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Citations sur Psychopathologie de la vie quotidienne (35)

Le Romain, qui renonçait à un important projet parce qu'il venait de constater un vol d'oiseaux défavorable, avait donc relativement raison ; il agissait conformément à ses prémisses. Mais lorsqu'il renonçait à son projet, parce qu'il avait fait un faux-pas sur le seuil de sa porte, il se montrait supérieur à nous autres incrédules, il se révélait meilleur psychologue que nous ne le sommes. C'est que ce faux-pas était pour lui une preuve de l'existence d'un doute, d'une opposition intérieure à ce projet, doute et opposition dont la force pouvait annihiler celle de son intention au moment de l'exécution du projet. On n'est en effet sûr du succès complet que lorsque toutes les forces de l'âme sont tendues vers le but désiré.
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(p.288)

Mais je me permets de demander si nos points de vue ne s'appliquent pas également à l'explication des erreurs de jugement, beaucoup plus importantes, que les hommes commettent dans la vie et dans l'activité scientifique. Seuls les esprits d'élite et idéalement équilibrés semblent capables de préserver l'image de la réalité extérieure perçue, contre la déformation qu'elle subit dans la majorité des cas, en passant par l'individualité psychique du sujet qui perçoit.
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(p.186) Darwin sur l'oubli.

Dans l'autobiographie de Darwin, on trouve le passage suivant dans lequel se reflètent admirablement et sa probité scientifique et sa perspicacité psychologique : « J'ai, pendant de nombreuses années, suivi une règle d'or : chaque fois notamment que je me trouvais en présence d'un fait publié, d'une observation ou d'une idée nouvelle, qui étaient en opposition avec les résultats généraux obtenus par moi-même, je prenais soin de le noter fidèlement et immédiatement, car je savais par expérience que les idées et les faits de ce genre disparaissent plus facilement de la mémoire que ceux qui vous sont favorables. »
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(p.148) Déformation obstinée d'un nom

« En décembre 1910, j'aperçus dans la vitrine d'une librairie zurichoise le livre nouvellement paru du Dr Édouard Hitschmann sur la théorie freudienne des névroses. Je travaillais alors précisément à une conférence que je devais faire dans une association académique, sur les fondements de la psychologie freudienne. Dans l'introduction, que je venais de terminer, j'insistais sur les rapports historiques qui existent entre la psychologie freudienne et les recherches expérimentales, sur les difficultés qui, de ce fait, s'opposent à un exposé synthétique des fondements de cette théorie et sur le fait qu'aucun exposé synthétique de ce genre n'existait encore. En voyant dans la vitrine le livre de E. Hitschmann (qui était alors pour moi un auteur inconnu) je n'avais pas pensé tout d'abord à l'acheter. Mais lorsque je m'y décidai quelques jours plus tard, le livre n'était plus dans la vitrine. En demandant au libraire le livre en question, je lui donnai comme nom d'auteur :«Dr Édouard Hartmann. » Le libraire me corrigea : « vous voulez dire Hitschmann », et m'apporta le livre. Le motif inconscient de mon erreur était évident. Je me faisais jusqu'à un certain point un mérite d'avoir conçu un exposé synthétique des théories psychanalytiques, et le livre de Hitschmann, qui me semblait de nature à diminuer mon mérite, m'inspirait de la jalousie et de la contrariété. La déformation du nom est une expression d'hostilité interne, me suis-je dit, d'après la Psychopathologie de la vie quotidienne. Et cette explication m'avait suffi sur le moment. « Quelques semaines plus tard, je revins sur cet acte manqué. A cette occasion, je me suis demandé pourquoi j'avais transformé Édouard Hitschmann en Édouard Hartmann. Était-ce à cause de la simple ressemblance avec le nom du célèbre philosophe ? Ma première association fut le souvenir d'un jugement que j'avais entendu formuler un jour par le professeur Hugo Metzl, un partisan enthousiaste de Schopenhauer: « Édouard Y. Hartmann n'est qu'un Schopenhauer défiguré, retourné.» La tendance affective qui a déterminé chez moi la substitution du nom de Hartmann au nom oublié de Hitschmann fut donc la suivante : « Oh, ce Hitschmann et son exposé synthétique ne valent pas bien cher; il est à Freud ce que Hartmann est à Schopenhauer. »
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(p.180)

En été 1901 j'ai déclaré à un ami, avec lequel j'avais alors des discussions très vives sur des questions scientifiques : « ces problèmes concernant les névroses ne peuvent être résolus que si l'on admet sans réserves l'hypothèse de la bisexualité originelle de l'individu. » Et mon ami de répondre : « C'est ce que je t'ai déjà dit à Br., il y a plus de deux ans, au cours d'une promenade que nous faisions le soir. Mais alors tu ne voulais Pas en entendre parler. » Il est douloureux de se voir ainsi dépouiller de ce qu'on considère comme son apport original. Je ne pus me souvenir ni de cette conversation datant de plus de deux ans, ni de cette opinion de mon ami. L'un de nous deux devait se tromper; d'après le principe cui prodest ?, ce devait être moi. Et en effet, au cours de la semaine suivante, j'ai pu me rappeler que tout s'était passé exactement comme l'avait dit mon ami; je me rappelle même ma réponse d'alors : « Je n'en suis pas encore là et ne veux pas discuter cette question. » Je suis depuis lors devenu plus tolérant, lorsque je trouve exprimée dans la littérature médicale une des idées auxquelles on peut rattacher mon nom, sans que celui-ci soit mentionné par l'auteur.
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(p.8)

Ce qui m'a amené à m'occuper de plus près du phénomène de l'oubli passager de noms propres, ce fut l'observation de certains détails qui manquent dans certains cas, mais se manifestent dans d'autres avec une netteté suffisante. Ces derniers cas sont ceux où il s'agit, non seulement d'oubli, mais de faux souvenir. Celui qui cherche à se rappeler un nom qui lui a échappé retrouve dans sa conscience d'autres noms, des noms de substitution, qu'il reconnaît aussitôt comme incorrects, mais qui n'en continuent pas moins à s'imposer à lui obstinément. On dirait que le processus qui devait aboutir à la reproduction du nom cherché a subi un déplacement, s'est engagé dans une fausse route, au bout de laquelle il trouve le nom de substitution, le nom incorrect. Je prétends que ce déplacement n'est pas l'effet d'un arbitraire psychique, mais s'effectue selon des voies préétablies et possibles à prévoir. En d'autres termes, je prétends qu'il existe, entre le nom ou les noms de substitution et le nom cherché, un rapport possible à trouver, et j'espère que, si je réussis à établir ce rapport, j'aurai élucidé le processus de l'oubli de noms propres.
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...c’est l’ignorance qui serait le contraire d’une erreur de mémoire.
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Égoïsme, jalousie, hostilité, tous les sentiments et toutes les impulsions comprimées par l’éducation morale, utilisent souvent chez l’homme le chemin qui aboutit à l’acte manqué, pour manifester d’une façon ou d’une autre leur puissance incontestable, mais non reconnue par les instances psychiques supérieures.
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L’habileté inconsciente avec laquelle des motifs inconscients, mais puissants, nous font égarer un objet, ressemble tout à fait à l’assurance somnambulique.
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...un lapsus se produit facilement, lorsqu’on s’efforce de réprimer des mots injurieux. Il constitue alors une sorte de dérivatif.
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