Il la lava avec de l'eau de pluie et remplit son regard de rosée : il n'aurait pas supporté qu'elle ne connaisse jamais plus le bonheur des larmes versées pour rire, aimer ou soigner ses blessures.
Autrefois, des poèmes dansaient en lui ; elle était si présente, si aimante, qu’elle l’envahissait parfois, tout autant qu’il la trouvait lointaine quand elle s’enfermait.
Même si elle avait toujours su lire l’âme des gens qu’elle croisait, elle aimait les histoires enfuies en lui, qu’elle ressentait avant même qu’il en eut connaissance.
Elle avait aimé le Phénicien pour ces mots, comme elle aimait le Fauconnier malgré ses silences.
Elle fit quelques rencontres, elle aima le Sculpteur de vent, se risqua près du soleil, et ses ailes finirent par se détacher, dans une inconscience icarienne propre à la jeunesse.
Partir alors, avait été pour elle, la seule possibilité de vivre sans devenir un oiseau encagé.
Et, plus encore et sans oser l’avouer, la Gardienne voulait être aimée comme une femme, être caressée, elle voulait faire chanter son corps et danser le désir qui brule la peau et libère l’âme.
Son bonheur à lui, dépendait totalement de sa joie à elle et il mesurait pas la lourde responsabilité qu’il lui confiait sans le vouloir : elle était tout pour lui, elle devenait sa vie.
Il la prit dans ses bras et, dans le silence qui le définissait, il la berça comme l’enfant qu’elle était restée.
Elle avait amassé tant d’amour que, pour le bruler, elle avait allumé un brasier démesuré.