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Citations sur Le vol de la Joconde (31)

Au bas de la Butte, le père Soulié les arrête. Bio rapide : ancien lutteur devenu brocanteur, spécialiste en literie et vieux matelas, reconverti dans les oeuvres d'art, d'un meilleur rapport. Il expose directement sur le trottoir des peintres qui ne valent pas grand-chose : Renoir, Lautrec, Dufy.
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- Quand tu crèves de chaud ou de froid, de faim ou de soif, t'as intérêt à croire en toi. T'as intérêt à penser que t'es le meilleur. T'as intérêt à dire moi je, puisque les autres ne te regardent même pas.
Picasso soupire.
- Tu peux vivre, toi, sans qu'on te voie ?
- Non, sans qu'on me remarque, oui. Sans qu'on me voie, non.
- Pour être vu, il faut être remarquable.
- Soyons le, répond Apollinaire
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- Vous connaissez la Joconde ?
- Il y a bien une Madame Joconde à côté de chez moi. Je crois qu elle tient une pharmacie, ou quelque chose du même genre.
- Je ne parle pas d elle. Je parle de celle du Louvre.
- Ah ! La Jo-con-de !
- Du Lou-vre, oui !
- Bien sûr que je la connais ! Une brune aux cheveux un peu longs qui vous regarde comme si vous aviez un secret en vous ?
- Voilà !
- Que lui est-il arrivé ?
- On l a enlevé ... Elle n est plus au Louvre.
- Elle est peut être partie faire un tour ! Vous savez, à force de rester sans bouger comme ça depuis quatre siècles...
- Elle est allée au toilettes, c est ça ?!
- C est bien possible !
- Vous vous fichez de moi ?
- Pas du tout, Monsieur le juge, répondrait Picasso avant de s enferrer davantage. Vous savez, moi, des filles comme la Joconde, j en peins tous les jours ! Et je peux vous dire qu elles doivent souvent aller aux toilettes ! Elles ont de toutes petites vessies, et à force de ne pas bouger, ça les fait, gonfler, gonfler, et si elle n y vont pas, elles explosent ! C est le risque !
- Vous divaguez ...
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- Jarry souffre d un double drame, explique Apollinaire à Picasso. Tu n en connais qu un : l herbe sainte.
- C est quoi, l herbe sainte ?
- L absinthe.
- Et l autre drame ?
- Il n est pas l auteur d Ubu Roi.
- Merdre ! S écrie à son tour Picasso, interloqué. Je ne te crois pas !
Il n est pas le seul. Mais Guillaume a raison : Alfred Jarry n est pas l auteur de cette oeuvre qui l a pourtant consacré. Quand, à seize ans, Jarry est arrivé à Rennes, la pièce était déjà écrite. Elle avait été créée par des élèves qui se moquaient à travers elle d un de leur professeur. Jarry s est contenté de lui donner son titre, de nommer le personnage principal et, très probablement, d ajouter quelques scènes. Scénario facile à imaginer, difficile à porter, surtout quand le prête-nom d une telle oeuvre est par ailleurs l auteur de livres remarquables dont l histoire littéraire a à peine retenu les titres.
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Les enfants et les petits-enfants de Picasso interdisent que soit reproduit le geste du peintre. Cent fois, j ai visionné le film de Henri-Georges Clouzot, Le Mystère Picasso. J y cherchais une matière à décrire, une façon d incarner l artiste face à la toile. Le film date de 1956. Picasso a alors soixante-quinze ans. (...)
De cet oeil noir, fascinant, fascinateur, il observe la toile qui l attend. (...) Il attaque la toile au feutre, ses mouvements sont rapides, en quelques secondes il dessine le visage d une femme surmonté d une colombe tenant dans son bec un brin d olivier. Ensuite c est un génie à l oeuvre. Il trace ses esquisses avec une précision telle qu il pourrait s arrêter là, le dessin, à ce stade, étant déjà achevé. Mais non il poursuit, comble à l encre, démultiplie le trait, le transforme en autre chose. A 32s c est un poisson, à 33s une tête de poule apparaît, trente secondes plus tard le poisson est dans le ventre de la poule, puis il disparaît. Picasso, alors, prépare ses encres, et, à 37s40 émerge une tête de chat qui efface tous les dessins antérieurs. La métamorphose est prodigieuse. La question que je me pose en regardant cette transformation, c est si Picasso l avait anticipée ou si elle lui est apparue au cours de son travail. Et me revient à l esprit une réponse que m avait fait Soulages alors que je lui demandais (...) quelle différence existe, selon lui, entre l artiste et l artisan. A quoi il m avait répondu : « l artiste et l artisan savent où ils vont, mais l artiste ne connaît pas le chemin. »
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- Une place pour chaque chose et chaque chose a sa place !
S emparant de la montre d Apollinaire, il poursuit sur le même ton :
- Pour ne pas être en retard, Monsieur Apollinaire doit avoir un gilet, une boutonnière pour accrocher la chaîne, une chaîne pour retenir la montre, un gousset pour y glisser la montre, et la montre pour lire l heure !
- Tu auras bientôt la même, marmonne Guillaume.
- Pas besoin ! Je lis l heure au soleil ! Toi, tu dépends des jours, moi de l éternité.
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Apollinaire émet une idée aussitôt saisie au vol par son camarade : allez chez sa maman, au Vesinet.
(...) De ce qu il est quand maman est présente : un petit garçon. Elle le mène à la baguette, avec la même énergie que celle qu elle déploie pour fouetter ses chiens. Au point qu on se demande si elle a jamais compris son fils, tout à la fois savant, érotomane, égrillard, amical, sensible, maniaque, cavaleur. Son oeuvre est aussi diverse que lui-même : poésies, calligrammes, textes érotiques, critiques, romans, dont beaucoup sont à clé.
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Le plus grand scandale artistique du XIXème siècle, en tout cas le plus mémorable, c est la claque et la contre-claque qui s affrontèrent le 25 février 1830 sur la scène de la Comédie-Française où Victor Hugo faisait jouer Hernani. Il faut lire le rapport dès censeurs, qui après délibération, donnèrent leur accord pour que la pièce fut jouée. Non pas parce qu ils la jugeaient dépourvues d insolences ou conforme aux règles du théâtre classique mais, tout au contraire - je les cite -, parce qu il est bon que le public voie jusqu à quel point d égarement peut aller l esprit humain affranchi de toute règle et de toute bienséance.
Or, quand on relit cette pièce aujourd?hui, ou d autres semblablement rejetées, elles nous paraissent si sages et si raisonnables que les seuls à railler sont les censeurs et les critiques.
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Matisse et Picasso, c est le jour et la nuit. L un a une allure de notaire de province, bésicles, cravate, gilet, barbe bien taillée, la main froide et bien élevée. L autre, celui des années 1907 plutôt que 1911, la mèche en bataille, bleu de chauffe et espadrilles, un petit foulard rouge logé dans l échancrure de la chemise. Pôle Nord et Pôle Sud, comme ils s appelleront l un l autre - sans qu on sache lequel des deux eut l idée géniale de cette appellation hémisphérique.
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- Inspirer, expirer, fait Picasso en inspirant avant d expirer. Toi qui es familier des mots, débrouille-moi ce sortilège : quand j inspire, je vis ; quand j expire, je meurs.
Il mime un peintre expirant à Montmartre au début du siècle dernier.
- Est-ce que ça veut dire que le souffle de l inspiration expire sur la toile inspirée ?
Picasso réfléchit. Apollinaire a mis de la distance entre eux : dix pas.
- Oui, c est exactement ça : je tue le souffle de mon inspiration en la traduisant sur la toile. Quand c est peint, l inspiration est morte. Il m en faut une nouvelle. L art est une respiration : inspiration/expiration. Toute oeuvre achevée est une petite mort.
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