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Le lecteur sait, puisque sa mésaventure est fameuse, ce qui mena Crainquebille au tribunal.
Et, jamais la Littérature ne pourra oublier la triste silhouette du marchand des quatre-saisons, qui est à jamais devenue la figure de l'injustice.
Aux dires d'Anatole France, "un livre est une oeuvre de sorcellerie d'où s'échappent toutes sortes d'images qui troublent les esprits et changent les coeurs".
En mars 1903, Crainquebille fit irruption sur la scène du théâtre de la Renaissance sous les traits de Lucien Guitry.
Il faut, pour saisir de la pièce toute l'ironie et la tristesse, l'avoir lue dans le 14ème numéro de "L'Illustration Théâtrale" du 19 août 1905.
Les illustrations, et les critiques d'époque, y sont éclairantes.
Pour autant, "Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables" est un réel plaisir de lecture.
On y retrouve toute l'humanité narquoise et la révolte bienveillante, toute la finesse de la plume d'Anatole France.
Le livre reprend seize de ses nouvelles et extraits d'autres livres.
Il est à lire attentivement.
La délicatesse du mot y cache un profond et subvsersif humanisme.
Anatole France n'est pas un homme de principes.
Selon lui, "dès qu'on remue un principe, on trouve quelque chose dessous, et l'on s'aperçoit que ce n'était pas un principe".
Mais, sa plume, maniée d'une main légère et subtile, s'est emparée du mensonge et de l'hypocrisie.
Gaston Sorbets n'a-t-il pas écrit de lui qu'il avait "arrêté la sève et doucement condamné à mort l'arbre d'injustice qu'il avait seulement l'air de regarder".
Car, le fond du propos, même s'il semble plaisant, est sans appel.
Il tient la "pitié du riche pour le pauvre comme injurieuse".
Pourquoi la pitié et non pas la justice ?
L'aumône est faite pour ne pas restituer.
Et, le puissant est en compte avec le plus humble.
L'oeuvre d'Anatole France exhorte à régler ce compte.
En cela, elle est puissante, attentive, morale, édifiante, et finalement intemporelle ...
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Sur quelques récits profitables (au lecteur, bien sûr) mais dont on ne sait trop ce qui les a rassemblés.

Je renouvelle mon plaisir à découvrir ce vieil Anatole, sa langue vieillotte, ses interrogations datées, son combat pour que la séparation de l'Eglise et de l'Etat soit effective. Pourquoi est-il toujours si intéressant? D'abord j'aime sa langue vieillotte, ensuite il est trop fort dans sa critique de la société qui ne réfléchit plus, applique les lois sans les comprendre, et les préceptes religieux par simple habitude. Cette attitude est sans doute encore instructive aujourd'hui, même s'il faut l'appliquer à d'autres objets.

Faisant la suite de mes lectures précédentes : ça devait être assez désagréable d'être calotin de son temps : son ironie anticléricale mordante devait être pénible tellement elle était pleine d'intelligence. Pourtant une des nouvelles montre que l'auteur aurait volontiers cru à un dieu miséricordieux et au clergé qui suivrait son exemple. "Les pensées de Riquet" montrent aussi comment un chien peut construire sa propre religion, et Anatole laisse le lecteur généraliser.

Surtout dans la première nouvelle : "Crainquebille" (ou comment le préjugé d'un policier va détruire un homme, trop prêt à respecter toutes les autorités établies), son humanisme hugolien fait mouche, souvent dans un éclat de rire.
La deuxième nouvelle : "Putois" illustre de façon simple et plaisante, dans un cadre familial, la question du préjugé social.
Des portraits de famille et des textes proches De Maupassant ou de Mérimée sont moins convaincants.

Plusieurs textes discutent l'origine de la Loi : la question religieuse est plus présente que chez Rousseau et manifestement dans cette société elle est encore très agitée. Mais les textes les plus marquants de ce recueil ont pour sujet la liberté du juge quant à l'interprétation de cette Loi, et finalement l'intérêt de la société à une interprétation rigoureuse ou plus humaine.
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Un pot-pourri d'histoires, toutes très bien écrites (j'aime beaucoup sa façon d'écrire), dans lesquelles il dénonce l'injustice, le misérabilisme de la pauvreté et la fatuité des bourgeois.
Les personnages sont criants de vérité même s' ils ne sont que purement imaginaires.
Un auteur à redécouvir!
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Que dire sur ce pot-pourri hétéroclite ? Il s'agit de 16 petites nouvelles étalées sur environ 160 pages. Ce que j'aime dans ce genre de recueil, c'est qu'on ne sait pas à quoi s'attendre comme avec un sac à surprise. Les histoires sont variées et on trouve quelques originalités. L'un des thèmes qui revient souvent est la justice et son imperfectibilité. L'auteur critique parfois assez durement les représentants de l'establishment, et c'est un vrai plaisir. 2 ou 3 histoires sont vaguement fantastiques, mais elles ne m'ont pas vraiment impressionné. Les deux nouvelles que j'ai préférées sont ''Crainquebille'' et ''Putois''. le ton d'Anatole France et les divers traits d'esprit que j'ai aperçus me donnent envie de m'attaquer à ses oeuvres plus majeures.


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Misérabilisme et absurdités de la race humaine par un des plus grands conteurs de son siècle.
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Crainquebille : un marchand des quatre saisons injustement arrêté par la police. Récit en plusieurs chapitres de ses tribulations malheureuses qui peuvent se résumer en « comment changer un innocent en coupable ».

Putois : jolie histoire sur la force de la rumeur publique qui est la force de l'invention.

Riquet et les pensées de Riquet : le monde vu à hauteur de chien. Décalage philosophique rafraîchissant.

La cravate : facétie enfantine.

Les grandes manoeuvres à Montil : elles m'ont rappelé les manoeuvres montrées dans le film de Bunuel « le charme discret de la bourgeoisie » avec la même ironie.

Émile : l'histoire d'un militariste honnête, victime collatérale de l'affaire Dreyfus.

Adrienne Buquet : une tragique histoire de fantôme qui termine en vaudeville.

La pierre gravée : un peu de surnaturel à la Maupassant ou à la Mérimée. Sans doute un exercice à la mode en son temps. Vous y apprendrez ce qu'est une intaille, un cippe et des abraxas.

La signora Chiara : excellente revanche d'un mari trompé en deux pages. Ou les avantages d'être dentiste.

Les juges intègres : « la loi est-elle divine ou humaine ? » se demandent deux juges. « Le cheval est-il fait pour souffrir ? » se demandent leurs montures. Comme avec Riquet, le passage par l'animal questionne ce que divin veut dire. Quelles sont les intentions du cheval céleste ?

Le Christ de l'océan : courte et belle histoire de miracle qui s'achève par « je suis véritablement le Dieu des pauvres et des malheureux ».

Jean Marteau : deux parties. 1/ La description d'un rêve. 2/ Des considérations sur la loi et la justice qui s'achèvent par quelques attendus prêtés par Anatole France à un juge qui n'avait pas l'esprit juridique et ne respectait point assez la propriété. À méditer.

Monsieur Thomas : comment un juge d'instruction se garantit de toute erreur judiciaire, soit la preuve par l'absurde.

Vol domestique : incursion dans une prison pour femmes. le directeur : « plus je vis, plus je m'aperçois qu'il n'y a pas de coupables et qu'il n'y a que des malheureux ».

Edmée ou la charité bien placée : quand un écrivain décide de suivre la ligne éditoriale du journal au grand dam de son propriétaire.
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C'est un recueil de nouvelles qui traitent de l'injustice, de la pauvreté, du mépris des riches envers les pauvres durant l'époque d'Anatole France. Certaines nouvelles font penser à des choses qui, malheureusement, existent toujours de nos jours...

Pour parler un peu plus du livre, j'ai aimé la façon d'écrire de l'auteur. Une autre manière d'écrire qu'aujourd'hui, avec des tournures de phrases, des expressions propres aux XIX ème et début du XX ème siècles.

C'est un livre court mais qui mérite que l'on s'y attarde !
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