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Citations sur Manaus (12)

Quatre vieilles, quatre femmes aux corps effondrés, aux faciès fatigués, discutent sur le perron de l'épicerie locale. C'est le meilleur moment de la semaine ; on se raconte tout. On se dispute, on se chamaille et surtout on échange les derniers ragots. Même dans cette bourgade oubliée de cette province anémiée, il y a matière à raconter des saletés sur les uns comme sur les autres.
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Certains ont quitté l’Algérie sans rien, juste femme et gamins à leurs côtés ; d’autres reçurent des faux papiers et de l’argent des services français, de quoi se faire oublier loin du territoire national et se réinventer une vie. D’autres encore se sont regroupés par affinité, par attachement familial, par localité d’origine, et se sont entraidés pour traverser l’Atlantique.
La défaite est forcément douloureuse et chaotique, a fortiori si la terre vous ayant vu naître vous est confisquée.
Depuis peu, au plus haut niveau de l’État, flotte l’idée de rapatrier les combattants oranais et algérois, ainsi que les soldats déserteurs.
Il faudra les recaser, pour s’en servir. Les utiliser. Comparé au communisme, le FLN est un tout petit ennemi : l’État espère utiliser les fuyards de l’OAS afin qu’ils combattent le grand diable rouge aux côtés des gaullistes.
Il reste la question sans solution de ceux qui, refusant la défaite, n’accepteront jamais de rentrer en France.
La tournée du général de Gaulle en Amérique du Sud provoque une forte inquiétude au sein des services de renseignement et de sécurité du Président. Dans chaque pays visité, il existe des hommes et des femmes qui ont tout perdu en s’opposant à sa politique algérienne et qui entretiennent un esprit de revanche.
Les services ont listé les plus véhéments qui pourraient profiter de la venue du Général pour régler leurs comptes avec lui ; tous ceux à qui l’envoi de gendarmes ou militaires locaux ne suffit pas pour freiner les ardeurs vengeresses.
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Espérer, c'est ignorer comment agir. Obéir, c'est réagir. (79)
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[...] La tournée du général de Gaulle en Amérique du Sud provoque une forte inquiétude au sein des services de renseignement et de sécurité du Président. Dans chaque pays visité, il existe des hommes et des femmes qui ont tout perdu en s’opposant à sa politique algérienne et qui entretiennent un esprit de revanche.
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— L'argent sale va quitter le Paraguay pour être lessivé à Manaus. De Bolivie aussi, d'Argentine, du Panama. Sans aucune possibilité de traçabilité. Toute sorte d'argent va apparaître : l'argent nazi fructifiant depuis les années trente sur le continent, celui des néo-nazis, les fortunes de dictateurs en rupture d'État, et les milliards de la drogue vont inonder l'économie locale. Toutes sortes d'intérêts néfastes aux nôtres vont converger en ville.
— Je vous accompagne donc.
— Vous me rejoignez dans trois jours, je vous attendrai à la fin des vêpres dans le transept de la cathédrale métropolitaine de Notre-Dame-de-la-Conception. Je vous remettrai un dossier sur le nouvel argent arrivant à Manaus, dossier que vous apporterez à Paris.
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J’ai goût pour l’obéissance. La mienne, comme celles des autres. A chacun sa place ; se surestimer n’est pas un péché, c’est une faute impardonnable.
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L’extrême majorité des habitants de cette province est regroupée autour de la ville de Formosa, et c’est pour cette raison que Gerderault s’en est éloigné. Il s’est installé à 250 km de là, à l’autre extrémité de la zone cultivable, loin des centres urbains, de la curiosité des locaux, sur une terre qui n’existait pas avant que lui et ses amis la domestiquent.
Ce n’est pas une terre de calme et de repos que Gerderault cherchait, mais un trou pour se cacher, un endroit impossible à trouver puisqu’il n’existait pas avant qu’il s’y installe.
J’ai lu et appris par cœur la fiche le concernant. Lui, et d’autres qui lui ressemblent, se sont vus attribuer des terrains sans utilité. N’ayant pas le choix, ces hommes et leurs familles ont accepté ce qu’on leur proposait. Ils ont rasé ce bout de forêt, ils ont défriché cette terre, ils ont appris à la cultiver, puis ont tracé des routes pour relier leurs exploitations les unes aux autres ; ils ont inventé sur ce coin de pays inhospitalier une nouvelle vie tissant entre eux, Français condamnés par l’État, émigrés contre leur gré, une toile protectrice.
C’est un territoire sans village, sans bruit étranger, un pays de tous les dangers pour qui vient y régler les comptes. Mais aujourd’hui n’est pas différent d’hier, je ne compte que sur moi-même et je vais suivre les ordres qu’on m’a donnés. Simplement.
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J’ai goût pour l’obéissance.
La mienne, comme celle des autres.
À chacun sa place ; se surestimer n’est pas un péché, c’est une faute impardonnable. À tendre le cou vers le ciel, on se tord les pieds.
Les esprits libres, ceux méritant de l’être, je les compte sur les doigts d’une main brûlée. Les autres, nous autres, il vaut mieux qu’on la ferme ; les yeux baissés, accomplissons la tâche qui nous est attribuée.
Obéir rassure sur les raisons improbables justifiant notre existence.
Surtout, je parle là de ma propre expérience, obéir prévient de trahir.
Moi, j’obéis sans poser de questions. Pourquoi ? Parce que je suis un soldat.
L’obéissance est la vertu cardinale du militaire, le courage vient ensuite. Ceux qui faillissent à cette règle, en abandonnant la légalité, deviennent des déserteurs. Lors du putsch d’avril 61 contre de Gaulle, j’ai vu des hommes qui m’impressionnaient et que je respectais faire sécession. Des Saint-Cyriens, des légionnaires, des parachutistes, des types bien qui avaient survécu à l’Indochine et étaient revenus de Diên Biên Phu. Je les ai vus refuser les ordres, et en appeler à renverser le gouvernement pour que l’Algérie demeure française.
C’était il y a trois ans, une autre époque ; trois années, c’est une éternité.
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Le silence lui est pesant, il m'est apaisant. (47)
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Mes états d'âme, je les garde pour les plafonds de chambres d'hôtel où l'on m'installe en me jurant que demain je rentre au pays. (41)
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