquait de tomber à chaque phrase. Il avait donc appris, en l'écoutant, à faire vivre les mots grâce à la voix et au silence.
M. Lolness était certainement le plus grand savant du moment.
[...] Mais son incroyable savoir n'était qu'une petite partie de son être. Le reste était occupée par une âme large et lumineuse comme une constellation.
Sim Lolness était bon, généreux et drôle. Il aurait facilement fait une carrière dans le spectacle s'il y avait pensé. Pourtant, le professeur Lolness ne cherchait vraiment pas à faire rire. Il était simplement d'une fantaisie et d'une originalité rayonnante.
Parfois, pendant le Grand Conseil de l'arbre, au milieu d'une foule de vieux sages, il se déshabillait complètement, sortait de sa mallette un pyjama bleu, et se préparait pour une sieste. Il disait que le sommeil était sa potion secrète. L'assemblée baissait la voix pour le laisser dormir.
- Tu n'as qu'une vie, Tobie. Elle te rejoindra toujours.
On vit des autres. C'était sa conclusion. On vit des autres.
L'action libère l'esprit.