Mediator, un crime chimiquement pur

Tout d'abord, je loue le courage et l'obstination très courageuse d'Irène Frachon face aux nombreux obstacles. Cette BD est très bien construite, très détaillée mais ne perd jamais le lecteur et raconte le scandale du Médiator en lien avec celui de l'Isoméride dix ans plus tôt. Elle permet à tout public de connaître les dessous de ce scandale car le propos est clair et bien mené. A lire absolument.

Voici une bd à lire impérativement, c'est une question de santé publique ! On comprend enfin tous les enjeux de l'affaire Mediator, retracée par Irène Frachon et un journaliste d'investigation au scénario. Je n'avais pas tout mesuré, loin de là, comme dans de nombreuses affaires très médiatisées où l'on est vite noyé(e)s sous le flot d'informations. Ce livre aborde tous les aspects : la création de ce médicament et les scandales liés à Servier qui l'ont précédée, les premiers cas qui ont alerté des médecins, le combat d'Irène Frachon, les mécanismes économiques et politiques dans le monde pharmaceutique et de la santé publique, le rôle de la presse et le procès. Bref, c'est extrêmement documenté, complet et bien sûr un peu dense. Heureusement, Hippocrate himself intervient régulièrement pour faire un petit point explicatif ou un bref résumé qui permet de s'assurer que l'on suit toujours. Grâce à cette astuce, on sort plus informé(e), plus averti(e) et pas abruti(e) à cause de cette masse de données. Seul regret sur cette BD : les graphismes qui ne sont pas du tout à mon goût, avec un côté rétro qui manque de dynamisme. Cette lecture m'a emplie d'admiration pour les médecins qui ont alerté, Irène Frachon en tête, les journalistes qui ont suivi, et bien sûr les victimes et leurs familles. En fin de BD, Hippocrate livre 3 conclusions très pertinentes de cette affaire : le corps des femmes est un enjeu commercial (et donc une source de danger pour leur santé), les conflits d'intérêt entre médecins et labos nuisent aux patients (et nourrissent la défiance et les croyances complotistes), et il faut en finir avec l'impunité des crimes en col blanc ("un labo qui vend des amphétamines maquillées en médicaments à des millions de personnes prend moins cher [au pénal] qu'un dealer de cannabis.") .

Cette BD-document retrace le cheminement d'Irène Frachon, ses découvertes, ses alertes, ses déceptions et ses combats contre le Médiator ce médicament, dérivé des amphétamines, initialement prescrit aux diabétiques et qui est devenu un coupe-faim miracle, aux effets secondaires désastreux.

J'ai aimé l'histoire de l'isoméride, un autre médicament au destin similaire au médiator, j'ai adoré retrouver au fil des pages le personnage du savant, un Hippocrate venant apporter une vulgarisation bienvenue à des termes parfois très techniques.

Les démarches de la pneumologue sont par ailleurs entrecoupées d'exemples, de drames personnels, qui illustrent avec clarté les conséquences néfastes de cette prise médicamenteuse qui, n'hésitons pas à le dire, a tué et tue encore.

Cette BD est très dense en informations. On croise beaucoup de personnes, de noms, de dates et de détails. J'ai eu besoin de lire cette histoire par étapes. J'avoue avoir parfois ressenti des longueurs et espéré que certains passages soient plus synthétiques et d'autres plus neutres.

On perçoit de manière marquée la colère, l'agacement et la volonté coûte que coûte de combattre, tel le diable en personne, le Docteur Servier (décédé en avril 2014), tout comme le drame qui entoure, voire endeuille, les victimes de ce médicament.

Un travail de vulgarisation utile, une BD intéressante qui permet de contextualiser le procès en appel de cette affaire qui débute le 9 janvier 2023 (Servier a été reconnu coupable en première instance de « tromperie aggravée » et « d'homicide involontaire »).

Se battre contre l'industrie pharmaceutique, les laboratoires Servier, les lourdeurs administratives et politiques, pendant des années, sans baisser les bras, pour parvenir à faire éclater le scandale du Médiator, je dis Bravo.

Comme tout le monde j'imagine, je connaissais le scandale du Médiator, un médicament antidiabétique qui a entraîné un mésusage en France en étant trop prescrit avec des indications limites (perte de poids notamment), sans s'appuyer sur des faits scientifiques. Mais grâce à ce roman graphique j'ai découvert en détail l'enquête d'Irène Frachon, la lanceuse d'alerte, quelle femme ! quel courage !

J'ai trouvé cet ouvrage merveilleux. Alors oui, il y a déjà une méfiance des patients envers les médicaments, et ce genre de scandale entache encore plus la relation des patients envers le monde pharmaceutique, mais à raison je pense. Chaque médicament qui a un effet bénéfique, aura également un effet indésirable plus ou moins grave, concepts parfois oublié (coucou Raoult).
Alors oui, il y a une méfiance des citoyens envers les politiques, et ce genre de scandale et e roman entache encore plus la relation des citoyens envers leurs élus, mais à raison je pense.
Politiciens et directeurs de firmes pharmaceutiques mettent en avant leur profit et leurs intérêts alors qu'on leur parle de santé, c'est désastreux, terrible, mais c'est ainsi. Et grâce à ce genre de roman très pédagogique, j'espère que certains ouvriront les yeux.
Dans le même genre je vous conseille l'opus : Combien coûtent nos vies ? de Pauline Londeix.

Si je devais faire une petite remarque néanmoins, c'est que certains contenus peuvent être un peu lourds de compréhension pour des lecteurs hors du monde médical ou de la chimie.
Et si on veut tout de même finir sur une touche optimiste pour ne pas vous sabrer le moral, sachez que le plus gros coefficient dans les études de médecine est celui de Lecture Critique d'Article, qui nous enseigne comment ne pas croire tout ce qu'on lit, même si l'article vient d'une revue très prestigieuse, cela nous permet d'étoffer notre esprit critique et de remettre beaucoup de choses en question.
De plus, désormais les liens entre firmes pharmaceutiques et médecins sont consultables par tous sur le site transparence.gouv.
Et enfin, même si la plupart des revues médicales sont malheureusement en partie rémunérés par les firmes pharmaceutiques (ce qui apporte bon nombre de biais), il existe une revue neutre et sans conflit d'intérêt, Prescrire, qui doit être la bête noire des firmes pharmaceutiques !

Quel enfer de lire un document pareil ! Parce que plus qu'une BD c'est une véritable enquête historique sur ce drame et ce scandale qu'a été (et est toujours) le médiator. Je ressens une immense colère. Elle n'est pas apparu avec ce livre, elle n'est qu'alimenté chaque jour un peu plus. C'est une colère contre les dirigeants de ce monde, contre les riches capitalistes, contre ces psychopathes indifférent au sort de l'humanité, des gens en général, tant que ça fait leur profit. Je boue de rage en songeant à tous ceux qui se sont laissé graisser la patte en échange de leur silence ou de leur désintérêt. Et je songe à Servier, cette raclure comme il y en a des dizaines, ces hommes à qui on laisse tout passer, pire même, qu'on louange, comme si certaines qualité pouvaient effacer ce simple fait : c'est un meurtrier de masse. J'ai une pensée pour les victimes et leur famille. J'encourage à aller signer la pétition pour qu'on lui retire la légion d'honneur, pétition qu'on retrouve très facilement sur internet en tapant les mots clés : "médiator, servier, légion d'honneur"

Je vais faire simple : j'ai adoré cette lecture. J'en avais entendu parlé il y a quelques mois sur France Inter, lors d'un passage d'Irène Frachon dans l'émission "C'est encore nous", dont je ne loupe pas un épisode, et j'avais un petit peu oublié son existence, jusqu'à ce que je tombe dessus sur une étagère de ma médiathèque.

Irène Frachon, donc, est pneumologue à Brest, après un passage à l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (les vrais savent), et lorsqu'elle découvre des effets indésirables (c'est peu dire) du médicament Médiator, elle repense à l'affaire de l'Isoméride et décide de mener l'enquête.

Tout m'a plu dans cette bande dessinée, le fond, évidement, c'est un brillant hommage au combat acharné mené par Irène Frachon, les victimes du Médiator, leurs familles, et les quelques alliés, trop peu nombreux face à l'adversité, pour le bien et l'intérêt de tous. L'enquête est minutieusement expliquée et vulgarisée en moins de 200 pages, c'est très clair, alors que le fond est tout de même assez complexe. Certains passages un peu plus humoristique, notamment avec les interventions d'Hippocrate, permettent de respirer le temps de quelques cases. Les dessins m'ont également beaucoup plu.

J'ai été parfois horrifié, énervé face à toutes celles et ceux qui n'ont rien fait, les pouvoirs publics, les médecins, les laboratoires, la justice, et souvent ému, en pensant aux victimes mais également à tous ceux qui se sont battus, et qui continuent de se battre.

J'en profite pour mettre le lien de la pétition pour retirer à Jacques Servier la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur : https://www.change.org/p/pour-retirer-%C3%A0-jacques-servier-la-dignit%C3%A9-de-grand-croix-de-la-l%C3%A9gion-d-honneur

Quelle bande dessinée absolument incroyable !
Un travail tant sur la forme que sur le fond qui retrace les inquiétudes de deux personnes sur l'Isoméride : Eric Giacometti, un journaliste qui a parlé de l'affaire (mais qu'on a fait assez vite taire) et Irène Frachon, la pneumologue lanceuse d'alerte qui a lancé le ras de marée de l'affaire Mediator.
On pourrait se dire que l'histoire est bien ficelée et incroyable si elle n'était que fictionnelle. Malheureusement, personne n'ignore que cette bande dessinée retrace des faits réels et implique des gens qui ont réellement agit comme c'est indiqué. Mettre la vie de millions de gens en danger pour s'enrichir et faire de la mort des autres un commerce... Un scandale qui a éclaté à force de ténacité et d'intérêt pour les autres, mais un scandale qui aurait pu être évité si les personnes responsables et les personnes dont le métier étaient de vérifier les inquiétudes avaient agis plus tôt et n'avaient pas tiré de "hautes" ficelles pour cacher leurs méfaits.

Un ouvrage à mettre en toutes les mains : même s'il est dense, il est absolument nécessaire pour bien comprendre "l'affaire Médiator".

Explication claire et pédagogique du scandale du Mediator - conduit comme un thriller avec vues subjectives des différents acteurs et victimes.
Les explications techniques et médicales sont particulièrement bien faites.
C'est évidemment à charge contre le laboratoire Servier et l'irresponsabilité des services de l'Etat mais le nombre de victimes justifie l'indignation.
Juste passionnant !

Une BD d'utilité publique sur les méfaits connus d'un médicament qui a largement été prescrit à une population qui n'en était pas la cible initialement.

Des premières alertes isolées au procès médiatique contre le labo Servier, on nous expose ici tous les faits chronologiques et les conséquences. Ce documentaire graphique montre le courage des lanceurs d'alerte du milieu médical, des victimes qui ont osé témoigner et faire face à la machine implacable de la défense juridique du laboratoire.

Un vrai travail à été fait autour de cet ouvrage pour vulgariser le sujet.

L'affaire du Mediator c'est lointain et à la fois si proche, on s'en souvient par bribes. Depuis son retrait en 2009 (et sa commercialisation en 1976), ce médicament coupe-faim passé pour un antidiabetique continue de faire souffrir voire de faire mourir des personnes.

Cette bande dessinée nous plonge dans  ce scandale sanitaire, mais pas que. Elle apporte de la lumière sur la puissance des lobbies pharmaceutiques, sur l'intransigeance du profit aux dépens de la santé, et surtout lève un peu plus le voile sur les rouages politiques quant à la commercialisation d'un médicament.

C'est un album très dense, beaucoup d'informations nous sont communiquées c'est pourquoi il s'étudit, se réfléchit. On se prend à faire des parallèles avec ce qui se passe aujourd'hui.

On y trouve le long chemin parcouru par la pneumologue Irène Frachon pour faire entendre la dangerosité et la morbidité qu'entraîne le Mediator, faux jumeau de l'Isomeride, lui même déjà interdit en 1997. Un personnage clé qui s'est battu contre vents et marées  contre les menaces du puissant laboratoire Servier, contre l'impopularité, contre ses pairs, pour faire éclater la vérité et rendre justice à toutes les victimes.

Au niveau de la construction de la BD les parties sont bien conçues, progressivement on saisit les tenants et les aboutissants des combats menés par une poignée de personnes tout en assimilant la structure du Mediator et par extension les multiples utilisations de sa principale molécule : la norfenfluramine, dérivé de l'amphétamine. le choix du personnage d'Hippocrate est judicieux, en tant que narrateur il renforce l'importance de sa doctrine. Les dessins sont efficaces sans que ce soit explosif.

C'est une lecture indispensable, qui apprend à se poser les bonnes questions, à rechercher l'information et pas seulement à l'accueillir comme elle vient.