Les morts passaient a autre chose. Les vivants restaient seuls avec leurs peurs et leurs doutes.
Les gens qui disent qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné n'ont jamais été seuls.
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Lisa, infiniment triste, observait la scène. Dans les romans, les héros prononçaient d'éminentes dernières paroles qui donnaient un sens à leur vie. Mais dans la réalité, la mort n'avait rien de romantique. Les gens cessaient de respirer, leur pompe cardiaque se désamorçait, leurs sphincters se vidaient, leur sang coagulait, ils se mettaient à pourrir, à puer et les vers les bouffaient.
"Je n'avais pas envie de mourir pour lui, c'est pour ça que je l'ai quitté. Il s'est marié avec une femme moins compliquée et ils sont très heureux."
"Tu veux que j'aille te décrocher la lune ? Donne moi le temps de prendre une échelle."
"Vous m'avez entendue Marie ? Je vous ai promis que vous alliez vous en sortir et je déteste mentir. Mais, il faut que vous m'aidiez, je ne peux rien toute seule."
"Elle fessait quoi votre Charlotte, dans la vie ?
-Elle fessait chier. J'ai pris tous les tords du divorce à ma charge. Je voulais être élégant et je n'ai réussi qu'à être con."
"Elle à l'aire bien. Triste, mais bien. Il faudrait la faire rire. Moi je peux pas, j'ai des poings au bout des bras.
(Pour appuyé ses dires, ils sortit ses mains crispées de ses poches.) C'est comme ça depuis que le principal est entré dans la classe, j'arrive pas à déplier mes doigts. C'est comme s'ils retenaient mes larmes."
"Les malades sont des inconnus, pas des amis. Nous autres, médecins, nous devons nous blinder pour garder nos distance, sinon c'est trop dur. Tu n'iras pas loin si tu ne prend pas plus de recule.
-Aller loin, c'est aller où ?"