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Damné tome 1 sur 4
EAN : 9782755609752
440 pages
Hugo Publishing (10/05/2012)
4.26/5   235 notes
Résumé :
1185, en France. Gondemar de Rossal, fils d’un petit seigneur, naît damné. La malédiction veut qu'il apportera le malheur à sa famille et à tout le village. Objet de toutes méfiances, il mène une enfance triste et solitaire, mais trouvera refuge auprès du père Prelou, prêtre du village et Pernelle, sa seule amie.
A 14 ans, Gondemar fait la connaissance de Bertrand de Montbard, ancien templier, engagé par son père comme maître d’armes afin de protéger le vill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
4,26

sur 235 notes
Magnifique ! Superbe, grandiose, j'en passe et des meilleurs (Adjectifs)...
Je comprends pourquoi mon homme a lu les quatre tomes sans coup férir.
Nous sommes, lui et moi, accros aux romans d'action historiques, et nous ne crachons pas sur un brin de fantastique au passage, autant dire qu'ici, on ne peut qu'être comblés.

Ces temps-là étaient durs.
Dans un style impeccable, vivant, (ou mort, c'est au choix...), H. Gagnon, auteur canadien de son état, nous livre là une guerre de religion (catho contre cathares) bien troussée, assez gore, qui ne s'embarrasse ni de fioritures, ni de raccourcis. C'est juste parfait, donc, à mon goût.
Les personnages sont forts. Même les faibles et même les secondaires ! Que ce soit Florent de Rossal, le père Prelou, Bertrand de Montbard, Pernelle, Evrart de Nanteroi ou Esclarmonde de Foix, quel panache, quels beaux personnages... Même les affreux sont beaux dans leur démesure fanatique, cupide et/ou calculatrice, comme Onfroi, Simon de Montfort ou Arnaud Amaury, légat du pape.
Sans parler de notre anti-héros, Gondemar de Rossal, car c'est de son point de vue que nous vivons le récit.

Si le début est un peu long (l'éducation de Gondemar), il consiste en fait à nous narrer comment celui-ci devient un "monstre", et comment il va en arriver à subir ce qu'il subit.
Car le titre du bouquin est exactement son sort. IL est damné. Et son rachat aux yeux de Dieu passe par une "quête" personnelle, dont il ne sait rien au départ, et qu'on découvre avec lui. Cette quête va lui faire traverser divers enfers, dont le sien propre, notamment.
Etant donné qu'il y a quatre tomes, je me doute bien que l'histoire ne s'arrête pas là, mais la fin, avec ses révélations, apporte une satisfaction notable au lecteur, et on n'éprouve pas forcément le besoin de sauter sur le tome suivant. Je vais les lire, cela est sûr et certain, mais sans précipitation, ce qui n'est pas plus mal.

De plus, connaissant bien la région et, en tant qu'amoureuse des vieilles pierres, quelques-unes des forteresses cathares dont il est question dans ce roman, notamment Montségur, les voir "revivre" dans ce superbe roman est juste un plaisir incroyable.
Je pense que Gagnon a du lui-même y passer quelques temps pour les décrire aussi bien.

Bref, j'ai un gros coup de coeur pour ce roman, à la fois pour des raison "sentimentales" et pour le pur plaisir de lecture que ça a été. Je me dois toutefois de prévenir les âmes sensibles qu'il y a de nombreuses scènes de guerre, de découpages en morceaux, de tortures, de pillages et autres viols. C'est réaliste, en fait. Juste...
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J'avais repéré ce livre et son auteur depuis un certain temps, mais repoussais toujours sa lecture, avec ce sentiment de « encore un livre sur les cathares ? oh bah non… ». À vrai dire, de façon tout à fait paradoxale, je crois bien que je n'ai jamais lu aucun livre sur les cathares, mais il se trouve que mon mari et moi avons un attachement particulier au Sud-Ouest de la France, à travers notamment des amis qui y vivent (dont un depuis toujours) ; or, quand nous allions là-bas (avant que le covid ne nous décide à rester un peu trop sagement en Belgique), au fil de nos déambulations touristico-amicales sur différents sites plus ou moins connus dans la région, nous pouvions constater que les cathares reviennent toujours très, très vite dans les conversations, et l'on ressentait chez les interlocuteurs locaux que nous avons alors rencontrés, cet indéfinissable sentiment d'appartenance à une légende magnifique, exacerbé sans doute par le fait que c'est aussi un événement historique réel et tragique, car tout ça s'est terminé en véritable massacre…
Ainsi, cette dissidence de l'Église officielle médiévale est le plus souvent présentée comme plus pure (et sans aucun doute avec raison, en ces siècles de pouvoir matériel hallucinant pour une Église qui n'avait plus grand-chose de chrétien), comme un nec plus ultra religieux (ah la Vérité !)… ce qui m'a toujours un peu dérangée. En effet, une religion même « pure » reste une croyance fondée sur la seule foi de ses fidèles ; et pour les cathares en particulier, ils n'ont tout simplement pas eu le temps de se déployer à travers les siècles pour dévoiler (ou non ?) d'éventuels travers. Pour ma part, je me méfie toujours un peu de cet idéalisme bien un peu romantique mais non fondé, que j'ai si souvent entendu dès qu'il s'agit des cathares !
J'entamais donc ce livre avec toute cette appréhension, basée sur aucune lecture mais sur une expérience locale épisodique, mais sur plusieurs années de fréquentation de cette très belle région par ailleurs…

Et voilà : à part un petit côté fantastique, qui sert le titre mais qui m'a semblé un peu tiré par les cheveux, Hervé Gagnon a tout bon !
Notre héros, Gondemar de Rossal, est damné dès la naissance en cette fin de XIIe siècle, car né voilé – ce qui est aujourd'hui connu mais rare et considéré le plus souvent comme un signe de chance, était à l'époque une véritable malédiction ! Il grandit sans amour auprès d'un père qui le craint, isolé des villageois qui l'ignorent ou le moquent plus ou moins ouvertement, ayant pour seule amie une villageoise délurée et boiteuse, Pernelle, à peine plus jeune que lui. Son père, homme bon envers ses serfs mais trop mou pour récolter les impôts ou pour défendre le village lors des attaques de bandits, décide d'engager un maître d'armes, qui assurera la sécurité de tous, tout en formant Gondemar au métier de la guerre. C'est ainsi que l'énigmatique Bertrand de Montbard commence la formation de Gondemar, à la dure, tout en lui démontrant bien indirectement la plus grande forme d'affection qu'il ait jamais connue. Devenu seigneur à son tour, ayant détrôné son père trop lâche, l'ancien mal-aimé devient un véritable bourreau pour ceux qui n'ont jamais su ou voulu l'accueillir dans leurs jeux, allant jusqu'à l'innommable. C'est alors qu'il est damné une seconde fois, de la bouche d'un archange en personne cette fois : Dieu ne veut plus de lui, la moindre bénédiction (même adressée à un autre !) deviendra source de douleurs, mais s'il veut sauver son âme malgré tout, car il reste un peu de bonté en lui, il doit s'efforcer de protéger la Vérité. Par les hasards des chemins, il rejoint alors un groupe de vaillants chevaliers en route vers les Sud, pour la croisade contre les hérétiques cathares…

L'auteur nous livre ainsi une histoire pleine d'aventures, de bruit, de fureur, de quelques passages doux aussi, et cette touche de fantastique qui me laisse dubitative. Il nous rend ce moyen-âge avec une certaine érudition : on sent qu'il sait de quoi il parle, que ce soit de par sa formation, ses intérêts particuliers et/ou un immense travail de recherche. Cependant, c'est une érudition qui n'écrase pas le lecteur, au contraire ! le niveau de langage est plutôt courant à tendance soutenue, jamais rébarbatif ou inutilement compliqué, tandis que l'on y trouve des mots et autres expressions que l'imaginaire collectif attribue immédiatement au moyen-âge ou à la chevalerie, et qui prennent alors tout leur sens, sans qu'on ait besoin de faire de longues recherches de vocabulaire pour les appréhender. Par ailleurs, ça ne ressemble pas non plus à un ouvrage historique de vulgarisation, même si par moments on n'en est pas tout à fait loin : la grande Histoire s'intègre toujours dans la « petite » histoire de Gondemar, comme une jolie main enfile un gant de soie, tout naturellement. Notre héros côtoie des personnages historiques réels, qui sont alors juste assez romancés pour participer à l'action de façon naturelle.
En outre, les différentes étapes de sa vie, qui en font une vraie fresque, sont très réalistes et généralement touchantes. L'auteur décrit avec une acuité très « moderne » (car je doute qu'on se soit soucié de ce genre de choses au moyen-âge) le parcours d'un enfant rejeté à cause d'une malédiction superstitieuse, qui grandit dans le désamour des siens, est éduqué par un vieux prêtre qui est l'un des rares à l'accepter mais dont les connaissances sont limitées, puis se forge au contact d'un maître de guerre qui se prend d'affection pour lui mais sans jamais réellement la lui montrer. Enfant maudit un jour, adulte mauvais toujours semble-t-il : c'est toute l'histoire d'un enfant malaimé (de nos jours, on n'hésiterait pas à parler de maltraitance) qui devient à son tour un adulte incapable d'aimer, un grand classique en fait ! … et pourtant non, il reste ce petit « quelque chose de bon en lui », qui a bien une certaine consonance biblique en fait ! et pour cela, il est maudit mais épargné, et fera un sacré chemin même !

Je n'irais pas jusqu'à dire que Gondemar est un personnage attachant : il a quelque chose du anti-héros qui fait qu'on est tour à tour horrifié ou peiné pour lui ; on aimerait qu'il rencontre l'amour, éventuellement qu'il se passe quelque chose avec Pernelle même si on admet que ça n'aura pas lieu, mais on a vraiment envie qu'il s'en sorte et la malédiction de l'archange est juste horrible… mais en même temps, il a ébranlé nos certitudes, alors on est ému sans avoir envie de l'aimer tout à fait.
Aux côtés de Gondemar, j'ai beaucoup aimé la personnage fragile et forte tout à la fois que représente Pernelle, ou la dureté qui cache l'affection d'un Bertrand de Montbard.

Un autre aspect positif à mes yeux est que l'auteur a su rester plus ou moins impartial dans son propos, tout au long de ce livre foisonnant. Oh ! il laisse entendre que Gondemar est un enfant terriblement seul et attendrit le lecteur, mais jamais il ne le plaint ouvertement, et l'approuve encore moins quand, peu à peu, il prend sa revanche sur les villageois par exemple. Il laisse entendre que l'Église catholique de cette fin de XIIe – début de XIIIe siècle est décadente (mais ce n'est pas une nouveauté historique), bien davantage préoccupée par ses possessions terrestres et ses victoires militaires à tout-va, que par le message des Évangiles. Par le biais des dialogues notamment, on entend bien que les noblions des contrées du nord de la France sont davantage occupés à s'octroyer de nouvelles terres dans le Sud, et au passage à sauver leur âme (car la participation à cette croisade albigeoise leur garantissait une indulgence plénière !), mais ne se soucient en aucun cas de la religion cathare dont ils ignorent tout. le Pape a dit que c'est le Mal ? Alors qu'on les tue tous, femmes et enfants compris, et « Dieu reconnaîtra les siens » (phrase attribuée à l'un des chefs croisés). Mais pour autant, comme je disais plus haut, s'il fustige –et avec raison !- la cruauté sanguinaire des croisés quand ils attaquent les cathares, il ne « condamne » (le mot est mal choisi vu le contexte mais je n'ai pas mieux) pas non plus les catholiques en tant que tels, puisque même Gondemar a une chance de salut, puisque même Bertrand de Montbard pourrait évoluer… de même, il n'idéalise pas non plus cette religion cathare – même s'il est évident qu'il lui attribue le meilleur rôle – mais prend la peine d'en expliquer les bases principales de la bouche d'une « parfaite », c'est-à-dire avec une certaine conviction, mais sans ce prosélytisme que l'on trouve très vite dans d'autres religions. D'ailleurs, ladite « parfaite » ne cherchera pas explicitement à convertir Gondemar, elle lui demande seulement d'essayer de la comprendre et de la respecter, sans jamais rien forcer d'autre. Réellement, j'ai beaucoup apprécié cette neutralité religieuse, toute relative puisqu'on sent malgré tout où vont les amitiés d'Hervé Gagnon, mais rien n'est jamais asséné comme une Vérité (sans jeu de mots) que lui, auteur, voudrait faire passer au lecteur – reste au lecteur, donc, à tirer ses propres conclusions…

Et ce n'est pas tout ! Outre cette qualité de la langue, le partage des connaissances sur cette période mouvementée mais pas toujours facile à décoder, une impartialité de bon aloi en ce qui concerne les religions, ou encore l'attachement (malgré une certaine distance dès que ça concerne Gondemar) aux personnages, j'ai beaucoup aimé aussi toutes les descriptions « militaires » : que ce soient les forteresses cathares avec leur situation stratégique et tous leurs équipements, ou plus simplement les quelques scènes de petits (avec les bandits) et grands (avec les croisés) combats, on s'y croit vraiment. On sent l'odeur du sang envahir les rues de la cité, on ressent la furie guerrière qui prend les différentes factions en présence, cette espèce d'état second qui leur permet tout à coup de tuer sans état d'âme… malgré les doutes qui sont toujours bien là quelque part au fond de leur coeur ; on entend le bruit des milliers de sabots des chevaux sur cette immense plaine où les croisés attendent de partir à l'assaut des citadelles cathares, on sent l'odeur infâme d'un tel campement monstrueux qui ne connaît pas encore le mot « hygiène ». En quelques mots bien choisis, l'auteur nous y plonge comme si on y était, et c'est bien davantage qu'une écriture cinématographique, car on n'a pas l'impression d'être face à un film, ce n'est pas de cet ordre-là ; on a vraiment le sentiment d'être en immersion dans ce décor… avec la facilité d'en sortir quand tout à coup, au détour d'une scène un peu plus cruelle (car l'auteur ne nous épargne pas toujours, or on sait trop que ça a été réel), on a besoin de respirer un autre air !

Ainsi, mon seul petit regret dans toute cette histoire apparaîtra comme bien minime au vu de tout ce qui précède : je n'ai pas accroché au passage dans lequel Gondemar est officiellement « damné » par l'archange Métatron. On se retrouve tout à coup dans une espèce d'expérience de mort imminente, tout à fait inattendue dans le contexte et, si les qualités citées plus haut (notamment la qualité du texte) sont toujours bien présentes, j'ai eu l'impression de me retrouver dans une espèce de bit-lit bien éloignée du livre que j'avais commencé, pour y replonger ensuite.
Il n'y avait sans doute pas des milliers de façons de présenter cette damnation terrible que subit Gondemar - et le lecteur ne cesse ensuite d'osciller à se demander si elle était méritée ou non… Méritée, au vu de ses actes, sans aucun doute ; mais la sentence, ces douleurs qui surviennent dès qu'il entend la moindre bénédiction, pour moi c'est quelque chose d'impensable ! mais qui participe sans doute à cet attachement teinté de distance que l'on ressent pour notre personnage principal. Quoi qu'il en soit, dans cette partie-là, l'auteur a joué le jeu à fond comme dans toutes les autres parties, mais d'une certaine façon, on sort tellement de l'ambiance générale que ça ressemble bien un peu à un délire soudain, qui ne cadre pas tout à fait avec le reste, et moi je n'ai pas accroché.

Mais donc, à part cette (toute) petite déception sur une partie bien précise, relativement courte (au vu de l'ensemble) mais essentielle du livre, j'ai beaucoup apprécié cette lecture érudite mais sans jamais écraser le lecteur, pleine de bruits et de fureur. On aime aussi l'absence de prosélytisme religieux de l'auteur : les catholiques attachés au pape ne sont jamais tout à fait désignés comme irrécupérables, tandis que les cathares ne sont pas davantage idéalisés ! le personnage principal émeut autant qu'il rebute parfois ; il n'est donc pas tout à fait attachant, mais on suit ses péripéties avec un mélange d'angoisse et d'intérêt, et on espère réellement qu'il sera sauvé… Une lecture exceptionnelle, qui rate le coup de coeur à cause du petit bémol mentionné plus haut.
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Gondemar de Rossal est né en 1185 en pays cathare, son père a eu des difficultés pour avoir cet héritier qui en plus est né avec un signe de malédiction : un voile !
Son enfance est triste, solitaire car les villageois le fuient et, c'est auprès du père Prelou qu'il va apprendre à lire, écrire, les autres enfants le rejettent, le harcèlent en particulier un voyou nommé Onfroi qui a violé son amie boiteuse : la douce Pernelle..
Florent, son père fait venir un maître d'armes : Bertrand de Montbard, ancien templier pour repousser les attaques incessantes des brigands qui ravagent le village et ses habitants mais aussi pour que ce dernier l'entraîne à devenir un bon guerrier. Mais, au fil des années, Gondemar se perfectionne et devient féroce avec ses serfs, ses parents : il détruit tout ce qui lui résiste jusqu'au jour ou il est décapité par des brigands. En enfer, il rencontre l'archange Métatron qui lui propose un marché : il aura la vie sauve à condition de protéger la Vérité pour expier son âme noire et aller se battre en Damné vers le Sud !
Au Sud, il va rejoindre les Croisés d'Ernest de Nanteroi pour abattre les Cathares qui ne reconnaissent pas la suprématie d'Innocent III et la religion catholique, mais il va vite comprendre que l'Eglise est décadente, que les Croisés sont surtout préoccupés à prendre possession des territoires, des richesses pour leur compte personnel et qu'ils sont impitoyables avec les populations et en particulier avec les Cathares qui leur résistent farouchement ! C'est au nom de " Deus Vult " qu'ils massacrent, pillent, violent ! Lors d'un affrontement contre les Cathares, il est blessé mortellement par un carreau d'arbalète et il va être sauvé par le camp ennemi ou se trouve Pernelle devenue une " parfaite" cathare par le "consolamentum", elle va le guérir, le présenter à ses amis : Ugolin le géant, Pierre Roger de Cabaret. Après avoir entendu et vu les Cathares sous un autre angle : celui de la bonté, de la générosité, de l'honneur et, après avoir retrouvé son ancien maître Montbard se battre à leurs cotés, il décide de les aider à résister aux Croisés ! Ce sera la célèbre croisade des Albigeois avec la mort de 200 parfaits qui n'ont pas voulu abjurer leur foi, avec la " Malvoisine " : une catapulte qui a fait tomber Minerve, et un grand nombre de villes du Sud-Ouest et, il aura l'occasion de tuer Onfroi, son ennemi d'enfance et venger Pernelle, mais devant l'arrivée en nombre des Croisés : ils vont battre en retraite pour sauver Esclarmonde de Foix et la cassette que Montbard avait ramenée de Saint Jean d'Acre, se réunir autour du Magister pour recomposer l'Ordre des Neuf ( fondateurs ) et lire les parchemins de la cassette ou Ponce Pilate révèle que Jésus n'est pas celui que les Catholiques vénèrent, qu'il n'est pas mort et donc pas ressuscité : telle est la Vérité que défendent les Cathares ! Et, Gondemar le Damné va continuer son chemin et, protéger cette Vérité ( dans des prochains épisodes )...
L.C thématique d'avril 2023 : roman historique.
Challenge ABC 2022/2023 .
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Gondemar de Rossal, fils du seigneur Florent de Rossal, est maudit dès la naissance. Rejeté, isolé, damné, il apprend les lettres et les mathématiques avec le père Peron. Il se lie d'amitié avec Pernelle, une paysanne solitaire. À 13 ans, après l'humiliation, la perte de son amie, il se ferme définitivement à la bonté et la joie de vivre. Il se nourrit de haine, de vengeance. C'est le moment pour son père, impuissant devant les intrusions de brigands sur le territoire, d'engager un maître d'armes puissant, aguerri. Bertrand de Montbard. Un ancien templier, chevalier du christ, la main de Dieu. Un des participants aux combats légendaires en terre sainte. Bertrand affranchit Gondemar, un adolescent qui deviendra tyrannique, agile, intelligent, buté, l'esprit vengeur, un assassin. Jusqu'au jour où pris dans une embuscade, malgré son talent de combattant, il meurt.
Dans les limbes, un archange au service du Tout-Puissant lui propose un marché. Défendre la vérité pour le salut de son âme. Une deuxième chance.
« Puisque tu as fait ton choix, je te marque du sceau de la Vérité. Par les pouvoirs que me donne le Créateur de tout ce qui a été, est et sera, tu vivras jusqu'à ce que la Vérité soit préservée ou perdue. Tu vivras avec le souvenir des tes morts et de tes fautes. Tu tomberas plusieurs fois. Puis tu te présenteras à nouveau devant ton Créateur pour entendre son jugement.» (p184)
C'est ainsi que Gondemar le miraculé se rendra vers le Sud, au pays cathare (Languedoc, France), où pullulent les hérétiques. L'aube d'un massacre au nom de Dieu approche, la prise de Béziers et les villes de la région. . Ce qui suivra est une suite d'évènements surprenants, sombres, joyeux, composés de scènes sanglantes, millimétrées, de la misère abondante, de l'injustice, de la solidarité. Un tout fabuleux. Une fresque de mort et de survie, de retrouvailles et d'adieu. Femmes, enfants et vieillards. Tout le monde marche sur un amas de chair suintant de sang, résultat d'une bestialité sans nom. Des raisons, des combats aux conséquences aussi redoutables (même si un massacre n'est pas comparable…) que ce que la guerre mondiale nous a imposé avec Birkenau, Auschwitz, les génocides rwandais ou arméniens. Je n'ai pu que regarder l'église d'un oeil dégouté en constatant la manière dont elle a imposé son autorité au monde.
L'entrée en matière est plaisante. Malgré que l'époque, le XIIIe siècle, soit rude, le peuple doit survivre aux intempéries, aux mauvaises récoltes, à la pauvreté qui contraste nettement avec la richesse seigneuriale et le pouvoir de l'église. Dieu est sur toutes les lèvres, source de la crédulité profonde des gens, influe sur leur quotidien, les superstitions et les belles histoires. L'auteur le précise dès le début en plantant le décor, la relation entre les individus, le lecteur est téléporté dans l'époque avec une aisance étonnante. L'usage de la confidence de Gondemar permet cette interpellation soudaine. Il raconte sa vie. Ses tribulations. Tout fonctionne à merveille. Les discours familiers, l'humour, les détails au compte-goutte sous le regard d'un personnage principal. La complexité des détails historiques ou des objets, des tenues vestimentaires, de la nourriture sont intégrées dans l'aventure sans étirement fastidieux. C'est le pari réussi, avec un talent affuté, que l'auteur nous partage sa connaissance du milieu. Donc, les néophytes peuvent profiter aisément.
Le ton, la glissade de mots, la limpidité, la cohérence, la volonté de ne pas maintenir une intrigue trop longtemps, passer à une phase supplémentaire à chaque fois, changer de point de vue, relancer le débat, l'action. le passage fantastique ne casse rien dans le genre. Il y a bien d'autres qui ont poussé l'imagination jusqu'à la Fantasy comme GRR Martin et « le trône de fer ». Alors, une petite intervention divine n'est pas exagérée, ni simpliste, un choix risqué, mais intéressant. Là, il ne s'agit que d'un élément de ce premier tome d'une tétralogie. Une intervention dont, à la fin de l'héritage des Cathares, j'espère retrouver le même maintien de l'ambiance, de rebondissements, de surprises, affrontements physiques et idéologiques, de guerre abattoir, le peu de place offert à la joie dans la misère du siècle, la dureté, la légèreté de l'écriture, la force de conviction en bien ou en mal qui insuffle le courage dans une atmosphère d'insécurité… Et j'en passe.

"Chacun pose les gestes qu'il croit nécessaires et doit ensuite vivre avec sa conscience." (p399)
Je vous le conseille fortement.

Personnellement, je vous partage une petite crainte. J'ai pu constater qu'il y aurait 4 tomes. Les suites sont souvent risquées et surtout redondantes. J'avoue que je me lasse vite à cause de cela. Je vous renvoie à une impression partagée récemment sur Facebook :

« Je me surprends à souffler dès que je m'aperçois qu'un livre que j'ai feuilleté est le premier d'une série. Une pandémie de feuilletons qui a envahi les chaînes sur le câble a contaminé le monde du livre. Ou vice versa. Mais j'ai l'impression que c'est bien le premier qui a influencé le deuxième. Je me lasse de rencontrer cette maladie, cette mode plutôt, d'étirer des histoires qui ne devraient pas toujours être à rallonge. Je me doute bien que cette méthode commerciale hautement étudiée est inhérente à un intérêt économique surdimensionné. Certains cycles sont nés pour être cycles, inévitablement. D'autres devraient en rester à un ou deux tomes sans en réduire le cachet de l'excellente histoire étoilée. J'ai l'impression que la masse simplifiée étouffe la beauté de la simplicité plus brève, plus riche. Je n'en maîtrise pas les tenants et les aboutissants. Néanmoins, j'inhale une goulée d'ennui et expire longuement un léger espoir. Celui que les lecteurs ne soient pas si naïfs que je pourrais le croire. »

Donc, je suivrai le conseil de Mr Hervé Gagnon. Je dois essayer la suite pour me fixer. Je verrai donc avec le T2 : le fardeau de Lucifer.
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Damné 1, l'héritage des cathares d'Hervé Gagnon, lu par Olivier Chauvel, Éditions Audible

Quand @leslecturesdadrienne m'a proposé cette lecture commune, je ne pouvais qu'accepter. Tout d'abord parce que j'ai entièrement confiance en Adrienne et parce que depuis le temps que j'entends parler de cette saga historique, j'ai pensé que c'était le moment idéal pour me lancer.

Dans ce roman, j'ai donc fait connaissance avec Gondemar de Rossal, né maudit et fils d'un petit seigneur. À son adolescence, son père engage Bertrand de Montbard, ancien templier, pour faire de Gondemar un guerrier qui saura défendre ses terres. le destin de ce dernier le mènera sur les routes des Cathares , des templiers et des croisés...
Dès les premiers instants, j'ai été embarqué au moyen âge grâce à la plume efficace et percutante d'Hervé Gagnon mais également grâce à la voix envoûtante d'Olivier Chauvel.

J'ai tout de suite apprécié Gondemar malgré la violence et la colère ancrées en lui. Son caractère évolue tout le long du récit mais sa haine reste bien attachée. Malgré cela, j'ai aimé me trouver à ses côtés tout au long de l'histoire. Quant à Bertrand, son histoire est émouvante et m'a beaucoup ému . Il n'est pas rancunier et sa philosophie de vie fait de lui un personnage très attachant.
Dans ce monde très masculin se trouve Pernelle, une des rares femmes du récit. Elle a vécu beaucoup de malheurs et malgré sa vie difficile, elle se relève toujours beaucoup plus forte. Elle est époustouflante.

Quant à l'histoire, j'ai aimé plonger dans cette période moyen âgeuse. Les scènes de violence sont très (trop) bien (d)écrites. Cela m'en a donné des hauts le coeur mais reflète bien l'ambiance malsaine de cette période. L'auteur m'a également éclairé sur les différences des divers ordres : cathares, templiers et croisés. Ce roman est très bien documenté.

Le récit est captivant et il m'a été difficile de lâcher ma lecture (mon écoute). C'est un gros coup de coeur. J'adore les romans historiques qui savent me faire voyager et Damné en fait partie.

Un grand merci à @leslecturesdadrienne pour sa proposition de LC et à Hervé Gagnon pour notre rencontre sympathique lors du festival du livre de Paris.

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critiques presse (1)
HistoiresSansFin
20 juin 2012
Début d’une quadrilogie, Damné se dévorera cet été et restera, certainement, parmi les meilleurs romans historiques de l’année.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Tout commença en l'an de notre Seigneur 1185, au début du règne de Philippe Auguste, roi de France et septième de la dynastie des Capétiens. C'était l'automne. L'été avait été pluvieux et frais. L'hiver était précoce et s'annonçait rude. Dans les villages de la seigneurie de Rossai, les récoltes, fort mauvaises, avaient été engrangées. Le bois avait été coupé, fendu et mis à sécher par les hommes. Les femmes et les filles avaient cueilli les fruits sauvages et en avaient fait des confitures. Elles avaient ramassé les herbes et les avaient suspendues aux murs des maisons pour les faire sécher. Elles avaient récolté les légumes et les avaient rangés dans les caveaux où le froid les conserverait durant l'hiver. Les quelques bêtes dont le village pouvait se passer avaient été abattues et leur viande séchée ou salée par ceux qui pouvaient s'offrir du sel. Le gros du bétail était rentré dans les étables, où le foin accumulé pendant l'été les nourrirait durant les mois d'hiver. La volaille était au poulailler. Dans les maisons, les vêtements étaient rapiécés, les chaussures réparées, les instruments aratoires affûtés et la laine cardée, foulée et filée.
Les villageois savaient déjà qu'ils ne mangeraient pas à leur faim avant la prochaine moisson. Ils en avaient l'habitude. Tous les trois ou quatre ans, ils devaient affronter la famine et se retrouvaient réduits à survivre de racines pour lesquelles ils devaient rivaliser avec les bêtes de la forêt. Ils s'en trouvaient quittes pour de terribles spasmes aux entrailles, ce qui avait parfois l'avantage discutable de les emporter plus vite que la faim. Chaque fois, le village perdait des vieillards, mais aussi nombre d'enfants dont les bras valides manqueraient plus tard aux travaux des champs. C'était là le triste sort de tous les serfs. Mais on ne refait pas sa destinée; on l'accepte avec résignation en espérant une vie meilleure au paradis, une fois achevée la misère du séjour sur terre. Personne ne sait cela mieux que moi.
Florent était seigneur de Rossai. Seigneur était un bien grand mot. La seigneurie sur laquelle il régnait n'était, au mieux, qu'une modeste constellation de hameaux, tous plus misérables les uns que les autres. Petit homme chétif, calme et compatissant, il était entré dans la cinquantaine. Lui-même nobliau aux moyens fort modestes, il voyait la plus grande part du peu que produisait sa seigneurie passer entre les mains de son suzerain, le baron de Sancerre. Il faisait néanmoins de son mieux pour adoucir la vie des serfs qui tentaient de subsister sur ses terres. Le coeur trop tendre pour la position qui était la sienne, il ne pouvait se résoudre à exiger d'eux des paiements qu'il les savait incapables de verser et les reportait trop souvent. Sa fortune subissait ainsi les contrecoups de sa générosité. Mais, pour cette raison, il était aimé de tous. Alors que, en règle générale, les seigneurs étaient craints, il faisait l'objet d'une familiarité peu commune qui n'excluait nullement le respect. Loin de baisser les yeux lorsqu'ils le croisaient, les serfs lui souriaient franchement et lui adressaient toujours quelques paroles amicales qu'il leur retournait avec bienveillance. Certains, chose impensable, osaient même le toucher.
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Les villageois savaient déjà qu'ils ne mangeraient pas à leur faim avant la prochaine moisson. Ils en avaient l'habitude. Tous les trois ou quatre ans, ils devaient affronter la famine et se retrouvaient réduits à survivre de racines pour lesquelles ils devaient rivaliser avec les bêtes de la forêt. Ils s'en trouvaient quittes pour de terribles spasmes aux entrailles, ce qui avait parfois l'avantage discutable de les emporter plus vite que la faim. Chaque fois, le village perdait des vieillards, mais aussi nombre d'enfants dont les bras valides manqueraient plus tard aux travaux des champs. C'était là le triste sort de tous les serfs. Mais on ne refait pas sa destinée; on l'accepte avec résignation en espérant une vie meilleure au paradis, une fois achevée la misère du séjour sur terre. Personne ne sait cela mieux que moi.
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Amer, je savais que Dieu ne me prêterai vie que jusqu'à ce que j'accomplisse la tâche qu'il m'avait confiée - que je réussisse ou que j'échoue. Mais, visiblement, je n'étais pas invulnérable, ni dispensé de souffrances. Les blessures, les infirmités et les maladies restaient mon lot. Une condition humaine cruellement prolongée, en quelque sorte. L'état dans lequel je m'étais retrouvé en était la preuve indiscutable. Dit simplement, pour le moment, je n'étais pas autorisé à mourir.
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- L'Ordre vous manque ? (Gondemar)
- Chaque jour que Dieu me donne. Plus que je ne puis l'exprimer. Le Temple était ma vie... Dans mon âme, je demeurerai un templier jusqu'à ma mort. Que je porte ou non la croix pattée sur mon vêtement, elle est gravée dans mon cœur. (Montbard)
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- Qu'est qu'un Cathare, exactement ? Le père Prelou m'en a dit un mot jadis, mais je crains qu'il ne l'ait jamais vraiment su lui-même. Que leur reproche-t-on, au juste, qui mérite que le pape mobilise la chrétienté contre eux ? (Gondemar)
- Je suis soldat, pas théologien, grommela Montbard. Je sais qu'il renient la croix de notre Seigneur et rejettent les sacrements de l'Eglise. Avant que je ne quitte l'Ordre, la rumeur courait qu'ils avaient des liens avec les templiers, mais je n'ai jamais su lesquels et je n'ai pas posé de questions car cela ne me concernait pas. Pour le reste, qu'il te suffise de savoir que Sa Sainteté le pape Innocent III a décrété que leur foi était une erreur et qu'ils devaient être convertis par la force ou exterminés. Nous n'avons pas à discuter son jugement, mais à y obéir.
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Vidéo de Hervé Gagnon
Trois entre­vues en solo et en rafale avec des auteurs autour d'un même sujet: la musique dans la lit­téra­ture. Quand des auteur·rice·s men­tion­nent des titres musi­caux ou ajoutent des paroles dans leurs pages, cela ampli­fie notre com­préhen­sion de l'univers du livre et nous amène sou­vent vers la nos­tal­gie. Pour dis­cuter de musique dans la lit­téra­ture québé­coise, le Salon a invité Hervé Gagnon (Cross­roads: la dernière chan­son de Robert John­son), Richard Ste-Marie (Stig­mates) et Marie Hélène Poitras (La désidéra­ta) à des entre­tiens express. Ani­ma­tion: Valérie Roberts.
Avec: Hervé Gagnon, Auteur·rice Marie Hélène Poitras, Auteur·rice Richard Ste-Marie, Auteur·rice Valérie Roberts, Animateurrice
Livres: Désidérata (La). Stigmates Crossroads
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