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Toute ma sympathie pour le colonel. Je ne peux m'empecher de penser qu'avoir pitie serait percu par lui comme une insulte. Il enveloppe sa misere presente de la dignite du heros d'une guerre oubliee, qu'il a ete. Et il attend la pension qui lui a ete promise, qui lui est due, et qui n'arrivera jamais. D'autres que lui l'ont recue, grace a des appuis politiques que lui n'a pas, qu'il n'a jamais pu se rabaisser a demander. Son attente de la lettre qui lui annoncera la bonne nouvelle tient plus de l'entetement que de l'espoir.


Dire qu'il vit pauvrement serait embellir la realite. Il n'a pour tout bien qu'un coq, un coq de lutte qui appartenait a son fils decede. Il pourrait le vendre, pour une somme qui les sustenterait, lui et sa femme malade, quelques semaines ou quelques mois. Il ne le fait pas, il ne le peut pas, par respect pour la memoire de son fils et peut-etre par peche d'orgueuil. Et vite apparait le dilemme: nourrir le coq ou se nourrir soi-meme.
La fin de cette nouvelle est fatalement prevue d'avance (chronique d'une mort annoncee?): a la question de sa femme "et maintenant, qu'allons nous manger?" il repond, grossier et fatidiquement serein, "de la merde". le colonel meurt mais ne se rend pas.


Cette nouvelle de Garcia Marquez, une des premieres qu'il ait publie (la premiere?), est empreinte a mon avis d'une acerbe critique des societes latino-americaines et de leur gouvernance. Sans les fioritures stylistiques du realisme magique qui caracteriseront beaucoup de ses oeuvres plus tardives. Cela accentue sa tristesse. Il n'y a pas d'expectative. Soeur Anne ne verra rien venir. le facteur ne sonnera ni une fois ni deux fois, il ne fera que se gausser. Pas le lecteur. Garcia Marquez reussit a eveiller toute l'empathie du lecteur envers la superbe fierte de cet homme berne, trahi par sa societe. Mes hommages, colonel.


P.S. A tous ceux pour qui Cent ans de solitude semblait durer un siècle je conseille cette nouvelle. Il y est aussi question d'une certaine solitude, mais d'un unique personnage, et quelques decennies seulement.
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Un livre sur l'attente, une attente si longue qu'elle en devient absurde, ce n'est pas si original. Dans ce cas, tout est dans le ton, l'art de raconter.
Gabriel Garcia Marquez, jeune journaliste à Paris se retrouvant soudain sans rien suite à la dictature colombienne, aurait été inspiré par sa situation financière préoccupante. le voilà donc à écrire sur un vieux colonel et sa femme asthmatique, dont le fils a été assassiné quelques mois plus tôt. Celui-ci leur a laissé comme seul héritage un magnifique coq de combat qui mange le peu d'argent qu'il leur reste en grains de maïs. C'est que dans quelques mois, quand les combats de coq reprendront, ce coq vaudra son pesant d'or, et cette somme permettra au vieux couple de survivre en attendant que cette fameuse lettre, accompagnée d'une pension d'ancien combattant, finisse par arriver avec le courrier du vendredi matin. Seulement voilà, ça fait vingt-cinq ans que le colonel, tous les vendredis, attend l'arrivée du bateau qui apporte le courrier, vingt-cinq ans qu'"il n'y a rien pour la colonel" et sa femme, qui ne sait plus comment accommoder les plats avec les restes - même les grains de maïs du coq y passent - sa femme donc ne supporte plus ce coq qui pourrait leur apporter de l'argent tout de suite.
Ce petit roman est l'un des premiers publiés par Garcia Marquez mais la plume est sûre, juste et sarcastique juste comme il faut. le couple est très attachant, amoureux, faible et plein de ressources.
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Roman écrit en 1957, peu après la fin de la Guerre Civile colombienne qui a déchiré le pays pendant presque 20 ans et a vu s'installer une dictature de droite.

Le colonel, vieil homme malade qui sent pousser des champignons dans ses entrailles tous les mois d'octobre, est plongé dans la misère par une pension militaire qui n'arrive jamais et le décès de son fils alors qu'il distribuait des tracts.

Tous les vendredis il va guetter le bateau chargé d'un courrier qui ne lui est jamais adressé et rentre retrouver sa femme, s'occuper du coq de combat qu'il a hérité à la mort de son fils. Ce coq, qui pourrait les soulager de leur pauvreté s'il gagnait des combats, est seul à profiter des maigres ressources du couple.

Le temps s'écoule au rythme nonchalant de la pauvreté, des écrits transmis clandestinement et des habitudes du vieux couple.

Dans ce court roman on voit déjà apparaître la plume poétique de Garcia Marquez avec l'amertume et la tristesse qui se dégagent de tous ses livres.

CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE PYRAMIDE VI - Halloween 2020
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de Gabriel Garcia Marquez alors que je suis plutôt un adepte de cet auteur. Ma dernière lecture était pour l'Amour aux temps du choléra, un de ses classiques, en 2013, donc il y a déjà 5 ans.
J'ai décidé de me plonger dans celui-ci, plus méconnu, car il m'avait été recommandé comme particulièrement réussi. J'ai d'abord été troublé, car je n'y ai pas trouvé de suite le souffle du "réalisme magique" cher à l'auteur. L'intrigue est simple, voire simpliste et on la voit d'abord se dérouler sans trop de plaisirs. Et puis le charme opère, on entre dans la vie des personnages et on partage leur attente, les douleurs du passé qui n'étaient qu'effleurées se concrétisent et on est encore emporté par le génie colombien. La narration en cycles répétitifs donne une musique lancinante qui accompagne bien après la lecture. du coup, les 127 pages se terminent bien vite... et nous donnent envie de ne plus attendre 5 ans pour se replonger dans la prose de ce Prix Nobel non usurpé.
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Gabriel Garcia Marquez est un écrivain colombien que je connais même si je l'ai peu lu jusque-là. C'est sans doute en raison de son prix Nobel de littérature obtenu en 1982, de son engagement et des nombreux articles le concernant, lui et son oeuvre.
J'ai donc ouvert ce court roman intitulé "Pas de lettre pour le colonel" avec beaucoup d'intérêt. le titre est explicite puisqu'il s'agit d'une vie d'attente. Celle d'un homme âgé qui s'est engagé jeune pour son pays en participant à la guerre civile et qui attend toujours une pension de guerre pour vivre décemment. Aujourd'hui, alors qu'il est vieux, que sa femme souffre d'asthme et que son fils activiste politique vient d'être tué par les militaires pour avoir distribué des tracts interdits, il croit encore à l'arrivée du courrier de l'administration lui annonçant son dû. Il refuse de baisser les bras alors que le couple n'a plus rien à manger. Seul le coq de combat que lui a laissé son fils semble lui donner espoir de gagner un peu d'argent. Seulement voilà, il faut le nourrir et le colonel et sa femme non plus rien. La dignité ne se mange pas.
Gabriel Garcia Marquez sait faire peser cette attente sur le lecteur. On a du mal à comprendre l'obstination du colonel et je trouve que le plus beau personnage est celui de sa femme. C'est elle qui a raison et pourtant c'est lui, le colonel, qui décide. À travers des personnages forts on retrouve une société patriarcale avec un coq comme enjeux pour ne pas mourir de faim.
Et puis, il y a la dimension politique en filigrane avec les jeunes du village, les amis de son fils mort pour avoir défendu ses idées et le médecin qui se bat dans l'ombre pour une démocratie à laquelle il aspire.
Si la fin est réaliste, je l'aurai aimée moins brutale.


Challenge Riquiqui 2021
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Après la lecture du recueil de nouvelles Les Funérailles de la Grande Mémé, j'ai voulu continuer sur ma lancée et lire ce livre, que j'avais acheté en même temps. Je ne suis pas l'ordre chronologique puisque ce court roman est publié en 1961 et précède donc la célèbre nouvelle d'une petite année.
Ce roman avec son titre énigmatique, comme souvent chez Garcia Marquez me semble-t-il, ne fait pas partie de ses plus connus, et je n'en avais jamais entendu parler avant de le trouver sur les étagères de la bouquinerie en cette fin d'année scolaire.
Pourtant, j'ai beaucoup aimé cette lecture, son ironie mordante, son ton désabusé, sa chaleur écrasante. J'ai même plus aimé que Les Funérailles de la Grande Mémé, même si je dois avouer que la fin m'a parue un peu décevante, un peu en queue de poisson comme si l'auteur n'avait pas trop su comment mettre un point à cette histoire.
Il est bien pathétique ce colonel dont on ne saura pas le nom, qui a servi vaillamment son pays pendant les heures sombres de la Guerre des Mille jours entre 1899 et 1902, guerre qui aboutira à la sécession du Panama, et qui depuis attend que le gouvernement se souvienne de lui. Voilà quinze ans que tous les vendredis, qu'il pleuve ou qu'il vente, il se rend invariablement au bureau de poste pour savoir si le gouvernement a enfin accédé à sa demande pour le versement de sa pension. Quinze ans qu'il vivote dans son petit bourg, quinze ans qui ont vu partir beaucoup de meubles chez les riches du village pour pouvoir se nourrir, qui ont vu l'asthme de sa femme s'aggraver, qui ont vu son fils mourir dans des circonstances troubles. Quinze ans ramassées dans les quelques jours que dure ce roman, car toutes les semaines ont été celles de la même misère et de la même attente.

Tristesse et ironie mêlées, un livre beaucoup plus réaliste que le style qui fera quelques années plus tard la renommée de Gabriel Garcia Marquez. Un style plus classique, voire conventionnel donc, mais qui m'a beaucoup plu. Un roman accessible, qui montre une facette moins connue de cette grande figure colombienne, et il me semble que c'est là la marque d'un grand écrivain, quand ses écrits mineurs ou moins connus sont comme de petites pépites qui brillent de mille feux ou comme de petits bonbons acidulés qu'on ne peut s'empêcher de grignoter avec gourmandise.
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Le vieux colonel attend sa pension de retraite depuis près de vingt ans. Ses justificatifs se sont perdus dans les rouages de l'administration colombienne mais tous les vendredis, il se rend en vain au bureau de poste, aussi, avec sa femme asthmatique, ils vont connaitre la faim. Leur seul capital, hérité en quelque sorte de leur fils défunt, c'est ce coq de combat. Mais la saison des combats est encore loin et le coq devient une charge lorsqu'on n'a plus rien à manger. le passer à la casserole ? Ils y ont souvent pensé mais ce serait faire affront au défunt et lâcher la proie pour l'ombre car c'est le meilleur de tout le village et il peut rapporter gros...
Ce court roman, le second dans sa bibliographie, est à mon sens à prendre comme un conte philosophique. On y trouve déjà les thèmes de la vieillesse, de la solitude, de la mélancolie, la fatalité, la dignité, l'honneur, le temps qui passe sous la chaleur tropicale et Macondo, toujours Macondo.

Challenge multi-défis 2021.
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Un court roman, plutôt la taille d'une nouvelle.
Une mince trame: un vieux colonel attend depuis des années la pension militaire à laquelle il a droit. Il va toutes les vendredi au port, espérant que le bateau qui amène le courrier lui amènera la notification de sa pension. Sans réponse et dans la misère, il compte sur le succès futur de son coq de combat pour obtenir de quoi subsister, lui et sa femme.
Mais quel art de raconter chez Garcia Marquez! Oui, c'est merveilleusement écrit, d'une extraordinaire poésie. Se mêlent, d'une façon subtile, tristesse et abnégation, lassitude et espoir obstiné. Il y a une infinité de détails et de dialogues insolites, souvent pleins d'humour et de dérision, qui traduisent l'atmosphère de ce village perdu de Colombie, ainsi que l'obstination et la fierté de ce vieux soldat.
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C'est le 4e livre de cet auteur, il m'a fait sourire dans plusieurs passages. Ce livre fait à peine 98 pages. J'ai appris qu'il s'agit à peine du 2e livre de Garcia Marquez. Il l'a fait pendant son séjour à Paris. Probablement il mourait vraiment de faim et d'oú l'inspiration de cette histoire sympathique. J'ai apprécié son style désinvolte. Dans la préface on mentionne les suppositions sur la signification du coq dans l'histoire, d'après Vargas LLosa. Si en réalité il s'agit des métaphores pour découvrir le difficile contexte social en Colombie, on ne le saura jamais. En tous les cas, il s'agit d'une brève histoire qui mérite bien la lecture attentive. J'ai lu en espagnol. Je crois que c'est mieux pour la compréhension des quelques subtilités. C'est un peu étrange, d'habitude, j'adore les fins des histoires de Garcia Marquez, ce n'est pas le cas dans ce livre.
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Je savais le nom Garcia Marquez, mais j'ai jamais lu un des ses livres. Après avoir lu ce roman, je suis sûr que je vais lire plus de ses oeuvres.
le vieux colonel qui vit avec sa femme dans la complète pauvreté, attend sa pension. Cet homme avec ses caractéristiques psychologiques n'arrêtait pas me surpris. Sa incroyable confiance à une vie meilleure vous fait penser à votre propre pouvoir dans la croyance si forte. Malgré le fait qu'il croit en brillant avenir, il est incertain dans les choses quotidien. de vendre ou ne pas vendre le coq? Dans ce livres tord les pensées de différentes façons.
Je recommande ce livre pour ceux qui aime les livres facile à lire car l'histoire est court est la langue pas fatiguant.
Si vous vous sentez comme si vous n'êtes pas prêt à lire ce livre maintenant, il est normal si vous prenez votre temps, parce que, comme a dit le colonel: ''Qui a attendu longtemps, peut attendre un moment.''
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