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EAN : 978B00LZXDJ1I
8 pages
(20/07/2014)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Extrait: IL y avait, dans une grande ville, un jardin botanique, et, dans ce jardin, une immense serre. Elle était très belle ; d'harmonieuses colonnes torses soutenaient l'édifice ; sur ces colonnes s'appuyaient de légères ar-cades artistement ouvragées et supportant l'entrelacement des châssis de fer sur lesquels étaient fixées les vitres. La serre était belle, surtout quand le so-leil se couchait et l'éclairait de sa lumière rouge. Alors elle s'embrasait tout ent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est l'histoire d'Attalea Princeps, un palmier originaire du Brésil qui vit (cohabite plutôt) avec d'autres arbres exotiques dans une superbe serre, sous la férule d'un conservateur imbu de lui-même. Un jour, un Brésilien, en visite, raconte que cet arbre est un palmier très répandu dans son pays. le gardien des lieux outragé, répond que c'est un spécimen avec donc un nom latin, étalant sa science alors notre touriste s'en va au grand désespoir de l'arbre qui, s'étant enfin senti compris, espérait repartir avec lui.

Il n'est pas aimé des autres arbres, qui sont jaloux, seule une petite herbe l'écoute et le soutient, s'enroulant amoureusement autour de son tronc. le palmier est triste et n'a plus qu'une envie, grandir le plus possible, pour crever le plafond de verre et aller toucher le ciel.

Vsevolod Garchine, nous propose ici, beaucoup plus qu'un récit, il s'agit d'un conte philosophique. On comprend très vite, qu'il faut lire ce texte au second degré, le premier étant destiné à échapper à la censure. La serre représente la prison, (le goulag) dans laquelle le tar envoie les dissidents, voire carrément le tsarisme, la solitude de l'intellectuel, les autres arbres qui se moquent, les codétenus prêts à moucharder.

On ne peut pas avoir d'amis dans cet univers clos, sauf parfois quelqu'un qui soutient moralement ou physiquement, comme la petite herbe aux feuilles fanées du récit, qui va soutenir son champion, l'encourager dans sa tentative d'évasion, d'aspiration à un ailleurs. Mais, cela va mal se terminer, car s'il réussit à briser l'armature, la liberté n'aura pas le goût escompté, et ce ne sera rien de plus qu'un mirage, une illusion.

Ce texte est plein de poésie, et se déguste avec lenteur et compassion. J'ai aimé le thème et l'écriture, la manière dont l'auteur tente de s'exprimer, à la recherche de la liberté (d'expression).

Vsevolod Garchine qui, je le rappelle est mort en 1888, à l'âge de trente-trois ans, livre avec cette nouvelle une analyse du régime tsariste dont l'autoritarisme l'étouffe peu à peu. Alexandre II qui était un grand réformateur à qui on doit l'abolition du servage, a été assassiné en 1881, ce qui a mis fin aux réformes libérales, et donc aux illusions. L'auteur a une vision sombre et mélancolique de sa Russie qu'il aime tant et pourtant son écriture est lumineuse.

Un grand merci au site Littérature russe et slave qui m'a permis cette nouvelle découverte, une pépite de plus, et comme je le redoutais, ma chronique est presque aussi longue que la nouvelle elle-même (14 pages seulement mais d'une telle densité !) Ce récit revêt une connotation particulière, ces derniers temps, car comment ne pas mettre l'histoire de notre palmier avec celle d'Alexeï Navalny, bouclé dans sa colonie pénitentiaire, sous le règne d'un nouveau tsar qui n'a rien à envier à ceux qui ont gouverné la Russie autrefois.

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un très beau conte allégorique
Encore une fois, ne vous fiez pas à cette couverture vulgaire et hors-sujet !

Vsevolod Garchine est un contemporain de Tolstoï et de Tchekhov. Un homme tourmenté, un écorché vif, un poète idéaliste qui vit à une époque profondément désespérante. En 1881, la tentative d'assassinat du Tsar Alexandre II met fin aux réformes. Le divorce est grand entre l'avant-garde démocrate, convertie en grande partie à l'extrémisme et le pouvoir conservateur aristocratique, crispé sur ses positions et trés répressif.

Dans une grande serre rutilante, un orgueilleux palmier brésilien étouffe. Il rêve de s'évader pour goûter le soleil et la liberté. Il invite les autres plantes à le suivre...

Le conte est magnifique. C'est un cri, celui d'un homme épris de liberté, de fraternité, d'idéal qui se heurte à l'égoïsme de la société et à la cruauté de la vie en général.
Lu gratuitement sur le site de la bibliothèque russe et slave ( 14 pages)
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La serre était belle, surtout quand le soleil se couchait et l’éclairait de sa lumière rouge. Alors, elle s’embrasait tout entière ; des reflets rougeâtres se jouaient et se transfusaient, comme dans une grande pierre précieuse finement taillée.
On apercevait, à travers les gros carreaux transparents, les plantes enfermées dans la serre. Mais, malgré la grandeur de celle-ci, elles y étaient à l’étroit. Les racines se confondaient et s’enlevaient l’une à l’autre l’humidité et la nourriture…
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Mais si le toit était transparent, ce
n’était pas cependant le ciel clair. Parfois, l’hiver, les vitres
gelaient ; alors l’obscurité tombait lentement dans la
serre. La bise soufflait violemment, battait les châssis et
les faisait trembler. Le toit se couvrait de neige. Les plantes
se dressaient et écoutaient le hurlement du vent ; elles
se souvenaient alors d’un autre vent, tiède, moite, qui
leur donnait la vie et la santé. Et elles aspiraient à sentir
de nouveau son souffle ; elles désiraient qu’il vînt incliner
leurs branches, se jouer dans leurs feuilles. L’air était
immobile dans la serre, sauf quand une bourrasque
d’hiver cassait les vitres et qu’un flot piquant et froid,
plein de givre, pénétrait sous la voûte. Partout où tombait
ce froid, les feuilles pâlissaient, se crispaient, se fanaient
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On apercevait, à travers les gros carreaux transparents,
les plantes enfermées dans la serre. Mais, malgré la grandeur
de celle-ci, elles y étaient à l’étroit. Les racines se
confondaient et s’enlevaient l’une à l’autre l’humidité et
la nourriture. Les branches des arbres se mêlaient aux
feuilles immenses des palmiers, les pliaient et les brisaient
et, venant peser sur les châssis de fer, étaient à leur tour
pliées et brisées. Les jardiniers ne cessaient de tailler les
branches, de lier les feuilles au moyen de fils d’archal
pour les empêcher de croître où bon leur semblait, mais
leurs efforts étaient peu efficaces.
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IL y avait, dans une grande ville, un jardin botanique,
et, dans ce jardin, une immense serre. Elle était très
belle ; d’harmonieuses colonnes torses soutenaient
l’édifice ; sur ces colonnes s’appuyaient de légères arcades
artistement ouvragées et supportant l’entrelacement
des châssis de fer sur lesquels étaient fixées les vitres. La
serre était belle, surtout quand le soleil se couchait et
l’éclairait de sa lumière rouge. Alors elle s’embrasait tout
entière ; des reflets rougeâtres se jouaient et se transfusaient,
comme dans une grande pierre précieuse finement
taillée
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