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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne suis pas habituée à lire des pièces de théâtre mais comme "la Maison de Bernarda Alba" était dans une édition bilingue français-espagnol j'ai été attirée et bien m'en a pris ! J'ai découvert une oeuvre tout à fait intéressante.
Bernarda vient de perdre son deuxième mari et va demander à ses filles de prendre et respecter le deuil pendant 8 ans, ce qui signifie 8 ans d'enfermement. Attiré par l'héritage important Pepe el Romano va vouloir épouser la fille ainée. Cela va aiguiser la jalousie des soeurs et renforcer l'esprit de rébellion de la plus jeune, Adèla qui ne supporte pas l'austerité et les valeurs imposées.
Cette pièce est un drame, l'atmosphère est étouffante, les relations tendues mais tellement agréable à lire.
On ressent bien la condition des femmes du début du 20e siècle en Espagne mais aussi peut-être de toute la société espagnole opprimée à l'aube de la guerre civile.
C'est une grande oeuvre que je suis contente d'avoir lue. Entrer dans l'oeuvre de Lorca par la poésie aurait sans doute été plus compliqué pour moi qui ne suis pas une spécialiste.
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Plus je lis ce « drame de femmes dans les villages d'Espagne », plus j'y retrouve – entre autres -- l'Espagne de toujours, l'Espagne éternelle. Voyez plutôt :
● LA MAISON. La « casa » dans laquelle Bernarda décide d'enfermer ses filles pendant huit longues années est l'image même de cette Espagne qui pendant les deux derniers siècles est restée enfermée « tras los montes », refusant de s'ouvrir à l'Europe et restant en marge du progrès. Cet enfermement s'est accentué , bien sûr, pendant la dictature et il a fallu attendre les années 70 pour observer une timide ouverture sur l'extérieur.
● LA CHALEUR. Ce drame ne pouvait éclater avec une telle intensité que dans un pays et une région - l'Andalousie – ou la chaleur exacerbe les passions. le feu du ciel est omniprésent. Il règne partout : sur le village accablé par la canicule et en manque d'eau ; sur la campagne ou les moissonneurs travaillent « au milieu des flammes » et surtout chez l'étalon en chaleur et dans le corps des cinq filles de Bernarda.
● LE DESPOTISME. Il se manifeste dans la pièce par le pouvoir tyrannique de Bernarda, symbolisé par sa canne, emblème de son autorité. Et ce despotisme -sous toutes ses formes, Dieu sait si les espagnols l'ont connu ! Il s'est manifesté de haut en bas de l'échelle sociale par l'absolutisme, l'autoritarisme, le caciquisme, la dictature, l'oppression exercée par les grands propriétaires terriens, les capitaines d'industrie, le patriarcat…et parfois les révoltes de ceux sur qui s'exerce ce pouvoir. Et on en revient là au thème central de la pièce : le conflit entre le principe d'autorité et le principe de liberté, la répression face à la spontanéité des instincts vitaux. Très espagnol tout cela.
● L'HONNEUR . Ce vieux thème de l'honneur, si inséparable de l'âme espagnole, est ici lié aux apparences et au « qu'en dira-t-on ». Ainsi se crée une atmosphère oppressante avec cette peur constante de voir son honneur sali. Ce sentiment est traduit symboliquement par l'obsession de Bernarda pour la propreté. Il est impérieux d'être bien propre sur soi au risque de perdre toute considération sociale. Et si par malheur l'honneur est souillé, alors, on n'y va pas de main morte pour le laver : « du charbon ardent à l'endroit d(u) péché ».
● SOL Y SOMBRA. On retrouve dans ce drame le « sol y sombra » tragique de l'existence espagnole : la vie et la mort, les instincts naturels et leur répression, la liberté et l'autorité, la joie et la douleur. Bref, ce que l'on a appelé le mythe des deux Espagne. Depuis plusieurs siècles, deux Espagnes semblent s'opposer : absolutisme et libéralisme, tradition et innovation, catholicisme et libre pensée, conservatisme et progressisme...et même Don Quichotte et Sancho Panza. Ces oppositions se terminant souvent par de violents conflits comme chez Lorca.
● LE DENI DE RÉALITÉ. Bernarda incarne une attitude pernicieuse typiquement espagnole : le refus de reconnaître une réalité traumatisante. « Les choses sont comme on se propose qu'elles soient » dit-elle. Et à la fin elle s'écriera, contre toute évidence : « ma fille est morte vierge » accordant ainsi la réalité à sa volonté. Cette négation de la réalité, ce refus de voir, comme tel célèbre chevalier, les moulins à vent que pourtant tout le monde voit, peut aller jusqu'à l'aveuglement. A la fin du XIXème siècle p.e. rares étaient les Espagnols suffisamment lucides et éclairés pour regarder la réalité en face : la décadence de leur pays, son délabrement, sa déliquescence. La grande majorité, pensait toujours vivre dans l'Espagne du Cid et de Charles Quint. Cruelle désillusion et un drame pour le pays.
● LE SILENCE. « Silence. Silence, j'ai dit. Silence ! » Cette injonction péremptoire fait tomber sur le drame un silence définitif. Seul le silence permettra de sauver les apparences. Aussi paradoxal que cela puisse paraître dans l'Espagne si bruyante d'aujourd'hui, le silence a toujours été un des maux de la société espagnole. « Le silence monotone et sépulcral de notre existence » comme l' affirmait J.M. de Larra en plein dix-neuvième. Ce silence aussi de l'intolérance qui a si souvent pesé sur la tête de tant d'Espagnols. Ce silence qui a même été gravé dans le marbre par la loi d'amnistie de 1979, le fameux « pacte de l'oubli » qui, au nom de la concorde, enjoint aux uns et aux autres de passer sous silence toutes les exactions et les crimes commis par les deux camps pendant la guerre civile. On se tait, on ne veut pas les voir !

Voilà.Depuis la mort du poète et de son bourreau, l'Espagne a changé profondément et les Espagnols ont pu ouvrir enfin les portes de la terrible maison et aller,en toute liberté s'éclater « au bord de la mer ». Cependant, malgré l'évolution des moeurs et des mentalités, ce qui fait que, socialement, culturellement et historiquement, l'Espagne est l'Espagne, est et restera toujours comme une marque indélébile.



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Pour vulgariser la pièce : nous pénétrons dans l'intimité d'une famille espagnole du 20 ème durant un deuil. C'est l'histoire d'une femme hyper autoritaire qui impose sa façon de voir et de vivre à ses 4 filles et son entourage.
L'arrivée d'un homme, nommé Pepe el Romano, va perturber le fragile équilibre de cette maison.

Des commérages, des disputes, des critiques, des trahisons, de l'amour, ... vous ne pourrez que dévorer cette oeuvre !.
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8 années de deuil: c'est ce que Bernarda Alba veut imposer à ses cinq filles après la mort de son mari. Et quelle jeune fille en âge d'aimer peut résister aux dictats de la société où elle vit, l'Andalousie traditionnelle et rétrograde ?
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Horrible huis-clos féminin qui me rappelle par bien des côtés les villages de Bernanos ou bien certains coins de campagne décrits par Mauriac ou encore le personnage d'Adrienne Mesurat de Julien Green. On y plonge dans cette noirceur où rien ne sauve, où il n'y a pas de fuite possible. le personnage de Bernarda Alba, qui n'est motivé que par deux choses : l'envie de dominer et la peur du qu'en dira-t-on est effroyable. J'en conseille la lecture.
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La premiere piece de théâtre,  parle d une femme qui enferme ses filles habillé en boir pour leurs faire porté le deuil de leurs père . La mère bernarda est tyranique , méchante et acariâtre.  le première acte m a plu  car il nous a bien mis en place la scène et l histoire. J ai adoré cette pièce de théâtre,  sa me change de registre .
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La Maison de Bernarda Alba est un drame de l'enfermement. Pièce en trois actes, elle débute avec la décision de la mère autoritaire Bernarda Alba, d'imposer un deuil strict et cloîtré de huit ans à ses cinq filles -Angustias, Magdalena, Martirio, Amelia et Adela- suite au décès du père. Et ce selon la tradition andalouse. Ici, il n'y aura pas d'hommes, juste une domestique et une bonne pour entretenir la maison de la famille. Les hommes seront les grands absents-présents de la pièce, des êtres fantasmés par des filles en âge de se marier et désirantes. En attendant la fin du deuil, elles auront tout le temps de coudre leur trousseau de mariage.

Seule Angustias, la plus vieille, elle a trente-neuf ans- et surtout « la plus laide », a un fiancé José, le « plus bel homme du village », de quatorze ans son cadet. Ses soeurs persiflent : José veut l'épouser uniquement pour ses biens, Angustias étant née d'un premier lit et ayant hérité de son père. Les autres devront attendre pour se marier un homme du même rang qu'elle, selon les désirs de la mère, jalouse de son rang et de l'honneur qui lui est dû. Elle a déjà refusé par le passé que Martirio se fiance à un paysan sans terre pour le malheur de sa fille qui a depuis renoncé au mariage.

Bernarda Alba est une maîtresse femme, un tyran domestique, obsédée par la pureté : les didascalies insistent sur le décor blanc, et son nom lui-même signifie « blanche ». Elle veille jalousement sur la pureté de ses filles. Pour elle, le seul homme sur qui devrait se porter leur regard est le curé, car ce dernier est en robe. Pour le reste, jamais leurs yeux ne devraient rencontrer ceux d'un homme, excepté si c'est le regard de leur mari. de même, elle leur enjoint de respecter le silence de leur mari et de s'habituer à leur défection conjugale « Au bout de quinze jours un homme quitte le lit pour la table puis pour le café du village. » enseignant ainsi les vieux clichés qu'elle-même a entendu dans sa jeunesse. L'atmosphère qui règne à l'intérieur de la maison est sèche et aride, comme le village andalou où elles habitent.

Mais on n'arrête pas le désir ni on ne le contient avec les murs d'une maison. Les filles s'échangent des potins, des rumeurs : une fille légère, aux seins nues, montée sur un cheval, aurait été rejointe par des hommes dans l'oliveraie. Difficile de ne pas voir une trace d'envie chez ces filles résignées. Seule Adela semble vouloir se rebeller et déclare sa volonté de « sortir » de la demeure. Quand sa soeur Martirio lui demande pourquoi elle ne s'est pas levée plus tôt, Adela déclare « Je fais de mon corps ce qui me plaît. » Poncia, la bonne, lui reproche de s'être mise en chemise légère la nuit précédente, et de s'être placée devant la fenêtre au moment où José passait devant la maison. Elle a compris ce qui se tramait dans la maison, et conseille à Adela d'attendre le décès d'Angustias, qui ne manquera pas d'arriver si jamais elle devait accoucher. Plus tard, un portrait de José disparaît : on le retrouvera dans le lit de Martirio, qui dit avoir agi pour faire une blague. Dans cette maison sans hommes, Adela et Martirio convoitent le fiancé de leur demi-soeur. Comme un avertissement du ciel, on entend au loin une rumeur bruyante : des voisins sont en train de lyncher une jeune femme, qui a voulu cacher sa grossesse coupable en tuant l'enfant né de sa liaison hors mariage. Toutes se réjouissent, sauf Adela.

Poncia tente bien d'avertir Bernarda du danger. Elle lui apprend que José et Adela étaient follement amoureux avant que ce dernier ne songe à épouser l'aînée. D'ailleurs, même Angustias se plaint que José semble ailleurs quand celui-ci vient la voir. Ses regards se dérobent toujours. Mais Bernarda reste inflexible, convaincue qu'elle surveille suffisamment ses filles pour les garder de la honte. [...]
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