Je sais pourquoi Augustin ne sera jamais heureux. Il ne se contente pas de ce qu’il a… Les petits bonheurs de tous les jours, il n’en veut pas. Il lui faut le grand bonheur. Il n’a pas encore compris que le grand bonheur, c’est justement fait avec tous les petits bonheurs mis bout à bout.
On ne se moque bien que de ce qu'on aime.
"Comme je m'appelle Fournier, on me demande quelquefois si ce n'est pas moi qui ai écrit Le Grand Meaulnes. Je suis bien obligé de répondre non, et chaque fois je sens que je déçois. Pour cette raison j'ai décidé d'écrire Le Petit Meaulnes. Maintenant, je peux répondre : « Je n'ai peut-être pas écrit Le Grand Meaulnes, mais j'ai écrit Le Petit Meaulnes. »
Vendredi 24 mars 1913
Quand Augustin regarde le ciel, on dit qu'il contemple l'infini.
Moi, quand je regarde le ciel, on dit que je compte les mouches.
Dimanche 2 juillet 1912
Augustin a dit :
"Plus tard je serai illustre."
Il a ajouté :
"Toi aussi, Antoine, tu seras illustre.
Tu seras un illustre inconnu
Lundi 12 avril 1907
Aujourd'hui Augustin a sept ans.
Il a pas réussi à souffler toutes les bougies, il n'en a éteint que cinq. C'est moi qui ai soufflé les deux dernières.
Après le gâteau, notre mère a parlé de la naissance d'Augustin. L'accouchement a été particulièrement difficile, la sage-femme a mis plus de trois heures à le sortir. Sa tête était trop grosse.
J'ai failli dire : "Déjà." Je ne l'ai pas dit, je ne voulais pas être puni, surtout qu'il restait encore du gâteau.
Augustin m'a traité de crotte fumante. Je l'ai traité de chicon mou.
Lundi 23 avril 1916
Les longues soirées d'hiver sont longues. Surtout l'hiver.