Roman Opalka est un artiste à l'engagement singulier. Pendant 46 ans il s'est consacré à un unique et colossal projet : la représentation du temps qui passe à partir d'enregistrements, de photographies et, surtout, d'une unique série de nombres, de 1 jusqu'à cet inconnu, qui tend vers l'infini mais qui, nécessairement, sera défini et marquera sa mort. Toile après toile, il compte et, ainsi, mesure le temps dans une unité inconnue. Une telle rigueur implique une ascèse qui laisse circonspect tout en forçant le respect.
Dans ce récit,
Claudie Gallay s'expose en même temps qu'elle nous raconte. Son immense respect pour Opalka transpire page après page. Sa démarche l'a frappée et la remue au plus profond d'elle-même. Ce n'est pas moi qui l'en blâmerait. Alors elle expose, explique et établit des ponts entre l'artiste d'origine polonaise et l'écrivaine en elle. Des ponts que parfois j'ai hésité à traverser, mais elle est la mieux placée pour décider de les construire. Peut-être ai-je été réticente parce qu'il m'a semblé que le récit manquait de corps. Mais certainement je ne pourrais lui faire aucune critique quant à son âme. Il y a une douceur dans l'écriture et une fidélité à l'artiste qui m'ont émue. Les
Détails d'Opalka sont contés à la fois objectivement et poétiquement. À travers eux,
Claudie Gallay s'est fait la passeuse d'un temps pourtant indicible. Pour lui, pour elle et pour nous, elle a traqué, sans jugement, les erreurs au fil des toiles et s'est essayée à l'expérience. Son récit est beau et donne à réfléchir en nous plaçant face à notre individualité dont le temps est nécessairement compté.
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