Citations sur Une enquête de Joseph Laflamme, tome 1 : Jack (22)
À ces mots, le visage de la religieuse se chiffonna...
Sans aucune gêne, elle le détailla delà tête aux pieds visiblement convaincue que son costume et sa fonction lui conférait le droit de juger ouvertement ses semblables.
Joseph reconnut sans mal la condescendance vêtue d'habits charitables.
D’expérience, il connaissait les endroits et les recoins les plus sensibles de son corps et savait les titiller avec un doigté à nul autre pareil. L’adorable petit efféminé était ce qu’aucune femme ne serait jamais : la délicatesse avec un sexe d’homme. Jack avait fait appel à ses services par le passé même s’il coûtait cher, car chaque seconde de la torture qu’il savait si bien infliger valait son pesant d’or.
Elle rêvait de remiser une fois pour toutes ce sexe usé qui la faisait mal vivre et qui ne lui procurait pas de plaisir. Mais elle ne savait rien faire d’autre, et il valait quand même mieux se faire prendre à la sauvette, debout contre un mur dans une ruelle, que de gâcher sa vie dans une usine jusqu’à ce qu’un accident l’estropie et la jette à la rue. Le plus vieux métier du monde, disait-on.
Il n’avait quitté le pouvoir qu’entre 1873 et 1878, alors que les financiers du chemin de fer transcontinental avaient poussé un peu trop loin le financement du parti Tory en échange de contrats de construction et que la chose avait été éventée. Une maladroite erreur de parcours, rien de plus.
Le revolver près de la main de Margaret Smith lui rappela que, malgré l'apparente civilité de la conversation, elle reposait sur un rapport de forces qui ne penchait pas en sa faveur et qu'il n'était pas libre de choisir d'entendre ou non la suite de ce que les agents de Scotland Yard tenaient à lui dire. P.192
Certes, ce n’était pas une courtisane haut de gamme, ni même une putain de luxe, mais un beau brin de fille, propre et bien mise, qui ne faisait pas honte à ses clients en public et qui pouvait imposer ses tarifs.
Il posa l’oreille contre la porte et écouta longuement en retenant son souffle. Rien.
Soit les autres chambreuses étaient en train de se livrer à leur négoce avec un client, soit elles se saoulaient dans un des tripots qui pullulaient dans le quartier, soit encore elles cuvaient leur vin ou reposaient leur corps malmené.
Il tourna doucement la poignée et entrouvrit, les sens aux aguets.
Toujours rien. Il coiffa son gibus, se glissa dehors et referma la porte sans bruit en prenant soin de ne pas la verrouiller. Le cadavre de miss Kelly devait être retrouvé ; on devait pouvoir entrer librement.
On n’organise pas un musée de l’envergure qu’il claironne en neuf mois.
Évidemment, dans les institutions catholiques, ces ouvrages sont interdits, au point qu’ils ne sont même pas conservés à l’index. Il faut protéger l’âme des fidèles, tu comprends ? Et surtout, les curés veulent préserver le contrôle qu’ils exercent sur leurs ouailles. Imagine l’anarchie s’ils se mettaient à penser librement dans une loge !
Peut-être était-ce pour tout cela qu'il s'arrangeait pour revenir ivre de plus en plus souvent. En voyant double dans la nuit, il avait moins de chances de faire face à sa propre médiocrité. P. 36.