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Citations sur Siloé (19)

"Le bonheur, c'est quand on n'attend plus, quand l'espoir ni l'anxiété n'ont plus de sens, quand il n'y a rien de ce qui pourrait être qui soit supérieur à ce qui est. Et ce bonheur-là contenait plus que le bonheur : car il ne faisait que rentrer dans cette paix qui vient du sentiment d'un accord intime avec le monde."
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....et si le Bonheur n'existait pas on serait peut être plus heurux
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Alors, au milieu de ce silence, sous le rayonnement du soleil qui, dès le début de l'après-midi, commençait à décliner, venaient des heures d'une vertu inespérée où la terre émettait autant de lumière que le ciel. Les rayons émanant de ces deux sources divergentes se croisaient autour de chaque objet et Simon, la tête renversée sur ses coussins, pouvait suivre sur le plafond les changements qui s'accomplissaient dans le scintillement du sol. Il croyait avoir changé le monde. Car non seulement les objets mais ses pensées même, répondant à cette exigence de lucidité qui voulait que toute ombre fut en même temps rayon, et qui faisait s'évanouir les antinomies les plus familières, s'érigeaient dans une pureté glaciale au milieu de ce désert de clarté, sous les feux conjugués de deux soleils ; et à la faveur de cette clarté presque miraculeuse, Simon ne se lassait plus de regarder en lui, car les visions qui se levaient sur les coudes translucides de l'âme avaient la noblesse qui devait rayonner autour des créatures premières.
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Autour de cet espace silencieux, le ciel fourmillait de présences. Il n'y avait de vie et de mouvement qu'en lui, car la terre semblait avoir cessé de respirer et le torrent, à demi figé, ne faisait plus qu'un bruit menu au fond de la nuit. Le paysage était calme, cruel, étranger à tout. Mais, à sa surface, une clarté insolite était répandue. La lune, jaune, dilatée, parvenue à son éclosion suprême, régnait sur toute la pureté de l'hiver et doublait de sa lueur satinée la blancheur qui émanait du sol. Du côté d'Orcières, la grande muraille érigeait contre la nuit, à une hauteur inattendue, ses parois luisantes sur lesquelles la lune s'appuyait sourdement...
Pour la seconde fois de la journée, Simon eut conscience de se trouver sous la domination d'un monde qui l'attirait invinciblement vers le haut, l'obligeant à quitter la terre et à dépouiller tout ce que ses sentiments pouvaient avoir de trop humain.
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Si Jésus Christ était jugé aujourd'hui, pensait-il, il n'y aurait pas, grâce aux reportages radiophoniques, de coin du monde où l'on ne puisse applaudir au cri stupide réclamant Barabbas ! …
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-Ce que l'on comprend mal, disait Pondorge, c'est qu'il n'y a pas que des règles de contrainte; il y a aussi des règles d'exhaussement, des règles qui aident à plus, à mieux vivre. Voilà ma théorie ! Les êtres positifs, eh bien, c'est ceux pour qui la règle est la condition même et le climat de leur liberté, d'une liberté toujours plus haute. Ah ah, fit-il en lançant soudain à Simon un regard plus aigu, mes opinions vous paraissent un peu roides, n'est-ce pas, un peu démodées ? Mais quoi, s'exclama-t-il en prenant sa figure la plus lunaire, la plus catastrophique, c'est quand on a misé sa vie sur quelque chose qu'on peut commencer à s'élever au dessus d'elle...
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Dès son réveil, il tendait l'oreille vers la fenêtre et s'appliquait à isoler, sur le fond des murmures qui régnaient dans la maison, une rumeur grave et autoritaire à laquelle il sentait qu'un bonheur mystérieux était lié. Complètement allongé sous ses draps, les pieds touchant aux barreaux du lit, le corps étiré, la tête renversée, les reins posées sur la charnière même de l'univers, immobile, il se laissait remplir par cette clameur sauvage, par ce grondement qui s'emparait du ciel et se soumettait à tous les silences, par cette parole surhumaine qui parlait pour toute la nature et racontait la terre, depuis le chaos. C'était une parole qui, à des moments, se heurtait à un arbre, à un rocher et les entraînait. Cette parole-là tombait du ciel, elle coupait en deux la montagne et sonnait contre le granit. Elle avait de grands espaces de rochers, de terre, de prairie à parcourir. Elle retentissait au dessus des temps. Alors, parfois, sachant que cette parole avait pénétré son sommeil et que, le voulût-il ou non, il l'avait toute la nuit recueillie en lui, comme si elle avait coulé le long de sa chair, il se levait en hâte, se précipitait jusqu'au balcon et se mettait à scruter le brouillard, à la recherche du torrent-de ce chant qui retentissait, là-bas, sculptant la terre et recomposant chaque matin la figure du monde.
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De sorte qu'un homme aurait beau avoir toutes les femmes, il n'en aura jamais qu'une seule , et le nombre de ses expériences donne seulement la mesure de son échec…
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Il aurait voulu appeler sur lui les plus grandes douleurs de l'humanité, celle de Prométhée enchaîné à son rocher, celle du Christ. Mais sa douleur à lui ne servait à rien, elle était faite de choses médiocres, elle sombrait dans le ridicule, comme si Prométhée avait eu pour dialoguer, en place d'un chœur de Néréides, un troupeau d'oies.
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Le monde aurait beau l'accabler, il y avait eu dans sa vie cet éclair, cette immense illumination de son ciel, cette prodigieuse aurore sur laquelle il saurait toujours se guider. Il y avait cette image inoubliable et cette inoubliable clarté d'amour. Il y avait donc tout cela, et il y avait un lieu où tout cela était conservé, il y avait une terre où il lui suffirait de poser le pied s'il le fallait un jour, pour que toute force lui fut rendue [...]. Simon pensait de plus en plus que des choses capables d'aspirer un tel amour devaient posséder quelque part une source de vie qui les gardait de périr.
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