Un livre qui nous permet de mieux cerner le sens de la démarche de Krishnamurti
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Je tiens à déclarer expressément que je ne suis pas un disciple de Krishnamurti. Cette affirmation n'est pas destinée à donner le change à mes lecteurs, à masquer par des dénégations extérieures une soumission intime. Je n'espère pas non plus m'attirer, par cette déclaration, la faveur de Krishnamurti, s'il a conservé toujours vive, en son for intérieur et non pas seulement dans ses discours publics, sa conviction première qu'il nous faut être les disciples de la vérité, et non de qui que ce soit, fût-ce de lui-même. C'est seulement en ce qui concerne cette conviction que je pourrais être son disciple... en ne l'étant pas.
Vous dites : " Si nous doutons de tout, il ne nous restera plus rien." Tant mieux! Quelle est l'importance des choses auxquelles vous vous accrochez si le doute peut les détruire ? De quelle valeur sont vos traditions et tout ce que vous avez accumulé, si la tempête du doute peut les balayer ? Tout cela sera semblable à une construction faite sur le sable : lorsqu'arrivent les vagues puissantes, elle est complètement détruite. En évitant la vie, en la craignant, vous vous abritez dans les choses agonisantes, et la souffrance se trouve dans cet abri. Mais en appelant le doute et la souffrance dans la plénitude de votre coeur, vous créerez ce qui sera éternel et portera l'estampille du bonheur... C'est pourquoi je voudrais pousser chaque être qui cherche la vérité à attirer à lui les tempêtes du monde et à détruire ainsi la faiblesse de son esprit et de son coeur...L'homme qui n'appelle jamais le doute ne pénétrera pas dans les espaces libres où se trouve la certitude de la connaissance et la liberté...
" Il nous faut tout mettre en doute afin que du paroxysme du doute naisse la certitude. Ce n'est pas lorsque vous vous sentez fatigués ou malheureux qu'il faut douter : n'importe qui peut faire cela. C'est dans les moments d'extase que vous devez douter, car vous découvrez alors si ce qui demeure est vrai ou faux.
Ce propos de Krishnamurti, selon lequel un moi totalement heureux est une impossibilité psychologique, nous donne, négativement en quelque sorte, une indication majeure sur la nature originelle du moi.
Si un moi totalement heureux est une impossibilité, c'est en effet, pour la raison profonde que le moi est né de l'insatisfaction et ne cesse de s'en nourrir. S'il en était « privé », il s'éteindrait à brève échéance, et cela explique l'ambiguïté foncière de sa nature: il ne peut pas vraiment vouloir ce bonheur total et permanent qu'il feint de rechercher sans cesse, qu'il croit être l'essentielle passion de sa vie, mais dans lequel il se dissoudrait irrévocablement. Il a, du reste, comme une prescience de ce péril, qui se traduit par cette sorte d'effroi qu'il éprouve à l'approche d'un « trop grand bonheur ».
Dès le moment que l’on suit quelqu’un on cesse de suivre la Vérité.
La seule façon d’atteindre la Vérité est de devenir, sans aucun médiateur, le disciple de la Vérité elle-même.
Je veux donc délivrer l’homme, et qu’il se réjouisse comme un oiseau dans le ciel clair, sans fardeau, indépendant, extatique au milieu de cette liberté.