Citations sur Les Aventuriers de l'art moderne, tome 3 : Minuit (31)
Une heure après la démarche britannique, M. Coulondre, ambassadeur français en poste à Berlin, fait arrêter sa voiture devant le ministère des Affaires étrangères. Ribbentrop le reçoit. L’envoyé de la France présente l’ultimatum de son gouvernement. C’est le même que celui de Londres. Le ministre communique aussitôt sa réponse : l’Allemagne n’évacuera pas la Pologne.
La Seconde Guerre mondiale vient de commencer.
Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.
Robert Desnos
Le peuple français ne s'incline pas (…) Nous proclamons notre administration pour les victimes de la terreur organisée en France par Hitler et son valet, le gouvernement de Pétain.
Le Nouvel Alphabet français réjouit les littérateurs - et les autres - qui le reçoivent:
La Nation A.B.C.
La gloire F.A.C.
Les places fortes O.Q.P.
Les provinces C.D.
Le peuple E.B.T.
Les lois L.U.D.
La justice H.T.
La liberté F.M.R.
Le prix des denrées L.V.
La ruine H.V.
La honte V.Q.
Mais l'espoir R.S.T.
La pénurie de papier contraignit les éditeurs à diminuer le nombre de titres publiés et à en réduire le tirage. Situation paradoxale : alors que le marché du livre était florissant, que la demande des libraires n'avait jamais été aussi forte (on lut beaucoup pendant la guerre), les éditeurs ne pouvaient faire face.
Le surréalisme est né sur les fanges d'un bourbier que la plupart refusent de piétiner encore.
Un mot qui court: Pétain nous prêche le retour à la terre.
A 85 ans, il pourrait bien donner l'exemple.
Jean Galtier - Boissière
Au Vernet, les coups étaient un événement quotidien;
à Dachau, ils duraient jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Au Vernet, les gens étaient tués par manque de soins médicaux;
à Dachau, ils étaient tués volontairement …
Arthur Koestler "La lie de la société"
Les anciens des Brigades internationales, désormais misérables, malades, battus, maudissent Staline, qui leur a fermé les portes de la vie en même temps que ses frontières, les abandonnant à la misère et à l'humiliation. Ils maudissent le gouvernement français qui, après avoir trahi le "Frente popular", se conduit avec ses derniers survivants comme un bourreau parmi d'autres. Et qui fera pire encore, quelques semaines plus tard, lorsqu'il ouvrira les portes des caps aux chiens nazis venus y chasser leurs proies.
Picasso est arrivé. Dix paires d'yeux le fixaient, puis l'oeuvre, puis lui-même. Il a observé longuement la toile. Il n'a posé aucune question. il n'a même pas demandé à la vendeuse à quel prix elle espérait la lui céder. Il l'a écoutée lorsqu'elle a dit :"Cette oeuvre n'est pas un faux : c'est le directeur du Prado qui me l'a assuré."
Picasso a acquiescé. Puis il a dit que le directeur du Prado, c'était lui. Il a précisé qu'il avait été nommé par la République espagnole.