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Yves Le Lay (Traducteur)Samuel Jankélévitch (Traducteur)
EAN : 9782228894081
208 pages
Payot et Rivages (09/06/2004)
  Existe en édition audio
3.52/5   681 notes
Résumé :
Les deux textes contenus dans cet ouvrage constituent une présentation de la psychanalyse qui s'adresse d'abord aux non-spécialistes.
Les Cinq leçons sur la psychanalyse sont les conférences prononcées par Freud en 1909 lors de son voyage aux Etats-Unis, où la psychanalyse était encore largement ignorée. On y trouve un récit des origines de la psychanalyse, " inventée " par l'hystérique Anna 0., mais aussi une introduction aux problèmes centraux : l'interpré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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sur 681 notes
Sigmund Freud est un médecin neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse.
L'interprétation des rêves est fondamentale pour lui, ainsi, il nous dit : "Une tâche qui nous incombe est la traduction du contenu du rêve remémoré en son sens caché." Et il nous met en garde :"On a beau rêver de boissons : quand on a réellement soif, il faut se réveiller pour boire.” Donc on se lève, on va boire , on se rendort et on retourne dans son rêve où cette fois ci, on n'a plus soif.
Un des grands autres thèmes analysé par Freud est celui de la sexualité : " On a déjà ici la preuve que la satisfaction sexuelle est le meilleur remède contre l'insomnie. " C'est vrai que si on passe la nuit à faire des cochoncetés, plus d'insomnie ! Et à propos de l'enfance : " L'intérêt sexuel de l'enfant se porte en premier lieu sur le problème de savoir d'où viennent les enfants : Dire que c'est la cigogne qui les apporte, est accueillie, plus souvent qu'on ne le pense, avec méfiance." Avec méfiance... c'est quand même drôlement bien vu de la part de ce grand théoricien de la psyché profonde...
Freud n'a pas de tabou, pas de fausse pudeur, ainsi il nous dit :" Un de ces contacts, celui des muqueuses buccales –sous le nom ordinaire de baiser- a acquis une haute valeur sexuelle, bien que les parties du corps intéressées n'appartiennent pas à l'appareil génital, mais forment l'entrée du tube digestif...Celui qui baise avec ardeur les lèvres d'une jolie fille ne se servira peut-être qu'avec répugnance de la brosse à dents de celle-ci, bien qu'il n'y ait aucune raison de supposer que sa cavité buccale, qui ne le dégoûte pas, soit plus propre de celle de la jeune fille." Quelle romantisme Sigmund ! Je ne verrai plus les baisers enflammés de la même manière, l'entrée du tube digestif...
Il termine par un laconique :"J'ai perdu mon temps : la seule chose importante dans la vie, c'est le jardinage. " Effectivement Sigmund, si tu avais fait un CAP jardinage, tu nous aurais éviter de sacrées prises de tête...
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" - Bonjour M. Sigmund. Dites-moi, je viens de lire " Cinq leçons sur la psychanalyse " et j'ai pas tout compris...
- Ach, ce n'est pas grafe.
- " Graphe " ? Vous comptez me faire un dessin pour que je comprenne mieux ?
- Ach, mais non foyons. le plus z'important, c'est de saisir l'ezzentiel...
- " L'aisantiel "... Ah d'accord, vous postuler pour que je sois à l'aise avec vos concepts. le début, j'ai tout compris : Vous avez fait cinq conférences aux États-Unis pour présenter le truc que vous veniez d'inventer : La psychanalyse.
- Ya.
- Y'a ? Ben y'a tout le début : le Dr Breuer et son traitement de l'hystérie par l'hypnose, puis vous expliquez que vous avez évolué tout les deux vers le " talking cure ". Vous parlez de Charcot, tout ça, qui lui si j'ai bien compris s'appuie sur l'hérédité... Après j'ai bien aimé votre analogie entre la résistance psychique à l'analyse et la résistance civile à un envahisseur. Trop fort pour un autrichien en 1909 ; Adolf et compagnie ont pas du trop vous lire avant 1940.
- Ach, oui : " Un moi qui se défend ".
- Un vous M. Sigmund ?
- Non, un fous.
- Un fou ? Moi ?
- Non, un Moi à fous..."
Et c'est là que j'ai perdu le fil de notre conversation...

Plus sérieusement, le regroupement de ces deux contributions de Freud à la psychanalyse est assez malheureux.
Les " Cinq Leçons... " sont un outil de présentation de la psychanalyse à un public certes universitaire, mais totalement ignorant de cette science en construction. Il survole les termes et décrit succinctement les étapes et les postulats sur lesquels s'appuie Freud pour développer cette technique nouvelle de traitement des désordres mentaux. L'essentiel y est : Résistance, refoulement, actes manqués,analyse des rêves – si populaire – jusqu'à la sexualité infantile. Mais rien n'est argumentativement démontré cependant.
" La Contribution à l'Histoire du Mouvement Psychanalytique " est d'un autre niveau. On précise ici de façon plus circonstancielle les lieux et dates de la psychanalyse. Suivant " Cinq Leçons... " on sent quelque peu de la redite... Puis Freud dans une troisième partie s'emploie à argumenter contre les " dissidences " dans le mouvement psychanalytique et là... Je dois avouer que je me suis perdu... Citons par exemple :
" La théorie d'Adler était dés le début un " système ", et c'est ce que la psychanalyse avait toujours soigneusement évité. Elle nous offre en même temps un excellent exemple d' " élaboration secondaire ", dans le sens de celle que la pensée vigile effectue sur les matériaux fournis par les rêves. En ce cas, les matériaux des rêves sont remplacés par ceux nouvellement fournis par les études psychanalytiques, envisagées principalement du point de vue du moi, traduits et retournés conformément à ces catégories et, exactement comme dans la formation de rêve, mal compris. Aussi la théorie d'Adler est-elle moins catégorisée par ce qu'elle affirme que par ce qu'elle dénie... "

" Cinq Leçons " n'est à mon avis pas une bonne première approche de la psychanalyse pour qui est curieux du sujet...
... Mais je dois beaucoup refouler...

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Cinq leçons sur la psychanalyse est un ouvrage de Freud qui comporte deux parties : la première concerne effectivement cinq "leçons", sous forme de retranscriptions de conférences que Freud a donné en 1909 à un congrès de non-psychanalystes à la Clark University ; la seconde partie est une ébauche d'histoire de la psychanalyse vue par son fondateur.

La première leçon évoque les travaux de Freud et de Breuer sur les malades hystériques ; Freud met en particulier l'accent sur l'originalité de l'approche de Breuer : la cure cathartique, qui a pour effet de rendre conscient, en état d'hypnose, les affects non exprimés à l'origine des symptômes hystériques. Au travers du cas Anna O., Freud met en évidence l'existence d'une dualité conscient/inconscient, et explique la prémanence de l'inconscient sur le conscient.
La seconde leçon explique l'enjeu de la psychanalyse : permettre l'émergence de réminiscences en se passant de l'hypnose, méthode avec laquelle Freud ne s'est jamais senti à l'aise. En se passant de l'hypnose, le psychanalyste se heurte à des résistances, qui empêchent les réminiscences de remonter telles que à la conscience : il s'agit du refoulement, qui apparait comme un moyen de protéger la personne psychique. Mais la façon dont ces résistances se manifestent ont un sens en lien avec ce qui a été refoulé, au même titre que le symptôme lui-même, et peuvent trouver une issue au cours de la cure psychanalytique, par exemple par intégration, sublimation ou condamnation consciente.
La troisième leçon met l'accent sur le déterminisme psychique, déterminisme dans le sens où les symptômes, les rêves, les lapsus, les mots d'esprit, reflètent un état psychique qui peut s'analyser. Freud profite de cette leçon pour expliquer l'importance de l'analyse des rêves, et évoque les phénomènes de déplacement, de condensation et de substitution.
La quatrième leçon est centrée plus particulièrement sur le primat de la sexualité infantile et du complexe d'Oedipe, pierres angulaires de la théorie psychanalytique, et de leur place et rôle dans les névroses.
Enfin, la cinquième leçon met l'accent sur le but et la nature de la névrose : permettre une expression des contenus refoulés, ouvrir d'autres voies que celles du refoulement à la libido. Enfin, Freud explique ce qu'est le transfert, comment il intervient dans la thérapie psychanalytique et comment il peut être exploité.

Je ne peux que saluer la clarté des exposés de Freud concernant cette première partie, qui constitue une excellente introduction à ses travaux aux non-initiés. Pour ma part, j'ai trouvé que cette partie consistait essentiellement à résumer les ouvrages précédemment publiés de Freud (Etudes sur l'hystérie, L'interprétation des rêves, Psychopathologie de la vie quotidienne, le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, Trois essais sur la théorie sexuelle, etc…). Comme j'ai lu ces ouvrages assez récemment, il s'agissait pour moi d'une version édulcorée et facile à lire d'ouvrages plus ardus mais aussi plus détaillés et donc passionnants.

J'ai en revanche beaucoup apprécié la "Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique" qui constitue la seconde partie de l'ouvrage, une sorte d'histoire de la psychanalyse vue par son fondateur.
Dans le premier chapitre de cette seconde partie, Freud expose les spécificités de la psychanalyse. En premier lieu, il explique ce qu'elle doit aux travaux de Breuer, Charcot et d'autres médecins et scientifiques. La psychanalyse nait de l'abandon de l'hypnose au profit de la libre association pour le traitement des névroses. Mais d'autres spécificités différencient bien vite la cure cathartique de la psychanalyse, et entérinent la séparation de Freud et Breuer, en particulier : la mise en évidence du refoulement, l'apparition des résistances, la théorie sexuelle infantile comme cadre de référence, l'importance de l'interprétation des rêves et leur utilisation pour la connaissance de l'inconscient. Freud évoque l'origine et l'évolution de sa théorie sexuelle infantile, qu'il identifie comme une source majeure de son isolement et du rejet de la psychanalyse par la communauté scientifique de l'époque.
Le second chapitre s'intéresse à l'essor de la psychanalyse et à sa diffusion dans le monde. Si dès 1902, de jeunes médecines comme Otto Rank le rejoignent pour apprendre et pratiquer la psychanalyse, c'est à partir du moment où commencent à se renforcer les liens entre l'Autriche et la Suisse au travers des relations entre S. Freud et C. G. Jung, à l'origine de la fameuse "Ecole de Zurich", que la psychanalyse commence à s'exporter. Si Freud estime que des divergences ont toujours existé entre "sa" psychanalyse et l'école de Zurich, c'est à cette dernière qu'il doit la diffusion de sa théorie notamment aux USA. Jung et Bleuler lancent, en coordination avec Freud, la première revue de psychanalyse en 1909, pendant que Freud se consacre à des travaux sur le rôle et le devenir des pulsions dans l'art, et publie en 1913 Totem et Tabou.
Enfin, dans le troisième et dernier chapitre, Freud explique comment il a été amené à choisir Zurich comme capitale de la psychanalyse et Jung comme chef de lisse de l'Association Psychanalytique Internationale. A partir de là, Freud passe en revue l'histoire des congrès psychanalytiques et des clans qui, dès lors, se forment et s'affrontent. Il évoque également l'année 1911, qui marque la rupture avec Adler et Jung, et donc avec l'école de Zurich. Si les désaccords sont théoriques, Adler et Jung réfutant le primat et la seule sexualité dans l'origine des névroses, Freud n'hésite pas à s'attaquer assez vertement à ces hommes avec qui il a travaillé, qui ont participé à l'avancée de la théorie psychanalytique, et qui étaient ses amis. Enfin, il évoque en quoi la psychologie jungienne est incompatible avec la théorie psychanalytique freudienne.

En conclusion, je rejoindrai les critiques précédentes. Les cinq leçons sur la psychanalyse sont un ouvrage abordable et complet pour s'initier à la théorie freudienne. La contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique permet de remettre la psychanalyse dans son contexte, du point de vue forcément partial de son fondateur, et d'en apprendre plus sur Freud, ses pensées, la façon dont il a vécu le début des années des 1900, et la façon dont il traite et interprète les personnes et théories qui ne vont pas dans son sens !
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L'hystérie, un joli mot, apparu sous la plume d'Hippocrate.
L'etymologie : ὐστέρα, ou matrice en grec, ou l'utérus ou encore " les entrailles".
Quand je pense à la Grèce Antique et à l'hystérie, je ne peux m'empêcher de penser à la Pythie. L'Oracle, accédant à l'extase et à la transe par l'usage de drogues, l'Oracle ou la Voix de la Vérité. On se la représente souvent hystérique cette femme.
Charcot qui s'est intéressé de près à l'hystérie et Freud qui nous intéresse ici sont les disciples d'Hippocrate. L'objectif, c'est de guérir l'hystérie. L'hystérie est une maladie.
Il présente la position du médecin face à l'hystérie et nous dit que "[l]es hystériques perdent [...] la sympathie du médecin" et qu'on considère les hystériques comme des gens qui transgressent les lois et qui outrepassent la science du médecin et qu'alors, on les rejette, on les refoule. - J'ajouterai tout de suite parce que Freud n'en parle pas tout de suite – qu'ils sont les symptômes d'une société malade.
Alors que Charcot considère l'hystérie comme un trouble organique, une affection organique du cerveau, Freud y voit "cet état bizarre et énigmatique auquel les médecins grecs donnaient déjà le nom d'hystérie" (p.11).
Il explique que la maladie et ses symptômes proviennent de "chocs affectifs".
Il nous propose d'examiner le cas de la jeune fille (c'est devenu un mythe fondateur de la psychanalyse cette femme – et des critiques se demandent si ce n'est pas une mystification freudienne – entre autres parce que la psychanalyse n'aurait pas guéri cette femme, Bertha Pappenheim, dite Anna O.). Elle souffrait de pertes de conscience, d'absences,de paralysie partielle, de mutisme ... Elle avait traversé plusieurs phases de deuil et avait dû s'occuper de malades, dans le cercle familial, notamment de son père, de les veiller. L'hystérique avait l'habitude "de murmurer quelques mots qui semblaient se rapporter à des préoccupations intimes" pendant ses absences. La parole – comme celle de la Pythie – a son importance – car elle permet d'accéder à ce qui nous échappe – il s'agira de l'écouter – de l'entendre – de comprendre.
J'ai trouvé ce cas très intéressant. Freud nous dit que "c'étaient des fantaisies d'une profonde tristesse, souvent même d'une certaine beauté – nous dirons des rêveries" (p.14)
Il lui donne peu la parole dans ses leçons sur la psychanalyse et c'est malheureux. C'est l'un des premiers reproches que je fais à Freud. Il donne la parole au malade lors de la thérapie mais il ne donne pas sa parole à entendre ce qui fait qu'on ne se rend pas vraiment compte de la valeur de cette expérience pourtant significative, dans ces leçons. "La malade elle-même, qui, à cette époque de sa maladie, ne parlait et ne comprenait que l'anglais, donna à ce traitement d'un nouveau genre le nom de talking cure ; elle le désignait aussi en plaisantant, du nom de chimney sweeping". C'est tout de même la femme qui a donné son nom à cette pratique de la psychanalyse : la talking cure. Mais moi, c'est la plaisanterie qui retient le plus mon attention, parce que "chimney sweeping", ça me fait immédiatement penser à la poésie de William Blake. Et la malade, nous dit-il, ne communique alors qu'en anglais. On la présente dans les Etudes sur l'hystérie comme une femme qui s'intéresse de près à la poésie. Je me demande si elle ne lui citait pas Blake, justement. Je vous invite à vous reporter au poème de Blake, qui se trouve en deux temps, dans les Chants d'Innocence et dans les Chants d'Expérience. Je trouve que les poèmes de Blake font incroyablement écho à l'histoire de cette jeune fille ( que je n'ai que résumé dans ses grandes lignes). Je crois en la thérapeutique par la poésie, je suis comme ça. La parole libératrice quoi.
Un peu plus tard, Freud nous dit (p.18) qu'elle sort d'un mutisme prolongé "grâce à une poésie enfantine anglaise" ... là encore, il ne précise pas. Freud nous dit que les associations sont toujours signifiantes mais il omet de nous dire ce qu'elle récite à ce moment crucial, ce moment où la parole revient. Il est quelque peu frustrant.
Par contre, j'ai bien aimé quand il parle des traumatismes psychiques. Il appelle les symptômes des "résidus d'expérience émotives" ou des " résidus mnésiques". Je trouve que c'est poétique comme termes. Il avance donc que "les hystériques souffrent de réminiscence" (p.18). Qu'ils sont tournés vers le passé, qu'ils y sont attachés, affectivement. Et qu'un "traitement cathartique" est nécessaire. J'ai bien aimé quand il parle du transfert aussi ( ou c'est la traduction qui m'a bien plu). Il parle du fait que le patient " déverse sur le médecin un trop-plein", de "source", de "fragments", de reviviscence" et il fait une comparaison à la chimie avec ses " précipités d'anciennes expériences amoureuses" qui "ne peuvent se dissoudre et se transformer en d'autres produits psychiques qu'à la température plus élevée de l'évènement du "transfert". Dans cette réaction, le médecin joue, selon l'excellente expression de Ferenczi, le rôle d'un ferment catalytique qui attire temporairement à lui les affectifs qui viennent d'être libérés". C'est assez poétique et même mystique comme vision. Il y a quand même un peu de mystification là-dessous.
La talking cure, c'est assez intéressant, ce travail de traduction, d'interprétation, avec comme matériau l'association d'idées, ou les allusions etc. L'Interprétation des rêves par Freud, ça doit être pas mal. Il en donne un bref aperçu là du travail onirique, il parle de condensation et de déplacement. Je crois qu'il explique un peu mieux ses concepts dans l'Introduction à la psychanalyse. Freud propose néanmoins un bref aperçu de la psychanalyse dans ses leçons et il explique pourquoi il se refuse de recourir à l'hypnose ( et que c'est cette décision qui l'a amené à privilégier la talking cure) et puis Freud n'a de cesse de nous répéter que sa démarche est rigoureusement scientifique.

Il est pertinent de souligner que Freud vulgarise plutôt bien dans les leçons. Quand il parle de résistance et de refoulement, par exemple. Ce que j'ai bien aimé, c'est encore sa comparaison. En bon professeur qu'il est, il s'adapte à son public, et il compare la résistance à un élève qui serait turbulent dans l'amphithéâtre, et le refoulement c'est le fait qu'on le fasse sortir de la salle pour poursuivre le cours et qu'on lui bloque la porte ; mais l'élément perturbateur peut continuer à crier, à déranger le reste du cours (il est comme le symptôme qui désorganise l'organisme).

Un mot sur le mot d'esprit (et je pense que Freud ne devait pas être dénué d'humour enfin j'espère pour lui). Il explique que c'est une manière de dire sans dire – de dire autre chose - et il explique que c'est une manière courtoise, civile, de substituer l'injure. Il donne l'exemple du critique d'art qui ne se permet pas ouvertement d'insulter les peintres qu'il considère comme des voleurs. Au lieu de les traiter de voleurs (ou de larrons) il demande où se trouve le Christ entre les deux tableaux.

Un autre exemple des associations, comparaisons, métaphores de Freud : un apologue, qui se trouve à la fin des Cinq leçons sur la psychanalyse où Freud raconte l'histoire du cheval de Schilda, pour nous parler de l'appétit sexuel. Le cheval a faim et Freud nous dit qu'il suffit de le nourrir si on ne souhaite pas la mort du petit cheval. Le pauvre cheval meurt dans l'histoire, c'est tragique, mais Freud c'est quand même un marrant parce qu'il parle d'un cheval et de la faim pour ne pas parler ouvertement de l'appétit sexuel.

Mais Freud parle énormément de la sexualité et surtout de sexualité infantile, c'est son dada. Je l'admire quand même d'avoir fait sa carrière sur un sujet aussi tabou. Freud, c'est un peu de la libération sexuelle, quand même. Il a pas mal bousculé les convenances, certes. Personnellement, j'ai bien lu les cinq leçons, scrupuleusement même, et il ne m'a pas choquée (mais amusée par moments, parce que ouais, il part dans son délire un peu) mais je lis avec un minimum de distance critique. Il n'empêche que je ne suis pas complètement contre ses théories les plus farfelues. J'attends de lire plus de chose sur la psychanalyse pour me faire une véritable opinion. Par contre, je n'irai pas sur son divan parce que la séance telle qu'il la présente ressemble un peu trop à un interrogatoire pour moi. En plus, Freud il dit que le patient doit s'exprimer sans émettre de jugement critique ( Ouais mais moi Freud, comment que je fais ? Je fais de l'auto-critique tout le temps !) En plus, le patient se doit d'accorder une grande confiance au médecin ... avec moi, c'est pas gagné ouais, je me défie de cette profession.

J'ai nettement moins apprécié la Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique que je ne vous recommande pas sauf si vous avez envie de découvrir le personnage de Freud, un Freud un peu grognon et même carrément hargneux ( il est peut-être hystérique - pardon Freud, je retire mes propos, oui oui !) Freud se lance dans l'auto-justification et il insiste sur son rôle majeur dans l'émergence de la psychanalyse. Il se pose limite comme "le seul représentant de la psychanalyse" à la fin du chapitre 1 comme un héros solitaire, décrié par ses contemporains. Puis il parle de sa petite vie avec ses collègues, tout ça. Il y a pas mal de mauvaise foi je crois là-dessous. Enfin, j'en sais rien. Il m'a bien fait rire quand même, à bien insister sur ceux qui ne l'auraient pas inspiré, comme Schopenhauer ( il a découvert un peu par hasard, nous dit-il, que Schopenhauer avait écrit avant lui des choses qu'il croyait avoir découvertes – mais du coup il les a quand même découvertes hein) et il se défend d'avoir lu Nietzsche parce qu'il ne voulait pas être influencé. Mouais mouais mouais Freud. Je ne sais pas pourquoi il ressent ce besoin de se justifier. Il se pose comme thérapeute pour sa défense. Mais la littérature ne peut-elle pas être thérapeutique ? Après il parle encore de ses collègues ( rolala !), de ses disciples qui propagent le christianisme – euh pardon la psychanalyse – ou de ceux qui font pas comme il veut et ça l'agace. Leurs désaccords tout ça blablabla. Il est pas très gentil avec Jung mais je m'en fous Freud, je le lirai quand même Jung.

Voilà voilà ! Donc la Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique, ce fut pénible à lire et j'ai bien failli décrocher et les Cinq leçons, c'est pas mal du tout, parce que la psychanalyse appliquée à la littérature, moi je trouve ça intéressant et que Freud, il a ouvert la voix sur pas mal d'interprétations. Freud recommande l'analyse (logique). Il parle d'ailleurs de la nature de la création poétique (p.134) et même de la critique littéraire (la critique psychanalytique) dans la dernière leçon.
J'ai toujours la Psychanalyse des contes de fées de Bettelheim dans mes livres à lire et c'est prometteur ! De la sexualité infantile sublimée par la littérature, je crois que ça me parlerait un peu plus que les essais de Freud.

Freud se lit bien quand même et c'est même marrant.
Il suffit de voir comment il se défend contre ces critiques (p.55)
Il se défend tout particulièrement à propos de la sexualité infantile (p.62-63), qu'on lui a beaucoup reproché ( il ne s'en étonne pas plus que ça – il a conscience que c'est un sujet délicat). Et il dit carrément que ceux qui résistent à la psychanalyse et à ses théories, c'est qu'ils refusent de mettre à jour ce qui est refoulé et du coup il invite ses critiques sur son divan. Freud ou comment faire de ses détracteurs des clients.

PS : Freud, l'analyseur analysé.

Sinon ne faites pas attention, mais je me mets un article en post-it ici. Apparemment, ça parle de l'hystérie et des poètes. Je le mets là que je le retrouve plus facilement, je le lirai plus tard :

Daniel FABRE, « L'androgyne fécond ou les quatre conversions de l'écrivain », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 11 | 2000, mis en ligne le 24 mai 2006, consulté le 02 avril 2019. URL : https://journals.openedition.org/clio/214
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Un livre que j'ai lu pour mon travail avec empressement et conscience mais sans passion. La lecture en a été assez laborieuse et fastidieuse. Je trouve que cet ouvrage date et enfonce pas mal de portes ouvertes. Sans être particulièrement pudibonde je suis assez fatiguée de la vieille rengaine de Freud : oedipe, névrose, hystérie, hypnose, transfert, sexualité... Je ne suis sans doute pas faite pour la psychanalyse car je suis convaincue qu'il ne faut pas tout mélanger et que la sexualité n'est sans doute pas à la base de tous les problèmes. Un livre à réserver sans doute aux spécialistes et admirateurs inconditionnels de Sigmund Freud.
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
L'interprétation des rêves est, en réalité, la voie royale de la connaissance de l'inconscient, la base la plus sûre de nos recherches, et c'est l'étude des rêves, plus qu'aucune autre, qui vous convaincra de la valeur de la psychanalyse et vous formera à sa pratique. Quand on me demande comment on peut devenir psychanalyste, je réponds : par l'étude de ses propres rêves.
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Y-a-t-il donc, demanderez-vous, une sexualité infantile? L'enfance n'est-elle pas plutôt cette période de la vie où manque tout instinct de ce genre? - A cette question je vous répondrai : Non, l'instinct sexuel ne pénètre pas dans les enfants à l'époque de la puberté (comme dans l'Evangile, le diable pénètre dans les porcs). L'enfant présente dès son âge le plus tendre les manifestations de cet instinct; il apporte ces tendances en venant au monde, et c'est de ces premiers germes que sort, au cours d'une évolution pleine de vicissitudes et aux étapes nombreuses, la sexualité dite normale de l'adulte. Il n'est guère difficile de le constater. Ce qui me paraît moins facile, c'est de ne pas l'apercevoir! Il faut vraiment une certaine dose de bonne volonté pour être aveugle à ce point!
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"Nous voyons que les hommes tombent malades quand, par suite d’obstacles extérieurs ou d’une adaptation insuffisante, la satisfaction de leurs besoins érotiques leur est refusée dans la réalité. Nous voyons alors qu’ils se réfugient dans la maladie, afin de pouvoir, grâce à elle, obtenir les plaisirs que la vie leur refuse. […] Ajoutons que la résistance de nos malades à se guérir ne relève pas d’une cause simple, mais de plusieurs motifs. Ce n’est pas seulement le « moi » du malade qui se refuse énergiquement à abandonner des refoulements qui l’aident à se soustraire à ses dispositions originelles ; mais les instincts sexuels eux-mêmes ne tiennent nullement à renoncer à la satisfaction que leur procure le substitut fabriqué par la maladie, et tant qu’ils ignorent si la réalité leur fournira quelque chose de meilleur".
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C'est à partir de 1907, c'est-à-dire pendant les années qui suivirent l'établissement de relations constantes entre Vienne et Zurich, que la psychanalyse prit cet essor extraordinaire sous le signe duquel nous vivons encore aujourd'hui ; essor dont nous avons la preuve dans la diffusion des ouvrages consacrés à la psychanalyse, dans l'augmentation du nombre de médecins désireux d'apprendre ou d'exercer la psychanalyse, ainsi que dans les attaques de plus en plus fréquentes qui sont dirigées contre elle dans les congrès et les réunions de sociétés savantes. La psychanalyse s'est propagée, en secouant de leur torpeur les psychiatres et en attirant sur elle l'attention de profanes cultivés et de représentants d'autres branches de la science.
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Il est inévitable et tout à fait logique que l'enfant fasse de ses parents l'objet de ses premiers choix amoureux. Toutefois, il ne faut pas que sa libido reste fixée à ces premiers objets ; elle doit se contenter de les prendre plus tard comme modèles et, à l'époque du choix définitif, passer de ceux-ci à des personnes étrangères. L'enfant doit se détacher de ses parents : c'est indispensable pour qu'il puisse jouer son rôle social.
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Vidéo de Sigmund Freud
Elle se revendiquait comme "la dernière Bonaparte" mais fut surtout l'une des premières à s'intéresser scientifiquement au plaisir féminin au début du XXe siècle. Disciple de Freud, celle qui fut l'arrière-petite-nièce de Napoléon aida aussi au développement de la psychanalyse en France.
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