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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Très loin des medias qui nous rendent idiots avec une avalanche quotidienne de faits divers et de violences urbaines, de clichés sur la délinquance, et du mirage aujourd'hui absurde d'une vie sans risques, la voix de Larry Fondation, qui vit et travaille comme éducateur de rue dans les quartiers sud de Los Angeles depuis plus de 20 ans, sonne terriblement juste.

Il fracture ce récit de 120 pages en très courts chapitres, parfois histoires d'un paragraphe, qui sont des fragments coupants comme les journées de ces enfants en train de jouer avec des armes et des drogues, comme les éclats de verre qui jonchent le sol des immeubles dévastés, comme ces vies hachées et qui peuvent se terminer à n'importe quel moment.

«Jeff saignait, ce n'était pas si grave, mais pas du pipeau non plus. Des entailles sur la poitrine. C'était l'été, il faisait chaud. Les filles se pavanaient autour de lui. Elles voulaient toutes être l'heureuse élue qui aurait le droit de s'occuper de lui. Il n'y avait que Lorraine qui voyait à quel point il était barré, à cette époque. Mais pas un de nous n'écoutait. Il a dit :
-Ils me sont tombés dessus dans Darien Street.
Johnny Mac a pris les choses en main :
-On va chercher Mark et Tom. Danny a un flingue. J'ai un flingue.
Il s'est tourné vers moi :
-Tu viens ?
On a découvert plus tard que Jeff s'était fait ces entailles lui-même. Richie l'avait vu faire.»

«Angry nights» est le titre original de ce recueil de 1994 (traduit en 2012 en français grâce à Fayard), des nuits de colère, succession d'instantanés sordides et désespérés, qui recèlent parfois quelques éclats de courage.
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« Pour certains, Los Angeles, c'est des bougainvilliers et des plantes tropicales luxuriantes dans le désert, tout ça soigneusement entretenu par des jardiniers. Un coin romantique. Les films. Un endroit où l'on peut tenter sa chance. le coeur du rêve américain.
Ce n'est pas là qu'on est ».

Là, on est dans l'est de Los Angeles, quelque part entre les années soixante et juste après la première guerre du Golfe, dans ces quartiers où se croisent white trash, noirs et latinos. Skinheads et gangs mexicains. Bibine et flingues. Baises plus ou moins consenties et couteaux à cran d'arrêt. Shoots dans des squats ou sur des parkings de centre commerciaux abandonnés et chasse aux rats dans les caves.

Et c'est ainsi que Larry Fondation nous livre ces chroniques. Flash, fulgurances. Comme les pièces éparpillées d'un puzzle que l'on ne reconstituera pas mais dont chacune nous laisse présager de ce qu'il pourrait représenter. Et ce n'est pas beau.
Entre ennui, violence, plans à deux balles pour essayer de s'en sortir et révolte, Fondation, à coup de petites vignettes glauques souvent, lumineuse parfois, essaie de nous offrir l'essence de ces quartiers dans lesquels l'American Dream est passé au volant d'un camion poubelle pour décharger tout ce(ux) dont il ne voulait pas.

Il est heureux que les éditions Fayard aient exhumé ce premier roman initialement publié aux États-Unis en 1994, et le fasse paraître quelques mois après le Bienvenue à Oakland d'Eric Miles Williamson. La filiation entre Fondation et Williamson est évidente et, d'ailleurs, l'éditeur en joue en proposant une couverture qui utilise les mêmes codes que celle de Bienvenue à Oakland. Fondation, c'est un peu Williamson sans le gras. C'est dire si c'est sec comme un coup de trique dans votre face. Ceux qui ont déjà découvert le dernier cri de rage et d'amour d'Eric Miles Williamson retrouveront dans Sur les nerfs la puissance de la révolte de ces vignettes de la vie « ordinaire » d'un monde abandonné. Concentrée en un peu plus d'une centaine de pages, elle est d'une rare et belle violence.


Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Instantanés sauvages des rues de Los Angeles, par un éducateur de rue aux 20 ans de terrain.

Premier roman d'un éducateur de rue des quartiers difficiles de Los Angeles, publié en 1995 et traduit en français début 2012,, "Sur les nerfs" se présente comme un féroce assemblage d'instantanés, de scènes prises sur le vif, de brefs accès de sauvagerie, de désespoir ou de sordide, dont surgit par instants une révolte ou une rédemption.

"Quand j'ai flingué Paul, c'était pour son bien. J'avoue que je lui ai tiré à la base du crâne. J'étais triste qu'il n'y ait pas d'enterrement, même si, de toute manière, j'aurais jamais pu y aller. J'ai un boulot maintenant, je suis instituteur à Temecula. Tina et moi, on a acheté une belle petite maison, là-bas. La plupart du temps, on est contents, même si elle m'appelle encore Paul par moments, au beau milieu de la nuit et quand on fait l'amour."

"Bobby s'est mis à vendre des cachetons. Il s'est fait un paquet. Il s'est tapé Theresa alors que personne d'autre y arrivait. On n'a jamais compris pourquoi, mais il a jamais vendu que des cachetons. Et puis un jour, il s'est fait coincer. Un type avec qui il dealait depuis un bout de temps. Il l'a fait monter dans sa caisse. le mec avait tout un tas de cachetons. Bobby payait 16 000 dollars - cash. Les flics ont encerclé la caisse. D'après lui, il y avait huit flics et ils braquaient tous leur flingue. Ils ont saisi le pognon et les cachetons. Bobby a pris six ans, mais il est sorti au bout de deux et demi."

Entre Jean-Marc Agrati et Eric Miles Williamson, entre recherche de la sortie et inévitable abandon, 120 pages de rue, de poésie et d'absurde qui frappent là où ça fait toujours aussi mal.
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