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Citations sur La Desdichada (10)

Les paroles d’un poème ne recommencent à être, parfaites ou imparfaites, que lorsqu’elles coulent de nouveau, c’est-à-dire lorsqu’elles sont dites – dichas. Dicha et des-dicha (heur et malheur : bénédiction et malédiction) : le poème que je suis en train de traduire s’intitule El Desdichado, mais l’original français ne contient pas ce fantôme verbal de la langue espagnole, dans laquelle dire consiste non seulement à rompre le silence mais à exorciser le mal. Le silence c’est dé-dire (des-dire) : une des-dicha. La voix est dire (decir) : une dicha. Le silencieux est le des-dichado, celui qui ne dit pas ou qui n’est pas dit – le maudit. Et elle, La Desdichada, ne parle pas, ne parle pas…
Je pense à tout cela et je me surprends moi-même. Mon émotion me déborde, je la transfère sur elle qui ne parle pas : Amour, qui que tu sois, tu t’appelles appel (appeler c’est convoquer, nommer c’est invoquer) : parle à travers moi, Desdichada, fais confiance au poète, laisse-moi te dire, laisse-moi te donner l’heur de dire : dis en moi, dis par moi et en échange de ta voix, je te jure fidélité éternelle, à toi seulement. Tel est mon désir, Desdichada, et le monde tarde tant à me donner ce que je désire, une femme pour moi tout seul, moi seul pour une femme.
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La Desdichada m’épargnera-t-elle les obligations familiales ? La poupée immobile pourrait-elle me libérer des responsabilités du sexe, du mariage, des enfants, me rendre disponible pour la littérature ? La littérature peut-elle être mon sexe, mes noces et ma descendance ? La littérature peut-elle remplacer jusqu’à l’amitié ?
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Le poète n'est pas un fouineur ; c'est peut-être la fonction du romancier ; je ne sais pas. Le poète ne cherche pas, il reçoit ; il ne regarde pas par le trou des serrures, il ferme les yeux pour voir.
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Comment expliquer à ma mère
que je ne peux me consoler de la mort de mon père avec du cinéma
et son simulacre de mobilité ?
que ma façon à moi de garder mon père vivant
est de l'imaginer toujours à mes côtés,
invisible,
une voix plus qu'une présence physique,
une voix qui répond à mes questions,
malgré son mutisme devant tous les actes venant de moi qui le renient
et l'assassinent une deuxième fois aussi sûrement que les balles.
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Il est toutefois évident que le surréalisme mexicain n'a jamais eu besoin de l'aval européen ;
nous sommes surréalistes par nature, de naissance,
comme le prouvent tous les tours que nous avons joués au christianisme,
mélangeant les sacrifices humains et l'hostie,
déguisant les prostituées en déesses,
nous promenant à l'aise entre l'étable et le bordel,
l'origine et le calendrier,
le mythe et l'histoire,
le passé et le futur, le cercle et la ligne,
le masque et le visage,
la couronne d'épines et la couronne de plumes,
la mère et la vierge,
la mort et le rire ;

nous avons cinq siècles, nous disions-nous très pince-sans-rire,
en jouant aux charades avec le plus exquis de tous les cadavres,
celui de Notre-Seigneur-Jésus-Christ,
dans nos cages de verre ensanglantées -
comment ne pas jouer avec le pauvre cadavre en bois de la Desdichada ?
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La musique du boléro permettait à ces femmes rescapées de la campagne,
exploitées de nouveau par la ville,
d'exprimer leurs sentiments les plus intimes,
vulgaires sans doute mais réprimés ;
le danzon leur permettait le mouvement immobile de leur corps d'esclave :

ces femmes avaient la scandaleuse élégance du serf
qui a la témérité de prendre la pose,
c'est-à-dire d'attirer l'attention sur lui.
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... ce n'est qu'un jeu ? eh bien, vive le jeu ! quand un certain nombre de gens entrent dans un jeu, ça n'en est plus un, et alors, alors si ça trouve tout le monde la verra comme une vraie femme, et alors, alors, s'il arrivait un miracle et qu'elle se mettait vraiment à vivre ? Je vais donner sa chance à cette... à notre femme, c'est ça , notre femme.
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//----Dédicace : ----//

Aux amis du samedi,
Max Aub, Joaquín Diez-Canedo,
Jaime Garcia Terrès, Bernardo Giner de los Ríos,
Jorge González Durán, Hugo Latorre Cabal,
José Luis Martínez, Abel Quezada,
et, surtout, José Alvarado,
qui m'a fait comprendre cette histoire


//---- Titre original : La Desdichada ----//

Nouvelle extraite de Constancia et autres histoires pour vierges (Constancia y otras novelas para vírgenes - 1990)

//---- Langue originale : espagnol (Mexique) ----//
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Les paroles d'un poème ne recommencent à "être",
parfaites ou imparfaites,
que lorsqu'elles coulent de nouveau,
c'est-à-dire lorsqu'elles sont dites - "dichas".

"Dicha" et "des-dicha" (heur et malheur : béné-"diction" et malé-"diction") :

le poème que je suis en train de traduire s'intitule "El Desdichado",
mais l'original français ne contient pas ce fantôme verbal
de la langue espagnole,
dans laquelle dire consiste non seulement à rompre le silence
mais à exorciser le mal.

Le silence c'est dé-dire ("des"-"decir") : une "des"-"dicha".

La voix est dire ("decir") : une "dicha".

Le silencieux est le "des"-"dichado",
celui qui ne dit pas ou qui n'est pas dit -
le maudit.
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La violence de l'histoire du Mexique constitue un grand facteur de nivellement.

Celui qui se trouve un jour à la cime se réveille le lendemain,
si ce n'est dans l'abîme,
en tous cas dans la plaine :
le marais des classes moyennes
dont la majeure partie s'est formée à partir des déchus appauvris d'aristocraties éphémères.
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