AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tricape


J'ai découvert la série des "Tracts de crise" de Gallimard pendant le confinement de mars à mai 2020. La parole était alors donnée par la célèbre maison d'édition à différentes personnalités afin qu'elle s'expriment sur ce que leur inspirait la pandémie en cours. Parmi les auteurs de ces courts essais (alors mis en ligne gratuitement), se trouvent Erri de Luca, Sylvain Tesson, Bruno Lemaire, Pierre Assouline, Edgar Morin, Régis Debray, etc., mais la série comporte aussi des textes d'auteurs disparus tels que Simone Weil et Albert Camus.

Cette série continue d'être alimentée et est désormais mise en vente en librairie à prix modique (3,90 €).

le numéro de septembre 2020 (n°18) est signé de Philippe Forest qui, en tant que professeur d'université et citoyen s'interroge sur les conséquences de la généralisation du numérique sur l'avenir de l'Université. Il s'appuie pour cela sur la crainte de l'extension puis de la pérennisation de l'enseignement en "distanciel" et estime que les confinements successifs (bien que lors de la rédaction de son tract celui de novembre 2020 n'ait pas encore été annoncé) ne feront que renforcer la "dictature" du numérique.

Son pamphlet traite de la démocratisation de l'enseignement (démocratisation qu'il considère plutôt comme une "massification"), s'en prend au baccalauréat devenu simple formalité qui conduit à la "secondarisation" de l'enseignement supérieur, critique la mauvaise adaptation à l'évolution de notre monde du doctorat et de l'agrégation, regrette la "professionnalisation" de l'Université et le modèle managérial qui l'accompagne (ainsi que le chasse aux financements) et développe des considérations sur les examens à l'heure du numérique en dénonçant l'aggravation de la "générosité" avec laquelle les correcteurs opèrent, les ravages des QCM (questionnaires à choix multiples) et l'usage généralisé du "copié-collé". Il élargit son propos en s'interrogeant sur l'avenir de la propriété intellectuelle, sur celui de la culture et, au-delà, sur la liberté à l'heure du numérique.

Si ce brillant essai éclaire le débat, hélas il n'avance guère de solutions. le monde universitaire est à un moment de bascule, il est malade. La description des risques qu'il court prépare l'avènement d'une thérapie.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}