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L'histoire se passe dans un asile de fous en Russie au XIXème. Asile qui ressemble à s'y méprendre à une salle de torture. le nouvel arrivant a des moments de lucidité. Jusqu'à ce qu'il découvre trois fleurs de pavot… Une nouvelle glaçante sur l'univers psychiatrique.

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Dans cette courte nouvelle (40pages en version poche) dédiée à Ivan Tourgéniev, Vselovod Garchine parle d'un sujet qu'il connaît bien : la folie.

Il décrit cet environnement étrange et inquiétant (l'hôpital psychiatrique) d'une manière saisissante notamment grâce à un jeu de regards :
* le regard du fou (sur lui-même, sur les autres et sur sa 'destinée' donquichottesque) ;
* le regard froid et distant des médecins et personnels soignants ;
* le regard parfois très cynique du narrateur.

La langue de Garchine est tour à tout chirurgicale et lyrique mais toujours très économe et c'est dans cette précision qu'est la puissance de son texte. Une telle écriture rend le récit inquiétant et angoissant alors qu'aucune des actions ne le justifie réellement.
L'un des tours de force de cette oeuvre est donc dans l'alternance des épisodes de folie et surtout de l'arrivée de la beauté des fleurs du jardin, un Eden où les malades n'ont parfois pas ou peu accès qui est en opposition totale avec ce lieu infernal étrange et froid qui ressemble à une immense salle de torture du Moyen Age. Et c'est cette beauté (3 fleurs de pavot) qui devient l'objet même de la folie du dément et incarne pour lui la quintessence du Mal incompréhensible pour ce "philosophe" et pour ceux qui l'entourent.

Garchine a un discours réaliste, poétique et presque comique sur l'obsession irraisonnée de ce malade, une façon de parler de la folie comme on ne l'a jamais vu en littérature (même pas Maupassant !).
La fin d'ailleurs, bien que comique reste quand même glaçante...

Une superbe découverte !
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Une nouvelle d'une force incroyable.
Un homme que l'on nous présente comme fou est enfermé dans un asile au 19ème siècle. J'avoue que j'ai encore un doute sur sa folie car ses mots résonnent dans ma tête comme ceux d'un poète qui transcende le temps et l'espace : « Je sens et j'éprouve que le temps et l'espace ne sont que des fictions ! Je vis dans tous les siècles. Je vis en dehors de l'espace, partout ou nulle part, comme il vous plaira. » J'y vois une part de vérité ; on est tout, on est rien, sur cette terre...
Arrivé dans cet établissement surpeuplé, les médecins lui parlent avec force raison et distance gardée, et semblent prendre les mesures adéquates mais ne comprennent rien à ce que vit cet individu.
La peinture de l'asile est épouvantable, personne ne voudrait y résider et l'auteur rend très bien cette atmosphère avec des précisions dans les intérieurs (notamment la description de la salle de bains est effroyable).
Alors que le patient aperçoit une fleur rouge de pavot, il pressent qu'elle contient tout le mal de l'humanité. Il pense qu'en absorbant avec son corps les ondes négatives diffusées par la plante et bien conscient qu'il en mourra, il pourra sauver le monde (grande idée !).
J'ai beaucoup apprécié la plume de Garchine qui fait ressentir l'angoisse et la folie de manière frappante. Cette nouvelle est très intéressante, j'ai trouvé qu'on frôlait le surnaturel par moments. « Le fou sentait le Mal sortir de la fleur en longs fils rampants, semblables à des serpents. Ceux-ci l'enlacèrent, s'entortillèrent avec force autour de ses membres et imprégnèrent tout son corps de leur suc effroyable. »
Un texte fort qui porte à la réflexion sous bien des angles. J'ai beaucoup apprécié.
Et aujourd'hui, qu'en est-il de nos hôpitaux psychiatriques français… ?
Extrait du rapport d'activité 2015 du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) : « En psychiatrie (…) le CGLPL constate que, trop souvent, l'enfermement entraîne une infantilisation et une déresponsabilisation des patients, que les préoccupations de sécurité infiltrent les pratiques psychiatriques, et que la crainte des fugues ou le sous-effectif des soignants conduisent à priver les patients de l'attention ou des marges de liberté qui devraient leur être accordées. »
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Dans la peau d'un malade mental
Ce récit, à la troisième personne, d'une trentaine de pages, nous fait pénétrer à l'intérieur d'un asile d'aliénés mais surtout nous immerge dans l'esprit d'un malade mental.

Le nouveau pensionnaire débarque à l'asile en prétendant qu'il est inspecteur, chargé de contrôler la maison de fous. Il n'a pas dormi depuis deux nuits, les agents du train ont dû lui passer la camisole de force, son costume est en lambeaux, un tremblement convulsif agite sa lèvre et il visite les lieux au pas de charge. Et puis c'est le bain forcé, la glace qu'on lui met sur la tête, ses délires de persécution, l'évanouissement. Quand il se réveille au milieu de la nuit, il est hyper lucide. Il sait qu'il est malade, il se souvient de tout. Le lendemain il dialogue avec le médecin sur l'inutilité de l'enfermement. Ses forces s'amenuisent. Il ne dort presque plus et toute la journée, il est en mouvement. Il déambule en long en large et sent confusément qu'il a une mission à accomplir pour tous ces gens : détruire le mal dans le monde.
Le récit est d'abord d'un réalisme saisissant. L'auteur lui-même malade mental connaît bien l'univers austère d'un asile d'aliénés, les réactions des employés, des médecins etc. L'immersion dans l'esprit du personnage est fascinante. Au début de la nouvelle, ses moments de lucidité alternent avec ses moments de confusion. Et puis avec l'accablement et la fatigue ses obsessions prennent peu à peu le dessus, il voit le mal autour de lui et veut se sacrifier pour sauver le monde. Le récit prend alors une dimension mystique, très russe, et toujours très autobiographique: Garchine, jeune aristocrate, s'est engagé dans l'armée en 1877 pendant la guerre contre la Turquie, pour connaître et partager les souffrances du peuple. Il en est revenu brisé. Il s'est suicidé à l'âge christique de 33 ans.

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"La Fleur rouge" est une courte nouvelle du russe Garchine, rééditée ce mois-ci par L'Arbre Vengeur dans le soucis de défendre un texte indisponible depuis trop longtemps.

En cinquante pages tendues, Garchine va directement à l'essentiel. le lecteur est plongé dans la folie d'un homme, tout juste interné, dès les premiers mots et jusqu'au dernier. Captivant et inquiétant. Comme un condensé de ce qu'est la folie.

Deux notes avant d'en finir : Garchine a lui-même été victime d'accès de folie avant de suicider (à 33 ans). Sur le même sujet (internement), L'Arbre Vengeur a également publié "La Cité des fous" de Marc Stéphane, un livre tout aussi recommandable.
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Le verbe précis et puissant de Vsevolod Garchine nous saisit dès les premières lignes. le texte est court, haletant ; on ressent très vite une empathie gigantesque pour le personnage, sorte de fou christique. Car le fou est utile à la société ; il pose les bonnes questions et met bien souvent le doigt sur les vrais problèmes. A-t-on bien raison de vouloir les isoler ? les cacher ?
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