De la naissance de
Marie-Antoinette le 2 novembre 1755 au palais Hofburg à Vienne à sa fin tragique restée tristement célèbre,
Antonia Fraser nous propose une biographie historique complète et intéressante sur la reine de France.
Dans la première partie, l'auteure s'attarde sur l'enfance autrichienne de
Marie-Antoinette, l'idéalisation et la nostalgie de ses jeunes années en Autriche, ses relations avec ses frères et soeurs, son éducation et les distractions de son enfance. La petite "Madame Antoine" grandit entre les châteaux de Hofburg, Schönbrunn et de Laxenburg. C'est une partie peu développée dans d'autres ouvrages.
Antonia Fraser parle d'une personnalité distraite, peu studieuse avec de nombreuses lacunes dans son instruction avant qu'elle ne soit prise en charge par l'abbé Vermond venu de France dès 1768 pour parfaire son éducation.
La biographie décrit le long processus d'alliances et le trajet (notamment la logistique impressionnante : 20 000 chevaux, 57 carrosses) avant sa remise aux autorités françaises. Devenue dauphine de France, par son mariage avec le futur Louis XVI à l'âge de quatorze ans,
Marie-Antoinette se soumet à l'étiquette de la Cour de France qui diffère de celle de la Cour d'Autriche. (On retrouve l'anecdote connue et risible de la chemise qu'elle attend longuement dévêtue en raison du protocole strict évoluant selon le rang des dames présentes). Selon l'auteure, le tempérament de la Dauphine est empreint de légèreté, elle a bon coeur bien qu'une tendance à la moquerie due à son jeune âge.
Lorsque Louis XV meurt, Louis XVI monte sur le trône avec
Marie Antoinette. L'impératrice
Marie-Thérèse s'enquiert de l'arrivée de ce qu'elle appelle "la Générale" chaque mois. On comprend aisément la pression qui s'exerce sur la jeune femme et l'instabilité de sa position en raison de la non consommation du mariage pendant sept années. Après la naissance de ses enfants et notamment du dauphin, sa position est assurée. Elle passe de plus en plus de temps au Trianon en y développant un mode de vie plus simple, dénué d'étiquette en petit comité. Sa relation avec le suédois Axel Fersen, qui restera un soutien fidèle jusqu'à sa mort, est bien entendu évoquée tout comme d'autres événements restés célèbres tels que l'Affaire du collier de la reine.
A la fin, on assiste à une accélération des évènements : la montée des tensions dans le pays, la multiplication des pamphlets à son égard, la prise de la Bastille, la vie forcée au palais des Tuileries, la fuite de Varennes, l'enfermement à la prison du Temple, la mort du roi, le procès et le transfert de
Marie Antoinette à la Conciergerie...
J'ai beaucoup aimé la première partie qui m'a appris des éléments que j'ignorais sur son enfance. Dans l'ensemble, il y a eu parfois quelques longueurs dues aux nombreux noms et détails politiques, j'ai mis pas mal de temps à le lire. Mais après tout c'est une biographie bien documentée et non un roman historique. Malgré tout, l'auteure arrive à rendre attachante la personnalité de
Marie Antoinette jusqu'aux dernières pages. On arrive à entrer dans son personnage, à la comprendre et à se mettre à sa place. J'ai trouvé les scènes très émouvantes dans la dernière partie. J'avais d'ailleurs adoré le film de
Sofia Coppola avec Kristen Dunst, inspiré par ce livre. Au contraire du film, ici on poursuit jusqu'après sa mort en 1793.