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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Parfois, il faut savoir dépasser ses préventions à la vue d'une couverture fadasse - dont on peut penser que l'éditeur l'a imposée - tant elle jure avec la grâce de ce roman.
Parfois aussi, il est difficile de comprendre pourquoi un roman vous attrape et ne vous lâche plus. Rien ne m'y aurait attaché sans doute, si je n'avais rencontré le regard émouvant de Cyrielle Gau lors d'un dîner... J'ai eu envie de savoir ce que ce regard abritait : je n'ai pas été déçu.
Et pourtant, rien de ce récit ne s'adresse à moi, mâle septuagénaire que les afflictions d'une femme en errance ne devraient plus guère passionner...
Et pourtant, dès la première page, sans savoir pourquoi, j'ai su que j'avais envie d'aller au bout de ce voyage. Ou plutôt, si, j'ai su dans l'instant que c'est son style qu'elle installe dans ce prélude qui me mènerait au port. Concis, tendu mais élégant, sans affèterie, tantôt travaillé au scalpel, tantôt d'une immense délicatesse pour cacher les incompréhensions, les absences, les précipices vertigineux des êtres.
Seuls les vrais écrivains savent ainsi planter en une page un décor fait d'apparente simplicité, mais où passe comme un friselis languide auquel on aimera s'abandonner.
Au fil des pages, ce qui finit par convaincre et qu'on admire, c'est l'équilibre que l'auteure trouve pour raconter une autofiction pleine de bruit et de fureur intérieurs à l'aide d'un style magnifiquement contenu. Les mânes de Benjamin Constant qu'elle cite lui servent de viatique !
Je fais partie de ces lecteurs pour qui le style prime généralement sur le contenu. Ici, il permet jusqu'au bout de tenir ce récit à la fois dur et sensible, impitoyable et fragile. Ses qualités descriptives qu'elle utilise avec une économie de moyens remarquable sont manifestes, jamais factices.
« Un crabe vient de passer entre mes pieds. Mon immobilité a dû avoir raison de sa méfiance. Il a été attiré par un bernard-l'hermite en errance qui tente de lui échapper. En vain, une grosse pince l'a happé et le petit mollusque a disparu de la surface de la Terre sans laisser de trace. »
On sent qu'elle aime à peaufiner de jolies trouvailles comme autant de coquillages - ainsi après avoir fait l'amour : « Incognito, le bonheur est entré dans ma poitrine, me laissant d'autant plus surprise qu'il avait déserté les lieux depuis longtemps. »
Elle jongle aussi entre le désir d'expliquer en allant au fond des êtres et celui de nous abandonner au bord des points de suspension qu'elle pose délicatement en fin de paragraphe ou de chapitre, histoire de nous laisser le soin de gamberger à notre tour. Comme autant de béances qui vont aider le lecteur à entrer dans sa tête douloureuse : « le soir, nous avions prévu de dîner au restaurant du gîte. Jusqu'à la fin du repas, j'ai espéré en vain qu'ils n'aient pas oublié mon anniversaire. »
Fin du chapitre ! Qu'ajouter d'autre qui ne serait redondant ? C'est bien au lecteur d'imaginer le chemin...
Ou encore, avec un autre homme : « Qu'il me pénétrât fut presque secondaire bien que ce va-et-vient entre mes reins me fît délicieusement gémir. Tant et si bien que je ne pus jouir. Il y a dans l'orgasme un abandon que l'excitation portée à son comble empêche d'advenir. »
Qu'on se débrouille avec ça qui continue à tourner dans notre petite tête de lecteur - mâle surtout !...

Quant au contenu, deux personnages s'imposent : la Nouvelle-Calédonie et la famille. Cyrielle Gau nous fait vraiment pénétrer au coeur de leur complexité. Et cette complexité nous défie dans les deux cas de juger.
Même quand les enfants que nous avons tous été ont été blessés par des maladresses qui nous poursuivent notre vie durant : « Je compris donc ce jour-là, peut-être à juste titre, que c'était Mathilde que ma mère avait choisie et que je n'avais plus qu'à remballer cet amour pour lequel j'étais prête à mourir. »
Quel estomac de lecteur ne se noue-t-il pas à cet instant ?

Et cependant, le récit bientôt refermé, l'appétit pour un deuxième roman nous saisit...
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Parfois on peut croire que l'on a tout, et c'est probablement ce que pense Marie. Elle a une famille, un mari des enfants, un projet de vie et de voyage.
Et puis, peu à peu, l'illusion s'estompe et la réalité s'impose, Marie est seule et à l'autre bout du monde.
La découverte de sa propre solitude est souvent traitée dans la littérature, mais ici elle est narrée avec précision et une belle écriture qui fait que peu à peu on s'attache au personnage et à son parcours. On découvre avec elle, une vie nouvelle, les sensations et les personnages de la Nouvelle Calédonie, l'apesanteur qu'est cette vie aux antipodes, à une époque ou le courrier était le seul lien par de là les océans.
Cette histoire universelle de la reconstruction est ici un beau moment de lecture.
J'ai beaucoup aimé ce joli roman.
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  Avec cet ouvrage, j'ai voyagé dans l'espace, la Nouvelle-Calédonie et dans le temps, la vie de la narratrice, Marie. Et ce fut un voyage passionnant : j'ai aimé cette découverte des paysages, modes de vie extérieur (j'ai découvert les kanaks et leur culture)  et intérieur, cette plongée dans l'introspection. Parce que cette histoire est celle de Marie dans sa vie d'épouse, de mère et de femme mais elle est aussi universelle : La recherche de sens, la recherche de soi, la construction de l'identité pendant l'enfance.  Ce roman sensible  évoque les sentiments complexes des relations au sein du couple , au sein de la famille. Elle aborde aussi l'amitié notamment la compréhension entre femmes, avec un personnage haut-en-couleurs Célanie. 
   Partie pour découvrir une expatriation heureuse, je me suis retrouvée à lire un texte que j'ai pensé authentique , une sorte de journal intime de voyage. Ce texte m'a fait penser au laïus que j'ai souvent entendu «  partir ne résout rien ; en voyageant, on emporte ses problèmes. » Dès le début du voyage, on sent une tension entre les personnages et notamment dans le couple qui au fur et à mesure se désunit. Chaque individu vit pour lui.
Cette dureté des émotions, du ressenti , cette folie qui s'empare de sa vie est symbolisée par la violence des éléments météorologiques sur l'île du bout du monde. Marie va lutter contre cette tempête qui chamboule sa vie et va se reconstruire. 
C'est un beau portrait de femme que nous offre Cyrielle Gau : une femme qui se découvre, une femme qui survit , une femme forte et moderne. 
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Les circonstances ont entrainées Marie dans une aventure qu'elle n'a pas choisie, accompagnant son mari, qui la délaisse....
Dans un style riche et élégant, l'auteure nous offre un récit introspectif à la découverte d'elle même.
Dans son initiation à l'autonomie, à travers les épreuves et les révoltes auxquelles elle fait face, de nombreuses femmes se reconnaîtront
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L'écriture de Cyrielle Gau est élégante,sensuelle et intime.Elle nous embarque dans sa traversée aux résonances des échos énigmatiques de l'enfance qui jalonnent son récit.C'est celui de l'émancipation d'une femme face à l'emprise d'un homme narcissique et infidèle.Il y a dans ce roman la détresse et l'isolement. La poésie du décor, si finement traduite, vient se heurter aux bouleversements intérieurs d'une quête d'identité longue et douloureuse. Il y a aussi ces "petits" moments de vie, magnifiquement contés, qui nous bouleversent, nous fabriquent et nous questionnent.
Avec Cyrielle Gau, le féminin devient audacieux...et tant mieux.
Une auteure est née.
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Servi par une écriture délicate et parfois incisive, ce premier livre de Cyrielle Gau est une vraie réussite littéraire. le bonheur familial attendu dans cette terre lointaine et paradisiaque qu'est la Nouvelle Calédonie se fissure bien vite dans la solitude et les tourments qu'expérimente Marie dès son arrivée en cette terre d'exil lumineuse mais si douloureuse à la fois. de nombreuses femmes pourront se reconnaître dans le personnage de Marie. Dans sa quête de sincérité avec elle-même, Marie amorce un vraie chemin initiatique pour apprendre à assumer ses choix profonds et rompre un fil qui la tenait prisonnière. À lire absolument.
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Quand Marie pose le pied à Nouméa, elle est prête pour une nouvelle étape dans sa vie. Elle pourra mettre à profit cette parenthèse pour se recentrer sur son couple et ses enfants dans ce décor baigné de lumière loin de son univers familier.
Mais, car bien sûr il y a un mais, tout ne va pas se dérouler comme escompté.
Ce récit initiatique porté par une écriture soignée aborde les thèmes du couple, de la fidélité, de la famille, de l'amitié..... et de la solitude sur ce territoire du bout du monde où la mer (ère) est omniprésente.
Un joli premier roman qui sera suivi, on l'espère de beaucoup d'autres.
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