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Citations sur Les naufragés de l'île Tromelin (30)

...ce sont des filles et des garçons intelligents, même si le naufrage les as sonnés, comme tout le monde ; ils n'auraient pas pu sinon construire ce bateau comme ils l'ont fait, ils viennent de lui démontrer qu'ils sont nés, comme lui, du sexe d'un homme et du ventre d'une femme. Et qu'ils se trouvent par conséquent, exactement comme lui- et plus étroitement encore que dans l'île-, enfermés dans l'humaine condition.
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Personne n'a prévenu les Noirs de la distribution d'eau. On n'est pas allé les chercher, on les a laissés où ils étaient partis, au bout de la plage. ça s'est fait tout seul, on les a oubliés le plus spontanément du monde, on s'en est tenu à la dernière image qu'on avait d'eux...
Mais le remords est pervers, il sait prendre son temps. Un jour ou l'autre, la mauvaise conscience perd pied dans les brouillards qu'elle a elle-même créés.
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Castellan exactement comme les Noirs -et même quand la fatalité semblait à deux doigts d'avoir sa peau-, a toujours choisi le parti de l'espoir. Espérance éclairée, dans son cas, par l'esprit des Lumières : être au cœur de l'action, et simultanément, quoi qu'il arrive, apporter sa pierre au monument du savoir universel.
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Mais sa fougue et sa sincérité allèrent à l'essentiel ,ce que Castellan et ses compagnons avaient appris de l'île:Noirs et Blancs sont frères.Et l'esclavage est un crime.
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L’événement d'aujourd'hui, ç'a a été l'arrivée de Joseph, l'interprète celui que la Tisserande appelle le « Noir des Blancs ». Il a déboulé dans le camp avec une merveilleuse nouvelle. Coup de chance, Semaviou venait d'arriver, le monde était aussi net que s'il sortait d'une source. Et c'est maintenant à se demander si la petite n'a pas, en plus du reste, le pouvoir de donner forme aux rêves des gens : ce matin, elle a presque réussi à faire pousser des voiles et des mâts à cette île de malheur. Joseph est venu annoncer que le Blanc-aux-Yeux-Couleur-de-Pluie va construire un bateau.
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Donc ce soir, au lieu de venir le tourmenter, la nuit délivre Lafargue de son idée fixe : la terreur de voir sa cargaison s'abîmer. Et quand il dit "cargaison", il ne pense jamais aux sacs de riz, aux barils de boeuf salé, aux volailles et moutons vivants qu'il a fait entasser entre les matelas des matelots dans le capharnaüms de l'entrepont. Ceux-là, qu'il a achetés au nom de la Compagnie pour le ravitaillement de l'île de France et qui ne lui rapporteront rien, il s'en fiche éperdument. La cargaison, depuis Madagascar, c'est exclusivement le trésor qu'il a marchandé là-bas et qu'il a ordonné de dissimuler dans la cale : cent soixante hommes, femmes et enfants négociés derrière la palissade vermoulue du comptoir de traite de Foulpointe. L'équivalent de trente -cinq ans de salaire, rien que pour ce qu'il a investi.
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Oui, il faut qu'ils soient là, les esprits, à rôder, à chercher à s'emparer des âmes des vivants, car voici qu'en plus de la lettre qu'il lui demande de leur traduire, Castellan est saisi d'une nouvelle inspiration : il lui demande aussi de jurer aux Noirs, dans leur langue, qu'il ne les abandonnera pas. De leur faire le serment que lui, le capitaine blanc, reviendra les chercher.
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Trente-sept jours-il les avait comptés-qu'il avait compris ce qui se tramait, avec la construction de la prame. Trente-sept jours que, tout comme les Blancs, il avait saisi qu'elle serait trop petite pour embarquer tout le monde, trente-sept jours qu'il ne disait rien, lui d'ordinaire si bavard, lorsqu'il visitait le camp des Noirs ou allait et venait avec ses frères de race de la plage au chantier, et du puits à sa tente. Sous le ciel troué d'étoiles comme sous le dard du soleil, il restait englué dans son secret. Et se triturait indéfiniment les méninges pour trouver le moyen de s'en sortir. Trente-sept interminables journées, par conséquent, à voir naître, du concert des mains noires et blanches, le bateau de son espoir. Qui ne serait jamais celui des siens.
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Le choc du naufrage, malgré tout, continue de troubler les esprits : lors de cette première nuit sur l'ile, personne ne dors. Il faut dire que le vent ne cesse de forcir. Bientôt il mugit. De grotte en grotte la rumeur finit par se répandre que l'ile flottante, tout comme l'Utile, est à deux doigts de sombrer. Les syncopes reprennent aussitôt, entrecoupées de longs moments de vertiges, ou de moments qui ressemblent à la conscience mais où chacun se retrouve au cœur de la catastrophe, à l'instant où il s'est vu mourir.
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Puis l'île ressuscitera comme toujours. Blindée dans sa vieille cuirasse. Les sables, comme d'habitude, seront jonchés de cadavres d'oiseaux, les veloutiers arrachés jusqu'à la racine, les bernard-l'hermite noyés, mais elle renaîtra. Fidèle à ce qu'elle a toujours été, féroce, ultra dure. Dans un an ou dans dix, peu importe. Ici, le temps n'a pas de jointure, tout se confond, l'instant avec le siècle, l'heure et le millénaire, la fin du monde et son premier matin. Coquillages vides, oeufs brisés, nids de tortues, sillages de crabes, ossements blanchis, envols de plumes, griffes d'oiseaux imprimées sur une vaguelette de sable : l'histoire de l'île se résume à des traces. Éphémère dessin de la vie qui va et vient. Et reva et revient, sans trop savoir ce qu'elle cherche, sinon à se reproduire. Avant, une fois de plus, de se reperdre. Dans la mer, le plus souvent. Qui n'arrête jamais, elle non plus. Qui continue de battre, de casser, fracasser, s'acharner. Mais l'île tient toujours. Sans même savoir qu'elle tient. Univers plus qu'inhumain : étranger à l'humain. Monde sans date. Île sans nom.
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