La dernière reine d'Ayiti

1492.Trois caravelles à l'horizon. Un peuple prêt à offrir l'hospitalité à ces nouveaux venus.
Le récit est fait par Guaracuya, âgé de 15 ans, neveu de la reine d'Ayiti, Anacaona. Les habitants d'Ayiti sont des Tainos, êtres pacifiques qui partagent les richesses de leur île avec leurs hôtes espagnols. Guaracuya nous décrit les paysages, les croyances, la façon d'être des habitants de l'île, leur absolue non violence, leur harmonie avec la nature, le respect pour les Zémis et combien leur reine et une grande reine.
Très vite les regards de convoitises des espagnols sur les richesses de l'île et sur ses habitants ainsi que les rêves tourmentés de Guaracuya l'alertent mais Anacaona veut croire que cela n'est qu'imagination et sentiment de possessivité du garçon pour sa reine.
Les bateaux repartent. Anacoana semble avoir raison. Mais pour peu de temps…
Naufrage des bateaux sur un autre lieu de l'île, construction d'un fort, Navidad, massacre des premiers indigènes, des caribes, peuple de l'île plus velléitaire.
Lors du rite de passage de l'enfance à l'âge adulte, Guaracuya est assailli par des rêves prémonitoires.
Les espagnols reviennent et débutent l'asservissement du peuple des Tainos, la prise de possession des lieux et des richesses qui s'y trouvent et comme cela ne suffisait pas les conversions forcées.
Malgré l'attitude des espagnols, Anacoana veut croire que l'île retrouvera sa quiétude quand ils se seront lassés…

Un court roman historique intense sur un épisode connu mais décrit du côté des Tainos, abordé au début comme une sorte de fable avant la terrible réalité de la conquête espagnole. Naiveté, incompréhension, révolte tardive d'un côté ; convoitise, barbarie, traitrise de l'autre (presque tous les espagnols…), la maladie, extermination des natifs, venue d'esclaves noires.
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur. le choix de ce dernier de ne rien cacher de la réalité terrible du sort des Tainos, sous forme de courts textes, sans chercher de surenchère dans les descriptions, et en mêlant toute une dimension mystique m'a totalement embarquée dans l'histoire et l'Histoire.
Coup de coeur. A partir de 12 ans.

En choisissant ce livre, je m'attendais plutôt, vu sa taille, à quelque chose de facile à lire mais je me trompais complètement.
"La dernière reine d'Ayiti" parle du destin terrible des peuples des indiens sud-américains. Nous suivons Guaracuya, neveu d'Anacaona, sa reine. Un jour, des voiles blanches accostent sur leur plage. Et les personnes qui en sortent ne sont pas si douces que les Taïnos (indiens) ne le croyaient... C'est les troupes de Juracan, dieu maléfique des ouragans, chargées d'abattre sa colère sur leur tribu.
Ce livre m'a bien plu car il dénonce le traitement incorrect assez méconnu que les colonisateurs ont infligé aux habitants de l'Amérique du Sud par le passé. le style d'écriture me plaît et nous nous rendons compte au fil de la lecture du travail de documentation qu'a dû exécuter Elise Fontenaille. Elle s'est déplacée en personne sur les lieux de l'histoire !
Avant ce livre, je voyais Christophe Colomb comme un "gentil monsieur" mais croyez-moi, à la fin de ce livre, vous ressentirez une haine féroce envers ce colonisateur...

Ce court roman nous plonge au coeur d'un des grands drames de l'Histoire : la découverte du "Nouveau Monde" par Christophe Colomb en 1492, qui ouvre une longue ère de conquête sanglante .
L'originalité d'Élise de Fontenaille est de nous proposer un récit à la première personne qui permet de s'identifier à l'une des premières victimes de ce génocide : un proche de la dernière reine d'Ayiti, devenue depuis Haïti.
Il raconte avec beaucoup de sensibilité l'arrivée des Espagnols, la chaleur de l'accueil qui leur est réservé bientôt payée en retour par la brutalité, l'exploitation, l'extermination : comment les Européens, par cupidité et ignorance ont fait en quelques années d'un paradis un véritable enfer qui engloutira des peuples entiers avec leurs civilisations.

Comme souvent avec Elise Fontenaille, tout part d'un objet rapporté d'un voyage loin des circuits touristiques. Ici, une petite chouette aux ailes déployées fixée à un collier de corail noir qui la surveille le temps de l'écriture. Ce collier ramené d'un voyage en Ayiti en décembre 2013, lui inspire la narration du récit de Guaracuya.
Dans la lignée de "La cité-des-filles-choisies" ou de "Les trois soeurs et le dictateur", "La dernière reine d'Ayiti" transporte son lecteur hors du temps et des frontières. Basée sur des faits réels qui nous ramènent à notre conscience, l'histoire d'Anacaona nous montre le chemin de la résistance ouvert par une femme. Chaque mot, choisi avec soin, nous renvoie à la beauté du lieu malgré l'horreur des faits. Chaque phrase est travaillée de manière à rendre l'exacte sensation, la parfaite odeur, la pleine harmonie puis le la trahison, la peur et l'épouvante.
Un bon roman historique pour ado qui a le mérite de traiter d'une partie de l'Histoire oubliée...