Croyez-moi, commettre un meurtre n'est pas si difficile. Simple question d'organisation.
- Ils renverront le tueur du cimetière six pieds sous terre.
Commettre un meurtre demande force mais aussi maîtrise de soi. Préparez-vous psychologiquement à vivre une expérience physique intense. C’est l’étape numéro quatre.
Son ventre était objectivement plus gros qu’un ballon de foot, mais les gens se donnaient quand même un mal de chien pour taire l’évidence. Comme s’ils ne voulaient pas être les premiers à lui annoncer que sa vie était à la veille d’un grand chambardement.
Pour ceux qui aiment s’organiser à l’avance, il est toujours bon de se constituer un alibi.
Évidemment, tuer ne prend pas un temps infini. Tôt ou tard, ce sera chose faite. Vous serez peut-être euphorique, remonté à bloc par la sensation de puissance et l’adrénaline. Ou alors d’un calme surnaturel. Avant, vous aviez un problème ; mais c’est fini.
Courir après l’homme à la hache n’avait pas été une brillante idée. Se pencher vers lui pour le menotter serait pire encore.
Vos sensations seront plus vives, votre ouïe plus fine, votre odorat plus sensible, votre goût plus aiguisé et votre vue plus acérée que jamais auparavant. Tant que vous garderez le contrôle. Pas de panique, pas de frénésie, pas d’erreurs. Profitez-en jusqu’à son dernier suffoquement, son dernier gargouillis. Commettre un meurtre demande force mais aussi maîtrise de soi.
Un meurtre est une expérience qu’on vit avec tout son corps. Votre pouls va s’emballer, votre peau rougir de chaleur, vos mains devenir moites de sueur. Avant de passer à l’acte, il n’est pas rare d’avoir des doutes, le trac qui précède le spectacle, si l’on veut. Mais une fois qu’on est lancé, qu’on traverse la rue, qu’on s’introduit dans le jardin, qu’on force cette fenêtre jamais parfaitement sécurisée…
Un grand calme vous envahira. Le zen du prédateur : l’air sera plus vif sur votre langue, l’odeur du shampooing de votre victime plus nette, quant à son premier cri, étouffé par votre main recouverte de latex…
Un flic à la retraite reconverti dans le cinéma. Son ancien métier, sa nouvelle mission. Un seul homme pour deux regards professionnels différents.