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Citations sur Shuni (44)

Il y a ces gestes que je n’ai pas appris à faire quand j’étais petite. Je n’ai pas appris à cogner à une porte avant d’entrer dans une maison. Je n’ai pas appris l’importance d’arriver à l’heure à un rendez-vous. Ma mère ne m’a pas appris à gérer convenablement mes finances.
Et toi Julie, sais-tu reconnaître les pistes du lièvre ? Sais-tu lire le temps qu’il fera sur les feuilles des arbres ? Sais-tu entendre, au-delà de la souffrance qui est visible, le pouls d’un cœur qui s’accélère pour continuer à battre ?
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Est-ce qu’un pays commun pourrait naître ? Bâti sur l’autodétermination des Premières Nations, le nationalisme québécois et néoquébécois. Je crois que c’est possible. Nous verrons peut-être le jour où nos deux histoires se rencontreront, pour la seconde fois. Et témoins d’une alliance égalitaire, comme le monde n’en aura jamais vu, un pouvoir politique réparti entre Autochtones et Québécois, nous nous souviendrons des erreurs du passé, pour ne pas les répéter. C’est ainsi nous honorerons la mémoire de nos ancêtres.
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Il n’y a pas plus détestable qu’un scientifique qui, au terme de plusieurs années de recherche, se permet d’intimider un membre du peuple qu’il a étudié en le contredisant, en lui faisant face avec des savoirs acquis. C’est un geste plein d’arrogance. Et aucune bonne intention ne le justifie.
D’un autre côté. Il n’y a pas plus honorable que celui qui se tait et qui écoute, même devenu vieux et connaisseur. Conscient qu’il ne sait pas tout sur une culture étrangère. Que c’est impossible.
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La résilience est un mot emprunté à la science physique. Il est utilisé pour nommer la propriété d’un matériau à retrouver sa forme initiale après avoir subi un choc. Maintenant, on l’utilise surtout pour dire la capacité d’un être humain à ne pas se résigner au malheur. J’ai souvent entendu dire que mon peuple était particulièrement résilient.
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On m'a demandé quel était le plus beau mot de la langue française. Le voici.
Liberté.
C'est un mot qui n'existe pourtant pas dans ma langue. La liberté est un concept intrinsèque à tout ce qui existe dans notre vision du monde. Nous sommes issus d'un espace sans clôtures, sans frontières. Des êtres libres dès l'enfance, dès que le petit devient autonome. Même les animaux, on ne les capturait pas pour en faire un élevage. C'est un état qui n'a jamais eu besoin d'être nommé.
La seule manière de dire la liberté en innu-aimun c'est nommant la fin d'un enfermement.
Apikunakanu.
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Ici, Shuni, le temps a la forme d’un cercle. Il évolue continuellement. Chacun suit le cercle du déroulement de sa vie. Comme les saisons se succèdent, se ressemblent. Dévoilant des parts cachées que nul ne soupçonnait.
Florent Vollant, lors d’une entrevue à la radio, traduisait littéralement le mot horloge : tipaipishimuan, le compteur de lunes. Il a ajouté en riant : On est très loin de la seconde.
Personne ne calcule le temps. Il est impossible d’en gagner. Ou d’en perdre. D’en manquer ou d’en garder. On ne peut le monnayer. Ou espérer le contrôler.
Personne ne te demandera l’âge que tu avais quand tu as fini tes études ni à quel moment tu as eu ton premier enfant.
Et puis, on ne juge pas quelqu’un s’il semble trop vieux pour entreprendre un projet audacieux. Le plus acclamé des finissants de niveau secondaire, je m’en souviendrai toujours, était celui qui à cinquante ans ne savait pas lire.
Ma petite sœur est tombée enceinte à quinze ans. Personne dans ma famille n’avait imaginé qu’elle deviendrait maman si jeune. Aujourd’hui, elle est mariée, a trois magnifiques enfants et a terminé ses études. Elle travaille dans un centre pour les victimes d’actes criminels. J’admire la rigueur avec laquelle elle entreprend de rendre accessibles les services judiciaires pour la communauté. Son petit Noah, qui termine sa deuxième année au primaire, est un élève surdoué. Je lui dis souvent que c’est une chance d’avoir un petit garçon talentueux pour les matières scolaires. Ou peut-être que ce n’est pas de la chance. Peut-être que lorsqu’on accepte son cercle, on accueille également la certitude qui nous permet de bâtir l’avenir, ce qu’on appelle la prospérité.
Le cercle est différent d’un système linéaire de temps dans lequel la vie est une course du point A, la naissance, au point B, la mort. Entre les deux, les études, la carrière, le couple, la maison, la famille, la retraite. Dans cet ordre.
Combien de fois par jour dois-je me faire ce rappel ?
La vie n’est pas une course.
Parce que marcher autour de sprinteurs invétérés, c’est difficile. Prendre son temps, accepter son propre cercle, et ne pas mourir d’envie devant les autres qui foncent droit devant eux. Tu peux imaginer à quel point c’est confrontant. Surtout maintenant. Surtout parce que mon Marcorel a tellement besoin de moi. C’est lui qui rythme mon cercle. Souvent. Il dit qu’il m’aime et mon cercle prend de l’ampleur.
Ce qu’il y a de rassurant avec le cercle, c’est qu’on peut revenir au même endroit autant de fois qu’on en a besoin. Reprendre le cours de ses études, un travail trop exigeant, une relation brisée. Revenir et être persuadé que cette lune-ci sera la bonne.
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Vers la fin de l'adolescence, il voudra vivre sa vie. Il aura ses amis, une copine dont il ne pourra pas se séparer. Sans doute, que son indépendance sera le signal de ma liberté.
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Elles semblaient silencieuses à nous observer jouer dans l'eau. Je crois plutôt qu'elles se vidaient l'âme à petits élans de confession. J'ai l'impression que l'on peut tout dire quand on regarde le courant incessant de la rivière se jetant dans la mer.
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J’ai eu envie de pleurer. Mais ca ne faisait pas mal.

La colère contre soi, de ne pas avoir remarqué le désespoir.
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Je crois moins au métissage des cultures qu’au reflet de soi dans l’autre. Le métissage comme un ensemble flou de pratiques culturelles prises ici et là qui parfois mènent les individus à renier leur héritage. J’aime la diversité que m’offrent le monde et les rencontres que je fais à travers les villes. J’observe comment ailleurs les gens vivent, se parlent, s’écoutent et se reconnaissent. Je m’attache à la différence, parce que par elle, je réalise les spécificités de ma culture. J’observe l’histoire du Québec et elle m’offre une voie que je peux suivre. Elle est un miroir qui diffuse l’image de ma réalité. Je me cramponne à cette histoire tout en sachant que la mienne est distincte.
Si l’amour de soi est la seule porte par laquelle une relation entre deux personnes peut être véritable. Alors, l’affirmation de sa culture précède l’ouverture à l’Autre.
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