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Citations sur Premier de cordée (78)

Parfois, vers la sentinelle rouge, un sérac craquait. C'était comme un coup de tonnerre qui déchirait l'air des altitudes, et longtemps après que le bruit se fût éteint, on pouvait suivre le nuage de poussière irisée qui précédait le tourbillon de l'avalanche sur les hauts plateaux glaciaires.
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La vie doit être une lutte continuelle. Malheur à ceux qui ne combattent pas! qui se laissent aller aux choses faciles!
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Pierre Servettaz venait d'éprouver la satisfaction la plus complète qui
puisse être réservée à un alpiniste, celle de marcher en premier de cordée.
Il avait cessé de suivre aveuglément, en toute quiétude, en tout sécurité ;
il était devenu le chef, celui qui commande, qui combat,
qui prend ses responsabilités et de qui dépendent les vies qui lui sont confiées.
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Derrière eux, l'amphithéâtre des cimes et des aiguilles, des dômes éclaboussant de lumière, des clochetons et des doigts gantés de velours blanc, des clochers et des gendarmes effilés comme des glaives, se détache en festons sur un ciel bleu très clair ; les glaciers blanchis à neuf par la tourmente coulent dans la vallée, craquent et gémissent, écartant de leur poussée millénaire les forêts où la dorure brûlée des mélèzes habillés d'automne alterne avec la houle éternellement verte des épicéas. Les autos cornent sur la route et un petit train joujou, tout bleu et blanc, disloque ses vieux wagons sur la voie étroite, dans un fracas d'essieux grinçants, mêlé au ronronnement monotone de ses machines électriques.
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Tout simplement mon premier coup de coeur de lectrice. J'avais 11 ans. Ce livre m'a emmené au coeur de la vie des guides de haute-montagne comme rarement j'ai été transportée par l'imaginaire. Personnellement, je trouve que c'est un immense livre, sans snobisme, sans écriture précieuse. Il n'y pas de faux semblants, de mots employés pour rien, ni de fantastique, ni d'ésotérique, rien que pour remplir le vide. C'est simple et humble comme les gens de la montagne. Je pense que Frison Roche fait parti des rares écrivains qui sache raconter simplement une histoire. J'ai celui des éditions Guérin, une merveille !
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Alors en équilibre sur un clou de soulier et le corps collé à la paroi, il se concentre pour tenir. Il sentit tout à coup que sa jambe était prise d'un tremblement de fatigue, il fit un brusque mouvement pour retrouver la prise de main, mais déjà il basculait. Ses doigts griffèrent le granit sans l'accrocher et il tomba à la renverse sans pousser un cri.
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Georges, sous le choc de la tempête qui s'est calmé, assure la descente de son client et s'enquiert des conditions de la montagne:
" Subitement, sur un coup de vent plus frais, le brouillard se déchira. Georges aperçu la paroi entière du Dru qui se découvrait, offrant un spectacle fantasmagorique. Toute plaquée de neige fraîche, elle semblait caparaçonnée d'ivoire et ses colonnes gigantesques, qui s'effilaient vers le haut dans une perspective irréelle et se perdaient dans un moutonnement de nuées argentées, semblaient taillées dans un marbre très pur."
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A cet endroit, la muraille semble, par un effet de perspective, se retourner sur elle-même, se ployer, s'effiler, et, prenant son élan sur ses larges basses bien étayées jusqu'aux vallées glaciaires, elle se redresse d'un jet jusqu'au ciel, qu'elle trou d'un seul coup, semblant vouloir atteindre les au-delà mystérieux; la grimpeur se trouve bien petit, minuscule, tout écrasé qu'il est par les dimensions inhumaines de la montagne. Lorsque au hasard d'une vire il se rapproche de l'effroyable précipice du Nant-Blanc, il ressent, même s'il a l'âme bien trempé, l'atroce sensation du vide sans fond, l'impression plus grisante que le vertige que, s'il venait à tomber, son corps écartelé dans l'air ne ricocherait pas une fois jusqu'à la rimaye béante qui sépare la paroi du roc du glacier tourmenté. Des aiguillettes étranges, acérées, se tordent dans un supplice désespérée sur la crête, en lame de scie; au lever du jour et au coucher du soleil, elles flambent et crépitent, roses à l'aube, pourpres au crépuscule : les gens d'ici les nomment les Flammes de Pierre.
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"Alors en équilibre sur un clou de soulier et le corps collé à la paroi, il se concentre pour tenir. Il sentit tout à coup que sa jambe était prise d'un tremblement de fatigue, il fit un brusque mouvement pour retrouver la prise de main, mais déjà il basculait. Ses doigts griffèrent le granit sans l'accrocher et il tomba à la renverse sans pousser un cri."
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Les deux hommes avaient quitté Courmayeur le matin même, à l'heure où la rosée nocturne s'évapore en fumées bleues des lourds toits de lauzes grises. Marchant à grands pas sur la route d'Entrèves, ils atteignaient et dépassaient le petit bourg montagnard, encore assoupi dans sa conque verdoyante. Le sentier du col du Géant s'amorce là entre deux murettes de pierres sèches et court à la diable d'un lopin de terre à l'autre, respectueux des fantaisies du cadastre. À cette heure matinale, les étables déversaient sur le chemin leur trop-plein de bétail, cornes hautes et naseaux fumants, carillonnant de toutes leurs sonnailles. Dans les champs minuscules, épaulés de talus pierreux, quelques paysans binaient ; au passage des deux étrangers, ils arrêtaient un instant leur tâche, levaient la tête en gardant le buste mi-courbé vers le sol, et, l'outil en main, dévisageaient les voyageurs. Poliment, ces derniers saluaient :
«Bien le bonjour !
- Bonne montée !» répondaient les paysans.
Bientôt, le damier des champs cultivés cessa pour faire place à la forêt de mélèzes. Déjà la vallée semblait s'élargir, et le grondement de la Doire s'épandait plus librement dans l'air.
Comme le sentier, au premier lacet, heurtait de front la montagne, les marcheurs firent halte. D'abord le jeune, un adolescent robuste qui jusque-là montait avec une certaine fantaisie, bondissant d'un bord à l'autre du chemin, sautant avec agilité sur les murettes, fauchant d'un large coup du manche de son piolet les orties qui gênaient sa marche, ou bien s'arrêtant brusquement, pour regarder en contrebas le village coincé entre les deux parois de la montagne, la vallée paisible et les lointains bleutés sous le ciel de saphir. Ensuite le vieux qui, à quelques toises derrière, allait lentement, d'une foulée égale, pliant légèrement le genou comme pour mieux sentir la terre sous ses grosses semelles cloutées.
«Fini de faire le cabri, mon Pierre, dit-il en rejoignant le jeune, posons les sacs et soufflons.»
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