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Citations sur Les naufragés de l'île Tromelin (30)

Oui, il faut qu'ils soient là, les esprits, à rôder, à chercher à s'emparer des âmes des vivants, car voici qu'en plus de la lettre qu'il lui demande de leur traduire, Castellan est saisi d'une nouvelle inspiration : il lui demande aussi de jurer aux Noirs, dans leur langue, qu'il ne les abandonnera pas. De leur faire le serment que lui, le capitaine blanc, reviendra les chercher.
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Mais sa fougue et sa sincérité allèrent à l'essentiel, ce que Castellan et ses compagnons avaient appris de l'île : Noirs et Blancs sont frères. Et l'esclavage est un crime.
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Le 4 février précédent (1794), par décret de la Convention, l'esclavage avait été aboli.
"Tous les hommes sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français, et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution."
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naviguer, c'est obéir. Au capitaine, mais d'abord à la mer. Ne jamais croire qu'on va pouvoir passer en force, ne jamais parier, l'océan se venge.
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Trente-sept jours-il les avait comptés-qu'il avait compris ce qui se tramait, avec la construction de la prame. Trente-sept jours que, tout comme les Blancs, il avait saisi qu'elle serait trop petite pour embarquer tout le monde, trente-sept jours qu'il ne disait rien, lui d'ordinaire si bavard, lorsqu'il visitait le camp des Noirs ou allait et venait avec ses frères de race de la plage au chantier, et du puits à sa tente. Sous le ciel troué d'étoiles comme sous le dard du soleil, il restait englué dans son secret. Et se triturait indéfiniment les méninges pour trouver le moyen de s'en sortir. Trente-sept interminables journées, par conséquent, à voir naître, du concert des mains noires et blanches, le bateau de son espoir. Qui ne serait jamais celui des siens.
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Puis l'île ressuscitera comme toujours. Blindée dans sa vieille cuirasse. Les sables, comme d'habitude, seront jonchés de cadavres d'oiseaux, les veloutiers arrachés jusqu'à la racine, les bernard-l'hermite noyés, mais elle renaîtra. Fidèle à ce qu'elle a toujours été, féroce, ultra dure. Dans un an ou dans dix, peu importe. Ici, le temps n'a pas de jointure, tout se confond, l'instant avec le siècle, l'heure et le millénaire, la fin du monde et son premier matin. Coquillages vides, oeufs brisés, nids de tortues, sillages de crabes, ossements blanchis, envols de plumes, griffes d'oiseaux imprimées sur une vaguelette de sable : l'histoire de l'île se résume à des traces. Éphémère dessin de la vie qui va et vient. Et reva et revient, sans trop savoir ce qu'elle cherche, sinon à se reproduire. Avant, une fois de plus, de se reperdre. Dans la mer, le plus souvent. Qui n'arrête jamais, elle non plus. Qui continue de battre, de casser, fracasser, s'acharner. Mais l'île tient toujours. Sans même savoir qu'elle tient. Univers plus qu'inhumain : étranger à l'humain. Monde sans date. Île sans nom.
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Donc ce soir, au lieu de venir le tourmenter, la nuit délivre Lafargue de son idée fixe : la terreur de voir sa cargaison s'abîmer. Et quand il dit "cargaison", il ne pense jamais aux sacs de riz, aux barils de boeuf salé, aux volailles et moutons vivants qu'il a fait entasser entre les matelas des matelots dans le capharnaüms de l'entrepont. Ceux-là, qu'il a achetés au nom de la Compagnie pour le ravitaillement de l'île de France et qui ne lui rapporteront rien, il s'en fiche éperdument. La cargaison, depuis Madagascar, c'est exclusivement le trésor qu'il a marchandé là-bas et qu'il a ordonné de dissimuler dans la cale : cent soixante hommes, femmes et enfants négociés derrière la palissade vermoulue du comptoir de traite de Foulpointe. L'équivalent de trente -cinq ans de salaire, rien que pour ce qu'il a investi.
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À deux encablures de l'île, l'abîme commence. Et les grandes houles, les courants sans fin. Il faut vraiment jouer de malchance pour se retrouver sur ce bloc de corail cerné par les déferlantes. Ou n'avoir peur de rien.
Pour pouvoir en repartir, il faudra aussi compter sur l'inconscience. A moins de chercher son salut dans l'énergie du désespoir. Nul ne s'est jamais installé ici. L'île est sans mémoire. Seuls les ouragans laissent leur trace dans les sables. Le reste va vite se perdre dans le vent, le tonnerre des lames qui, sans relâche, harcèlent les récifs. Nuit et jour, la mer bat. Elle flanche rarement. Même lorsqu'il fait beau. Quand elle consent à se calmer, c'est presque toujours dans les heures qui précèdent un cyclone. Ensuite, elle se déchaîne comme jamais, jette à l'assaut de l'île des vagues géantes qui l'engloutissent aux neuf dixièmes. Elle ne reflue qu'une fois l'ouragan passé. Pour recommencer comme avant. Même pouls méchant, têtu, même lames qui frappent, fracassent et brisent, déferlent et redéferlent, frappent encore, roulent et cassent, broient, éparpillent, émiettent, s'acharnent contre cette minuscule plaque de corail perdue au cœur de l'océan.
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Mêlant instinctivement sa voix à celle des Noirs comme dix minutes plus tôt lorsque ensemble, ils ont mélangé leurs sueurs et leurs odeurs pour maintenir une planche ou soulever une poutre sans réfléchir une seconde à la condition de l'autre, sa naissance, sa couleur de peau.
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... ils viennent de lui démontrer qu'ils sont nés, comme lui, du sexe d'un homme et du ventre d'une femme. Et qu'ils se trouvent par conséquent, exactement comme lui enfermés dans l'humaine condition.
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