AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Baleine (15)

La pureté du site nous exaltait. La côte, sur une longue distance, était plate, et nous circulions dans une parfaite solitude, entre deux ou trois lignes simples, ou notre oeil n'aurait pu déceler le plus léger accident : la ligne noire de la forêt, à notre droite ; une ligne dorée, devant nous, à la frontière du sable et de l'écume : et à gauche, un horizon liquide, dur et gonflé. Toutes ces lignes couraient se rejoindre sous nos yeux, en un point éloigné vers lequel nous entraînait leur convergence, et qui fuyait toujours.
Commenter  J’apprécie          240
- Mais, petite fille que vous êtes, savez-vous seulement comment c'est fait, une baleine ?
- C'est très gros, et ça lance de l'eau par les narines. Et ça a toujours l'air de lire.
Commenter  J’apprécie          205
Ce blanc aurait pu être celui de certaines pierres, dont l'effort vers la transparence s'est heurté à trop d'opacité, et dont toute la lumiére est tournée vers l'intérieur. Mais on distinguait, par endroits, des tâches d'un vert fondant et, prés de la tête, des serpentements mauves ou bleu ciel, fort subtils, qui disaient bien leur appartenance. Les teintes de la mort sont exquises: parfois nous croyions voir s'entrouvrir une rose. Devant cette chose qui ressemblait plus à un catafalque qu'à une bête morte, devant ce monument orné de signes délicats, qui viraient ça et là au colchique ou à la violette fanée, nous étions pris d'un doute- à quoi s'ajoutaient par moments, d'une façon bien inattendue, la sorte d'inquiétude qu'on ressent au chevet d'une personne malade.
Commenter  J’apprécie          110
Et qu'étions-nous, nous qui regardions cela, êtres de hasard, imperceptibles, en proie aux astres, échoués sur les plages d'une Nature sans événements?...
Commenter  J’apprécie          90
Nous fîmes lentement le tour de la merveille. Elle pesait sur la plage de tout son poids, comme si elle ne travaillait plus qu'à disparaître, comme si elle avait décidé d'appartenir dorénavant à la terre − ainsi que lui appartenaient ces rochers bas et anguleux, ces maigres plantes, si raides, qui derrière nous étaient plaquées sur le schiste, et que la brise ne faisait même pas frissonner. Mais les rochers étaient bruns : elle était blanche, d'un blanc fade, comme le blanc du lait épanché. Ce blanc-là était bien à elle. C'était un blanc sans lumière, un blanc gelé, entièrement refermé sur lui-même, tournant le dos à toute gloire, avec une résignation à peine pathétique, vraiment le blanc d'une baleine qui ne faisait pas d'histoires, qui fuyait l'éloquence et défiait terriblement les mots ; une baleine d'un naturel très simple, en somme, très proche de nous − une de ces baleines qui font penser : "Dire que nous aurions pu faire une si bonne paire d'amis !..."
Commenter  J’apprécie          70
- La vraie foi, dit-elle, cela doit ressembler aux atomes : il suffit qu’il y en ait un qui éclate…
Commenter  J’apprécie          50
Cette baleine nous paraissait être la dernière ; comme chaque homme dont la vie s’éteint semble être le dernier homme. Sa vue nous projetait hors du temps, hors de cette terre absurde qui dans le fracas des explosions semblait courir vers sa dernière aventure. Nous avions cru ne voir qu’une bête ensablée ; nous contemplions une planète morte.
Commenter  J’apprécie          40
Il avait donc fini de s'opposer, comme tout ce qui vit, de se dresser contre le vent, de châtier la vague, et de faire son profit de toute résistance. Une obéissance insidieuse, une docilité épouvantable, l'entraînaient à se répandre, à se laisser couler dans l'univers.
Commenter  J’apprécie          20
Maintenant, j’avais les yeux bien ouverts, et je regardais vers Odile. Je n’étais pas sûr de la distinguer réellement, mais je crois que je commençais à entrevoir les régions où s’aventurait son esprit.
— Peut-être, reprit-elle, si le monde était assez pur…
— Peut-être, dis-je.
— Mais peut-être, dit-elle, suffirait-il qu’il y ait dans le monde un seul être pur ?… Ne croyez-vous pas, Pierre ?…
— Peut-être, dis-je.
— Eh bien, si chacun de nous essayait de devenir cet être ?… Cela au moins dépend de nous… Nous sommes tout petits, Pierre, c’est vrai ; sans aucun pouvoir, c’est vrai ; mais cela, nous si petits et si impuissants, nous le pouvons. Nous le pouvons, reprit-elle. Les plus petits des hommes peuvent faire cela – un petit effort sur eux-mêmes…
Je sentis, à travers l’obscurité, la force de son regard.
— La vraie foi, dit-elle, cela doit ressembler aux atomes : il suffit qu’il y en ait un qui éclate…
Elle s’était tue. Nous continuions à entendre au loin, si égal, ce bruit qui m étonnait toujours, le grondement de la mer sur les côtes.
— Assurément, dis-je, c’est cela qui changerait le cours du monde.
Elle ne répondit pas. Je tendis la main pour la trouver. Mais elle n’était plus à ma portée.
Ayant fait la lumière, je vis qu’elle avait quitté la chambre.
Commenter  J’apprécie          10
Ce blanc aurait pu être celui de certaines pierres, dont l’effort vers la transparence s’est heurté à trop d’opacité, et dont toute la lumière est tournée vers l’intérieur. Mais on distinguait, par endroits, des taches d’un vert fondant et, près de la tête, des serpentements mauves ou bleu ciel, fort subtils, qui disaient bien leur appartenance. Les teintes de la mort sont exquises : parfois nous croyions voir s’entrouvrir une rose.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (258) Voir plus



    Quiz Voir plus

    A l'abordage : la mer et la littérature

    Qui est l'auteur du célèbre roman "Le vieil homme et la mer" ?

    William Faulkner
    John Irving
    Ernest Hemingway
    John Steinbeck

    10 questions
    504 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , mer , océansCréer un quiz sur ce livre

    {* *}