AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 217 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On découvre dans ce livre jusqu'où on peut aller au nom de l'antiracisme, de l'intolérance avec beaucoup d'exemples à la clé :

Par exemple, cette mère de famille qui se retrouve agonie d'injure pour avoir organiser un anniversaire japonisant pour sa fille ! inutile de préciser que les copines avaient adoré porter des kimonos et se maquiller en geishas !

L'auteure qualifie l'appropriation culturelle de nouveau blasphème. Il est devenu intolérable qu'une femme blanche aborde dans une BD le racisme contre les Noirs ou Madona dans son clip « like a prayer » se déhanchant façon Gospel ou encore que la chanteuse blanche, Katy Perry, ose se présenter au public, coiffée de tresses africaines, et qui a dû s'excuser …

La chanteuse s'est presque flagellée en direct pour avoir osé porter des tresse malgré ses « privilèges de femme blanche »

Camilla Jordana s'est vue attaquée car elle arborait des dreadlocks à la soirée de Césars, mais elle, elle a refusé de s'excuser.

Caroline Fourest explique la différence entre appropriation intellectuelle et appropriation culturelle, on n'est plus dans le pillage des oeuvres au temps de la colonisation.

En gros, on arrive à cette idée : seul un Noir peut comprendre le racisme ou encore, seul un Noir peut interpréter au théâtre au cinéma un Noir, un Blanc, un Blanc, une lesbienne, le rôle d'une lesbienne, idem si on est transgenre ou tant d'autres possibilités ce qui laisse pantois. On va vite être à cours d'idée au cinéma ou dans les conférences comme cela se passe déjà aux USA ou au Canada où les professeurs sont obligés de se censurer et risquent leur poste à tout moment.

On vit dans une époque où règne la victimisation : au lieu d'agir, on préfère se sentir offensé pour tout et n'importe quoi au lieu de chercher à trouver des solutions. On est loin de l'esprit de mai 68, de l'art de la discussion, du débat d'idées, on condamne et à l'heure des réseaux sociaux et clic décérébré et intempestif, faire le buzz est tellement plus simple que réfléchir par soi-même.

Je voudrais en profiter pour rappeler cette citation apocryphe De Voltaire :

Je ne suis avec ce que vous dîtes, mais je me battrais jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.

J'ai beaucoup aimé cet essai, car Caroline Fourest a fourni un travail important, étayé, elle fournit des preuves pour chaque sujet abordé. J'avais peur de me sentir un peu dépassée en le lisant en période de confinement mais il se lit très bien et son argumentation me plaît. J'ai toujours beaucoup de mal à rédiger une chronique sur un essai, je compte sur votre indulgence!

Heureusement, on n'en est pas encore là en France mais depuis Charly Hebdo, on flippe un peu quand même et on sent que cela va nous tomber sur la tête très prochainement. J'aurais pu dire encore beaucoup de choses sur ce livre foisonnant d'idées et de réflexions mais ne divulgâchons pas, comme disent nos amis canadiens. le titre est excellent et le sous-titre l'est tout autant.

Je suis Caroline Fourest depuis pas mal de temps, lorsqu'elle est invitée aux débats (28 minutes par exemple sur ARTE) et au départ elle me hérissait un peu car je la trouvais trop catégorique, mais ses mises en garde contre l'extrême droite et ses dangers, la montée des populismes, sa lutte courageuse vis-à-vis de Tarik Ramadan m'a permis de l'apprécier davantage et je vous invite vivement à lire cet essai.

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont fait confiance en me confiant cette lecture.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          6311
C'est avec grand intérêt que j'ai entamé cette lecture, le sujet m'intéressant tout particulièrement.

Caroline Fourest a eu l'idée de cet essai à la suite d'un incident qui lui est arrivé. Elle voulait éditer une BD sur l'histoire de Clodette Colvin, première Noire américaine à avoir refusé de laisser sa place dans son bus, bien avant Rosa Parks. Cette BD est inspirée d'une biographie écrite par Tania de Montaigne, et les dessins sont réalisés par Emilie Plateau. L'acheteuse (blanche) de la filiale américaine de l'éditeur américain a appelé pour dire qu'il était impossible de titrer le livre « Noire » dans sa version anglaise car… la dessinatrice était blanche ! Selon une idée qui se répand, on ne peut écrire sur un sujet que si on est concerné à titre personnel.

L'auteure — et militante — nous dresse un constat marquant et parfois effrayant de la pensée et du militantisme aux États-Unis, qui peu à peu prend pied en France. J'avais entendu parler de certains de ces événements, mais ici nous découvrons la genèse d'une idéologie qui partait d'un bon sentiment et qui finit par détruire le débat d'idées ; ainsi qu'un système qui devient cohérent dans sa volonté de s'imposer par l'intimidation et le refus de débattre, voire dans la tentation de la censure.

Une pensée inquisitrice, particulièrement active sur les réseaux sociaux et dans les campus américains, qui est devenue très intolérante et n'a de cesse de faire plier ses « ennemis », même quand ceux-ci devraient être ses alliés naturels. Avec elle, vous avez forcément tort. Vous êtes essentialisé selon votre sexe, votre couleur de peau, votre culture d'origine, votre religion supposée… dans une concurrence entre celui qui sera le plus dominé et le plus victime des dominants. On ne comprend pas quelle société veulent construire ces gens-là.

Né d'une Histoire américaine très différente de la nôtre, ce mouvement favorise le « moi je », efface toute possibilité de se confronter à l'altérité, et ne voit aucun problème à ne pas venir à des cours de littérature obligatoires sous prétexte de « micro-agressions » dans les livres écrits avant leur naissance. D'ailleurs, l'auteure s'amuse à noter que bien souvent, ces harceleurs d'un nouveau genre ont une culture assez limitée sur les sujets qu'ils prétendent défendre, et qu'ils ont une vision très simpliste du monde. Pour des étudiants en supérieur ou des intellectuels, c'est assez déprimant. Mais ils réussissent à faire virer des professeurs, parce que les responsables ont abandonné ou sont eux-mêmes acquis à ces thèses.

Un point m'a particulièrement effrayé : Kate Parry fut violemment attaquée pour avoir publié une photo avec des tresses fines, qui sont proches de la tradition ukrainienne. Mais les militants antiracistes américains la traînent dans la boue en l'accusant de s'être approprié les tresses africaines ( !). Devant le scandale, sa maison de musique l'oblige à un acte de contrition publique, chaperonnée par un activiste de Black Lives Matter, où elle promet de « s'éduquer ». S'éduquer. Cela m'a fait penser aux systèmes totalitaires du XXe siècle où les « ennemis » du peuple étaient envoyés en rééducation. Ces exemples d'excuses d'artistes intimidés sont maintenant devenus légion.

Dérives de l'antiracisme, appropriation culturelle, meute sur les réseaux sociaux et dans la vie réelle… J'ai beaucoup apprécié lire ce court essai, qui nous offre un récapitulatif de ce qui pourrit la vie intellectuelle, artistique et universitaire aux USA, et qui est déjà chez nous.

J'apporterais cependant une nuance : Caroline Fourest parle de « la Génération Offensée », et il est vrai que l'on constate en France la même tentation totalitaire — il faut dire le mot — dans certaines facultés et sur une partie des réseaux sociaux. Pourtant, il existe — encore — une jeunesse qui sait nuancer, qui reste plus pragmatique et qui sait débattre avec des personnes ayant une opinion différente. Mais elle est moins visible. Espérons que cette jeunesse-là saura ne pas se laisser emporter.

Je remercie NetGalley et les éditions Grasset pour l'envoi de ce livre.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          373
Les émotions de lecture de Cécile
J'ai vu à peu près simultanément le post sur le Collectif Polar : Chronique de Nuit parlant de ce hashtag pour les lectures au féminin du mois de mars et un article chez un de mes contacts FB sur le nouveau livre de Caroline Fourest.
Je suis autant interpellée que l'auteure par la victimisation à outrance, par le retour de la sacralisation de la religion et des excès de l'appropriation culturelle qui met dans le même bain une réalisatrice blanche qui fait un film sur des émeutes dans un quartier noir, des célébrités qui se font des tresses et les dangereux racistes.
Je suis assez admirative aussi de ses différents combats contre l'extrême droite, l'islamisme malgré les menaces et les intimidations.
Pour toutes ces raisons, Génération Offensée a été mon premier choix pour #marsaufeminin.
Qu'est-ce que j'y ai appris ? Que je suis une universaliste, je crois fermement à tous les combats pour l'égalité des droits et des devoirs de chaque être humain avec un droit à l'indifférence quant à ses choix. Et je crois également fermement au métissage et aux combats menés de front commun.
C'est un essai percutant, documentée sur l'évolution de l'anti-racisme, du féminsime, de la lutte homophobe et de la capacité des plus jeunes générations dans les milieux universitaires à être confrontées à des idées contraires. Cette tendance tend d'ailleurs à contaminer tous les pans de la société quand on voit l'impossibilité d'avoir un débat argumenté ou d'exposer sainement une idée qui ne convient pas à certains hurleurs. Caroline Fourest se sert de son propre parcours et de sa parfaite connaissance académique du sujet pour étayer son essai.
Certes, c'est une minorité bruyante mais ils font le jeu des conservateurs de tout poil sans parler des racistes, misogynes, homophobes trop contents de voir ce genre de combats inutiles entre progressistes. À lire pour comprendre, pour rester vigilants et pour combattre. Merci à Caroline Fourest de mettre une nouvelle fois en lumière et en essai une tendance préoccupante de nos sociétés. À rester silencieux, nous risquons de perdre le plus grand pouvoir de l'humanité, de comprendre l'autre, de l'accepter et d'avancer.
Lien : https://collectifpolar.com/2..
Commenter  J’apprécie          120
Je remercie mon libraire de m'avoir conseillé ce livre.Les librairies indépendants ont un rôle important à jouer dans le nos démocraties.
Grâce à leurs précieux conseilles il nous font voir la société autrement.
Caroline Fourest, comme beaucoup je s'avais qui elle était de loin.
Ce livre est synthèse très juste de la société ou l'on vit.
Elle me fait peur car je trouve que les réactions de certains sont contreproductive de lutte plus importantes comme celles des classes, de l'écologie, du recul confiances des peuples concernant leurs dirigents.
La monté de l'extrême droite dans de nombreux pays devraient encourager à arrêter les guerres d'égo des grands parties.
On voit que la censure gagne du terrain dans tout les lieux de la démocratie.

Afin d'avoir la paix, on accepte des actes qui des années auparavant aurait fait l'objet de sanction.
La peur est présente partout.
On voit comme il facile de faire taire des victimes et que d'autres ce considère victime mais le sont t elles vraiment?
La contradiction dans certains lieux est pratiquement banir et la violence et la démission sont les réponses pour faire taire ce qui ose penser différemment.
Il faut jamais que c'est la différence qui nous nourrir et pas l'entresoie .
Merci à l'autrice pour ce travaille car il est important pour nos démocratie et notre liberté de dire.



Commenter  J’apprécie          100
Cet essai de Caroline Fourest m'a passionnée.
Longtemps avec son allure de première de classe qui a toujours raison et le revendique avec force sur les plateaux télé elle m'agaçait. J'étais donc assez dubitative en commençant la lecture de Génération offensée. Une fois passées les parties en jargon de spécialiste, nombreuses au début de cet essai, j'ai été bousculée par son propos. Les très nombreux exemples développés par Caroline Fourest en matière d'appropriation culturelle, de victimisation et de dérive de l'antiracisme m'ont sidérée. La plupart viennent des USA mais des faits similaires apparaissent chez nous.
Cet essai a le grand mérite de faire réfléchir. La revitalisation de mouvements identitaires inquiète alors que l'on aurait pu croire que la mondialisation et l'éducation allaient aplanir les différences. Mais c'est certainement une vue de petit blanc!
J'aimerais bien lire une controverse à ces thèses dans lesquelles je pense qu'il y a beaucoup de vrai.
Intéressant à mettre en parallèle avec l'actualité de ces derniers jours, la mort de George Floyd et les émeutes aux USA.
#Générationoffensée #NetGalleyFrance
Lien : https://ffloladilettante.wor..
Commenter  J’apprécie          50
Ça fait du bien de retrouver sa famille de pensée au travers de ce petit volume qui se lit très rapidement. Oui, on peut toujours se penser de gauche tout en refusant la surenchère victimaire en cours actuellement. Non, on n'a pas complètement perdu le fil, il y a encore des gens qui raccordent l'anti-racisme à l'universalisme. Mais pour combien de temps ?
Commenter  J’apprécie          50
Très intéressant et rempli d'exemples interpellants. A conseiller à tous ceux qui sont intéressés par les thématiques de liberté d'expression, discrimination, racisme, antiracisme, polarisation gauche / droite et le "politiquement correct". Très actuel et facile à lire!
Commenter  J’apprécie          10
"Si la liberté de parler s'arrête chaque fois qu'un groupe ou une personne s'offusque, alors le débat, la simple conversation, la démocratie elle-même, ne peut qu'étouffer. le progrès n'est pas question d'apprendre à se taire, mais d'apprendre à mieux se parler." P.152

"Choisir le chemin de l'identité ne mène jamais à l'égalité, mais à la revanche." P.155

Parce que la confrontation des idées, des cultures permet de construire, d'évoluer, de s'adapter.
Parce que débattre c'est accepter l'altérité.
Parce que le repli sur soi n'est qu'un protectionnisme voué à l'échec .
Parce que "le politiquement correct" extrémiste errige en règle une nouvelle censure idéologique, alors je me revendique universaliste, à l'image de Caroline Fourest !

Caroline Fourest signe ici un essai très instructif, riche d'exemples puisés essentiellement aux États Unis certes et sonne l'alarme : le phénomène se répand dans nos universités...
Commenter  J’apprécie          00
Livre nécessaire et excellent, qui permet de mieux comprendre le monde à travers une analyse claire et poussée, empreinte d'une solide culture générale dont Caroline Fourest dévoile les pans livre par livre. Ce livre est à lire absolument, notamment par les étudiants en science politique et sociologie.
Commenter  J’apprécie          00
Excellent livre, avec la clarté de Caroline Fourest pour dénoncer les dérives d'une partie de la gauche radicale qui devient une gauche identitaire, sous prétexte de lutte contre les discriminations. Cette gauche identitaire est en train de s'imposer face à une gauche républicaine et universaliste. L'analyse est sans appel, Caroline Fourest reste une boussole pour tous les universalistes.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (446) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}