Avec ce tome, Matt Fraction succède officiellement à
Ed Brubaker en tant que scénariste de la série Uncanny X-Men (UXM) dont ce tome regroupe les épisodes 504 à 507 et le numéro "annual" 2 de 2009. Ce tome fait suite à Uncanny X-Men: Manifest Destiny.
Les 4 épisodes (504 à 507) sont illustrés par Terry et
Rachel Dodson et c'est un régal. Non seulement ils ont eu le temps nécessaire pour fignoler leurs illustrations (à part 2 ou 3 pages), mais en plus Matt Fraction a soigné son scénario pour leur offrir des séquences dans lesquelles ils excellent. Les rétines se régalent ainsi d'une scène dans le psychisme d'Emma pendant laquelle elle apparaît dans une grande variété de tenue et de coiffures. À un autre moment, elle est affublée d'une superbe robe de danseuse de charleston des années 1930. Lorsqu'Emma pénètre la première fois dans le monde psychique de Scott, elle est amenée à croiser chaque membre féminin des X-Men pour lequel son inconscient a du réprimer ses pulsions.
Mais les qualités d'illustrateurs des époux
Dodson ne se limitent pas à mettre en valeur la silhouette féminine dans des toilettes sophistiquées. le récit fait une grande place à Colossus et ça faisait longtemps que je n'avais pas vu sa peau métallique autant briller et ce métal aussi indestructible. Les séquences d'action sont également très réussies et la manifestation des pouvoirs de chaque mutant donne lieu à un feu d'artifice visuel enchanteur. Ainsi la manifestation des talents de Madison Jeffries (manipulation des machines) est rendue visuelle de manière très inventive. Enfin, les
Dodson ont un style tout en rondeur qui flatte vraiment l'oeil.
Terry Dodson a composé des planches aux angles de vue variés mettent en valeur aussi bien les scènes de discussion que les scènes d'action. Et l'encrage de
Rachel Dodson est une leçon d'intelligence entre le recours à des tracés de contours plus ou moins épais pour appuyer les profondeurs, l'application d'à-plats de noir pour rendre la texture des matières et la délicatesse des traits pour les visages.
Les X-Men se sont donc installés dans la banlieue de San Francisco, avec l'accord de la maire de la ville. Rapidement, leur base d'opérations devient le lieu de refuge pour beaucoup de mutants ayant conservé leur pouvoir après House of M, et même pour ceux qui l'ont perdu. Cyclops est bien déterminé à faire de ce regroupement de mutants une véritable armée capable de résister à ceux qui souhaitent l'extinction de cette race. Colossus traverse une phase de déprime (le contrecoup de la disparition de Kitty) et Scott lui conseille d'aller se promener en ville pour se changer les idées et remettre de l'ordre dans ses priorités. Les mutants étant ce qu'ils sont, Colossus croise le chemin d'un autre mutant russe qui avait fait chanter son père autrefois en Russie.
De son coté, Scott Summers a fort à faire entre organiser la base des mutants et jouer à cache-cache avec sa femme quant à ce qui s'est passé lors du tome précédent. En parallèle, Hank McCoy et Warren Worthington se lancent dans le recrutement de cerveaux pour contrecarrer le destin d'espèce en voie de disparition des mutants. Et Emma est amenée à utiliser sa forme diamant pour aider Colossus. Pour la deuxième fois, Matt Fraction décide de faire de l'équipe des X-Men des gens qui vont de l'avant pour construire leur avenir, plutôt que de subir attaque après attaque. En ce qui me concerne, j'aime beaucoup ce changement de dynamique qui permet à nos héros de sortir d'un destin de victimes pour lutter afin d'améliorer leur sort. En outre Fraction a recours à des bulles accolées à chaque personnage rappelant son identité et une de ses caractéristiques. Ce dispositif énerve peut être les lecteurs les plus anciens, mais il a le mérite de rendre la lecture beaucoup plus accessible aux néophytes.
Ce tome se termine avec l'annual 2 paru en 2009. le scénario est également de Matt Fraction. Emma a rendez-vous avec Namor. le récit se déroule à 2 époques différentes. Dans le présent, Emma magouille pour s'attirer les bonnes grâces de Namor, afin qu'il assure sa protection à la colonie des mutants. Dans le passé, Emma est manipulée par Sebastian Shaw afin d'enrôler Namor dans le Hellfire Club. N'étant pas très fan des séquences instaurant de la continuité rétro-active, j'ai moins apprécié cette histoire. Les séquences contemporaines sont illustrées par
Mitch Breitweiser dans un style qui rappelle un peu celui de
Mike Perkins (je ne suis pas un grand fan, mais les mises en pages sont très claires). Les séquences du passé sont peintes par Daniel Acuña qui a lui aussi disposé du temps nécessaire pour faire un travail magnifique. Il a choisi d'arrondir un peu son style pour se rapprocher de celui des
Dodson. Et sa mise en couleurs est une fois de plus une merveille d'inventivité et de nuances.