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EAN : 9782213655635
162 pages
Fayard (06/02/2013)
3.9/5   10 notes
Résumé :
C'est le 06 février prochain que sera publié aux éditions Fayard le second roman de Larry Fondation, Criminels Ordinaires. Il est traduit par Alexandre Thiltges.

Après Sur les nerfs, son nouveau roman est la seconde partie d'un cycle qu'il consacre à Los Angeles et qui a pour titre The Unanimous Night.

Sur une période de vingt années qui courent des années 1980 aux années 2000, ses romans forment les chapitres d'une immense biographie ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un an après Sur les nerfs, Fayard édite le deuxième roman de Larry Fondation consacré à la violence ordinaire des quartiers pauvres de Los Angeles. Pas de gros coups organisés, mais, comme le titre l'indique, l'ordinaire des crimes : un braquage minable qui tourne mal, une dispute entre automobilistes qui vire au drame, une agression pour quelques dollars, un défenseur des animaux qui butte un chien et son maître, un viol commis par des ados, un couple séquestré par un camé…

Les histoires s'enchaînent, souvent très courtes – quelques paragraphes, parfois un seul – comme des flashes éclairant une réalité sordide. L'accumulation des histoires, certaines très proches les unes des autres et répétitives, met en lumière à la fois l'immuabilité du processus du crime engendré par la pauvreté – économique et culturelle – et la perte de sentiments, haine ou amour, qui lui est inhérente. Car tout est raconté, souvent à la première personne, avec un froid détachement qui rend plus prégnante la crudité du propos.
Malgré tout, la violence de ces histoires ne ferme pas la porte à un humour très noir que manie avec dextérité Larry Fondation, ni à un semblant d'espoir qui s'exprime, malgré la violence omniprésente jusque dans la jouissance, l'acte sexuel s'accompagnant ici toujours de sang, par l'opiniâtreté avec laquelle chacun des personnages cherche à vivre envers et contre tout.

Extrêmement efficace sur le mode court, peut-être un peu moins lorsqu'il développe ses histoires, Larry Fondation, avec ces nouveaux instantanés de la violence ordinaire, nous offre une nouvelle fois un très bon livre sur la crudité de la violence quotidienne dans la mégapole californienne.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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"Je demande de l'argent à un sans-abri.
Il me donne 50 cents. Deux pièces de 25 cents. Je les dépense dans un peep-show.
Il fait humide, il vient de pleuvoir. Les lampadaires éclairent à peine.
Je ne sais pas où aller maintenant."

Dans la continuité de "Sur les nerfs", "Criminels ordinaires" frappe encore plus fort, avec ces histoires généralement courtes, parfois de seulement quelques lignes, sur les tueurs ordinaires, sur ceux qui vivent dans les marges d'une Amérique vitrine.

Assemblages de vignettes sur le désoeuvrement dans cette Amérique sans travail, coups de couteau ou coups de feu tirés pour un rien, sexe et sang toujours accouplés, la violence, la noirceur de ces situations terriblement sordides font l'effet d'un coup de poing.

L'écriture sans effets de Larry Fondation, donne à ces shots.une crudité et une intensité maximales, avec une parenté parfois étonnante avec celle de Jean-Marc Agrati.


"Je me suis rendu à la manif pour les droits des animaux. Ce resto chic de Beverly Hills servait de la viande d'hippopotame au menu comme plat raffiné. (Cent boules l'assiette.) Ça semblait pas normal.
En rentrant à la maison, un type avec un pitbull m'a accosté. Il m'a demandé du fric. Quand j'ai refusé, il a lancé son chien sur moi. le clebs m'a chopé la cheville et le mollet gauche, et s'est mis à me déchiqueter la chair. La nuit venait de tomber. On était à un arrêt de bus sur Little Santa Monica. Il y avait deux trois personnes dans le coin, pas beaucoup, surtout des jeunes nanas de la manif.
-Rappelle ton chien ! j'ai lancé au proprio, qui n'a pas bougé.
Les nanas hurlaient pendant que le clebs continuait à me bouffer la jambe.
J'ai sorti un flingue.
-Rappelle ton putain de chien ! j'ai gueulé.
Le proprio n'a pas dit un mot.
J'ai appuyé sur la détente – deux coups dans le front du mec – mais ça n'a pas arrêté le chien."
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Le second volet des difficiles nuits de L.A., encore plus puissant que "Sur les nerfs".

Publié en 2002 (en février 2013 en français), le second recueil des nuits de Los Angeles, de Larry Fondation, reprend le flambeau du désespoir ordinaire des "sans" (sans abri, sans travail, sans avenir, sans espoir,...), des petits, et en effet aussi des "criminels ordinaires", là où le terrifiant "Sur les nerfs" l'avait laissé, déroulant maintenant le fil sous la présidence Bush (Père) et le début de la présidence Clinton...

Cinquante histoires courtes ou très courtes, avec des titres qui peuvent d'emblée inquiéter ou faire frémir ("Conduire des voitures", "Expulsion au petit déjeuner", "Indignité", "Essayer de choper le SIDA",...), pour poursuivre ce travail sauvage et minutieux, à partir du matériau assemblé par un auteur qui est depuis 25 ans médiateur dans ces quartiers dits "difficiles" de L.A. Univers de bars, de diners, de cabarets glauques, de coins de rue, d'appartements délabrés, de motels pourris, où une humanité tente de surnager tandis qu'une autre se laisse porter par le flot d'égoût qui l'environne désormais... le tout dans une langue travaillée toute en précision souvent étonnamment poétique.

"Il s'est assis à côté de moi. Je n'avais pas envie de parler.
- Super endroit, il a dit - entre le point d'exclamation et le point d'interrogation.
Gwendolyn faisait grincer son cul juste à côté de nous.
- Oui, j'ai fait, aussi sèchement que possible.
C'était une boîte de strip tease un peu pourrie, sur Hollywood Boulevard. Ouverte depuis trente ans. Les stripteaseuses portaient des cache-tétons sur le bout des seins. Des trucs brillants pour certaines ; du scotch d'électricien pour d'autres.
- Elle a des nichons d'enfer, il a dit.
J'ai rougi, mais il faisait trop sombre pour que ça se voie.
- Je m'appelle Eddie.
Il m'a tendu la main.
Je lui ai serré les doigts assez fort pour qu'il ait mal, mais je ne me suis pas présenté.
Gwen s'est baissée, le cul en l'air, juste devant moi. Elle l'a remué sous mon nez. J'ai posé 5 dollars sur la balustrade.
- Vous faites quoi dans la vie ? a demandé Eddie.
- Tueur en série, j'ai répondu.
Il s'est marré. Il a cru que je déconnais. C'était pas le cas."
("Pas désiré")

Et c'est peut-être l'une des deux citations placées en exergue du volume qui dit le mieux le propos de ces 50 scènes : "C'est vrai qu'on n'a que ce qu'on mérite. L'Amérique qu'on produit pour les autres est au bout du compte l'Amérique qu'on produit pour nous-mêmes. Ça ne se passera pas à l'autre bout de la ville. Ça se passera juste devant chez nous." (Mikael Gilmore, "Cible facile : pourquoi il faudrait écouter Tupac avant son enterrement", 1996)
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Recueil de textes plus ou moins longs ou plus ou moins courts selon qu'on aime ou pas, dans la même veine que Sur les nerfs du même auteur. Larry Fondation place ses personnages dans des situations difficiles, dans des quartiers dangereux et chauds de Los Angeles. Il décrit des faits de la vie quotidienne qui tournent au tragique ou des actes moins courants comme des agressions, des vols, voire des meurtres mais qui deviennent quasi naturels dans ces quartiers. C'est un peu la version moderne de sexe, drogue and rock'n'roll qui se traduirait par sexe, drogue, rap and guns. Il suffit d'un regard parfois pour que ça tourne mal
Parfois entre deux histoires noires, violentes une pause survient et la chance ou la bonne fortune sourit à l'un des héros. Ce ne sont pas les nouvelles les plus répandues dans le livre, mais elles donnent une note d'espoir malgré tout.

Comme dans Sur les nerfs, les textes de Larry Fondation sont courts, très courts ou un peu plus développés. Il excelle dans les versions ramassées sachant raconter des petites histoires percutantes avec des personnages à la dérive, menés par l'alcool, la drogue ou le sexe et parfois les trois en même temps. Phrases courtes qui claquent. Efficaces. Il est une expression qui dit livre-coup-de-poing qui siérait parfaitement à cette oeuvre. Les héros de Larry Fondation sont de pauvres types, des filles paumées travaillant peu ou pas ou dans des jobs peu enviables
Un bouquin dur mais intéressant. Prudes et puritains s'abstenir car la violence et le sexe sont présents mais jamais gratuitement ; à chaque fois que L. Fondation décrit une scène terrible ou sexuée (voire les deux ensemble) elle est justifiée. Très actuel, sans doute très états-unien, mais croyez un non-amateur -mais point primaire- de la littérature de ce pays en particulier et sa culture en général (ah, ils en ont une ???), c'est un bouquin qui mérite un instant d'arrêt sur ses pages.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Plus accessible que son précédent roman Sur les nerfs, Criminels ordinaires est une oeuvre qui transforme des faits divers en contes de fées modernes. Des contes urbains souvent tragiques mais aussi plein d'humour, qui vous hantent encore après avoir refermé le livre. Si vous ne connaissez pas Larry Fondation, commencez par ce livre qui vous donnera les clés pour mieux décrypter et appréhender Sur les nerfs. Voir le lien externe pour un avis plus détaillé.


Lien : http://www.4decouv.com/2013/..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C'était un boulot de merde, man. Nettoyer par terre, les chiottes, tous ces putains de bureaux de luxe, la nuit. Plus personne, pas âme qui vive. Mais de tonnes de gens comme nous ; de partout. Impossible de faire la différence entre les chefs et nous. Tout le monde se ressemblait. (p.130)
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Je regardais juste dans le vide, je rêvassais, si vous voulez, sans rien mater de particulier. Il ne voyait pas les choses de la même manière ; il pensait clairement que je l'observais.

- Qu'est-ce que tu mates, là, enculé ? il m'a demandé en me foutant un coup de matraque sur la tronche. (p.78)
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Video de Larry Fondation (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Larry Fondation

Larry Fondation, James Ellroy. LA deux visions
Extrait de la conférence de Larry Fondation, lors du festival Un aller-retour dans le noir en octobre 2013.
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