J'aurais dû te le dire il y a bien longtemps. Je suis tombé amoureux de toi dès l'instant où je t'ai vue. C'était comme si tu étais une partie de moi que j'avais perdue sans avoir jamais su que je l'avais, jusqu'à ce moment précis. Mais j'étais trop froussard, je me suis dit que je te reverrais.
Moi, je me souviens très bien de toi, poursuivit-il. Le jour de ton arrivée, tu portais un jean et un tee-shirt noirs et tu avais les cheveux un peu plus longs qu'aujourd'hui. Je crois que j'en ai eu le souffle coupé. Tu étais la plus belle fille que j'avais jamais vue de ma vie. Je t'ai regardée prendre un verre de lait et aller t'asseoir toute seule à une table. J'avais une envie folle de venir m'installer à côté de toi, mais j'étais tétanisé par la peur.
A lieu de ça,elle se retrouvait à la tête d'un groupe de gosses capables de tuer quelqu'un et de jeter son corps dans un puits sans le moindre scrupule.
Elle avait appris qu'une grande part de l'autorité reposait ur la capacité à agir en ayant toujours l'air de savoir ce qu'on fait.
Les gens étaient vraiment bien plus imprévisibles que les ordinateurs.
- Chercher à ne pas avoir l'air ridicule est l'un des nombreux fardeaux de la jeunesse, soupira-t-il.
- Hein ? fit-elle d'un air perplexe.
- C'est de John Updicke.
Derrière elle surgit alors un groupe d'adolescents très variés. Certains étaient gothiques, d'autres faisait plutôt skaters et deux d'entre eux étaient grunge. Tous étaient hirsutes et débraillés, comme la plupart de ceux qui vivent dans la rue, mais Téo n'avait jamais vu aucun d’eux auparavant.
En revanche, il en avait entendu parler. C'était une autre de ces rumeurs qui circulaient la nuit, sur le ton de la confidence : il existait une organisation, l'armée de Perséfone, qui se battait pour protéger les jeunes sans-abri. Téo n’y avait pas cru davantage. Une poignée d’ados qui jouaient les Robin des bois des temps modernes ? Il s'était dit que ce n'était qu'une légende urbaine de plus.
Et pourtant, ils étaient là, en chair et en os.
-"Chercher à ne pas avoir l'air ridicule est l'un des nombreux fardeaux de la jeunesse", soupira-t-il.
-Hein ? Fit-elle d'un air perplexe.
-C'est de John Updike.
Peter soupira et regretta de ne pas avoir un manuel d’instructions pour comprendre comment fonctionnent les filles.
Encore un jour glorieux pour l'armée de Persefone.