Ce tome comprend les épisodes 20 à 24 de la série ; il fait suite à World's Most Wanted Book 2 qu'il faut avoir lu avant.
Tony Stark effectue des sortes de fouilles dans un endroit désertique, en présence de son père et de sa mère. Il creuse le sol avec ses mains pour y trouver des dents. Mais des monstruosités technologiques surgissent et atomisent les 3 humains. La séquence se répète et Tony trouve également des clémentines enfouies à coté des dents.
Dans une chambre d'hôpital à Broxton, Maria Hill, Pepper Potts, James Barnes, Don Blake et Natasha Romanova assistent à la projection d'une vidéo enregistrée par Stark avant de se lancer dans sa phase d'autodestruction. La question est de savoir s'il convient de suivre ses instructions pour le ramener à une vie moins végétative. Enfin, Norman Osborn a pris la décision de laisser Stark dans sa condition dégénérée, c'est la fin de la chasse à l'homme. Sauf que Whitney Frost (Madame Masque) a d'autres idées.
Un tiers du récit est consacré à l'aventure intérieure de Tony Stark (un peu comme Mark Guggenheim avait décrit l'âme errante de Logan n'arrivant plus à réintégrer son corps après une blessure plus grave que d'habitude dans The Death of Wolverine, avec le même superhéros venu pour aider). Matt Fraction met en scène les freins psychologiques qui empêchent Tony Stark de rebooter son esprit. le lecteur échappe à une soupe new-age insipide, Fraction préférant continuer à filer la métaphore technologique. Il faut dire que Stark est dans une position inédite : il lui manque une partie de ses souvenirs et son cerveau obéit à des règles plus informatiques que biologiques. Stark doit donc déchiffrer les messages que lui envoie son inconscient. Cette partie est bien traitée, sans tomber dans des clichés psychologiques au rabais. La mise en scène de cette partie introspective sait conserver l'attention du lecteur grâce à un mélange d'éléments concrets tels que le sable, les roches et les vêtements, et d'éléments oniriques tels que l'atmosphère chaude et orangée (évoquant le désert d'Afghanistan), ou les robots chasseurs qui s'apparentent visuellement à la technologie d'Iron Man.
Le reste du récit met en scène les proches de Tony Stark, le médecin qui assiste Don Blake et Madame Masque qui téléguide le criminel qu'elle a dépêché à Broxton pour assassiner Stark. La question n'est évidemment pas de savoir si ses proches vont accepter de suivre ses indications, ou s'ils vont réussir à le sauver, mais bien d'appréhender l'impact de son retour sur eux. Maria Hill et Virginia "Pepper" Potts se rendent compte que Stark est toujours un tombeur de ces dames. Pepper s'interroge sur le prix à payer pour son retour. Les docteurs s'interrogent sur leur réussite (avec une page irrésistible où tous sont penchés au dessus de son corps, juste après l'intervention, et Maria Hill demande s'ils l'ont tué). La force d'écriture de Matt Fraction implique le lecteur qui ressent une forte empathie pour ces amis qui essayent de sauver l'un des leurs, malgré les conséquences de ses imperfections. Il est facile également de ressentir la réticence des uns et des autres à obéir aveuglément à Stark qui a laissé des instructions parce qu'il a toujours un coup d'avance, même une fois le cerveau effacé. Il est impossible de ne pas ressentir de la curiosité quand les docteurs commencent à évoquer les transformations physiques dues à Extremis. Alors que l'action est au minimum, que les superhéros présents n'utilisent pas leurs pouvoirs, les relations entre les uns et les autres et les implications du retour de Stark dégagent une chaleur humaine réconfortante.
À nouveau les illustrations sont assurées par
Salvador Larroca, complétées par la mise en couleurs de Frank d'Armata. La deuxième séquence (l'enregistrement laissé par Tony Stark) met en évidence les limites de leur collaboration : cases photocopiées régulièrement, couleurs très désagréables (pendant 4 pages), heureusement que le monologue concocté par Fraction tient la route. La suite revient au niveau remarquable des épisodes précédents. La mise en page reste très sage avec des cases exclusivement rectangulaires, et une moyenne de 5 cases par page avec une forte prépondérance de cases de la largeur de la page. Larroca évite toujours d'utiliser l'encrage pour porter les ombres, laissant ce travail à d'Armata. La mise en couleurs est toujours aussi inventive et maîtrisée avec des effets spéciaux utilisés à bon escient. Il y a par exemple une scène de 3 pages dans laquelle Madame Masque donne ses instructions au criminel dans un appartement avec une baie vitrée offrant une vue splendide sur les gratte-ciels. D'Armata a intégré des photographies en fond pour figurer cette vue en travaillant les couleurs pour créer une continuité parfaite avec la partie dessinée par Larroca. Les nombreuses scènes de dialogue sont vraiment mises en scène, de telle sorte que je n'ai jamais eu l'impression de voir défiler une suite de têtes coupées de tout avec seulement un phylactère chacune. Il y a chaque fois un mouvement de caméra, ou une alternance de points de vue qui donne du rythme aux dialogues et qui souligne le flux des échanges. Ils ont choisi de rendre de manière assez flamboyante (ça en met plein la vue) la séance de spiritisme ; après tout ça donne plus de consistance à l'expression de ce type de pouvoirs. Donc les illustrations de ce tome sont dans la continuité des précédentes avec une mise en évidence des talents de metteur en scène de Larroca.
Avec ce tome, Matt Fraction ramène Tony Stark à un état opérationnel et avec un fort capital sympathie, sans pour autant faire abstraction de ses décisions discutables pendant Civil War. Tony Stark reprend petit à petit du service dans le tome suivant, Stark Resilient Book 1 (épisodes 25 à 28).