J'ai vu tomber à mes côtés des jeunes gens faits pour le bonheur et pour l'amour et qui croyaient qu'ils mourraient pour un monde fraternel : ils ont été victimes d'une tricherie.
L'inaccessible, on le fabrique souvent soi-même.
J'ai le goût du merveilleux. Ce sont des restes d'enfance. Il n'y a pas de création sans ça. J'ai un goût très vif pour tous les papillons du merveilleux et j'essaie de les saisir, et qu'ils soient observés, vécus ou créés, c'est la même chose, c'est toujours une quête du merveilleux. Le cinéma, c'est un filet à papillons, comme le roman, comme la vie vécue.
Si encore j'étais riche et déshonoré, ça aurait fait moins mal, mais pauvre et déshonoré, c'était trop.
Je rêve encore de tomber amoureux, mais ce qu'on appelle tomber !...Seulement à soixante ans, c'est très difficile, à cause du manque d'espace, d'horizon devant soi...Ça manque de large, maintenant, on ne peut plus s'élancer...L'amour, ça va très mal avec les restrictions, les limites, avec le temps qui t'est compté, il faut croire qu'on a toute la vie devant soi pour s'élancer vraiment
Tu ne peux pas aimer une femme, un homme, sans les avoir d'abord inventés, tu ne peux pas aimer l'autre sans l'avoir d'abord inventé, imaginé, parce qu'une belle histoire d'amour, ce sont d'abord deux êtres qui s'inventent, ce qui rend la part de réalité acceptable, et indispensable même, comme matériau de départ.
(...) chaque fois que tu aimes, c'est une vie nouvelle qui commence.
Et je n'éprouve aucun frisson d'amour-propre à l'idée de m'ouvrir à n'importe qui - j'aime bien "n'importe qui", c'est un copain - et de me livrer à l'"opinion publique", parce que mon "je" ne me contraint à aucun égard envers moi-même, bien au contraire.
Rilke, Hofmannsthal, Lou Andreas-Salomé, tout ce "rayon vert" du couchant de la grande bourgeoisie éclairée du XIXe siècle, dont le dernier fut sans doute Thomas Mann.
(...) et je me sentais une telle merde que ça a complètement changé mes rapports avec la merde.