Je dois dire que nos soldats, à mesure qu’ils arrivaient, faisaient la meilleure impression. Dans cet Orient frémissant, où des échos séculaires répercutaient la renommée de la France, ils se sentaient des champions. Les Égyptiens, au demeurant, les accueillaient particulièrement bien, non, peut-être, sans l’intention que leur bonne grâce a l’égard des Français, contrastât avec la froideur qu’ils montraient aux Britanniques.
D'après les textes dits "constitutionnels" arbitrairement substitués à la constitution de la France, la source de l'autorité du "Gouvernement" de Vichy réside exclusivement dans la personne d'un vieillard de quatre-vingt-cinq ans dont il est notoire depuis plusieurs années qu'il est affaibli par l'âge.
(...) Le confrontation des idées, dès lors qu'elle met en cause les errements accoutumés et les hommes en place, revêt le tour intransigeant des querelles théologiques. [ I, La pente ]
Les deux tiers de la France sont occupés par les Boches, l'autre tiers par la Marine, ce qui est pire.
J'y vois, aussi, nombre de militaires désarmés. Ils appartiennent aux troupes que l'offensive des Panzers a mises en débandade au cours des jours précédents. Rattrapés dans leur fuite par les détachements mécaniques de l'ennemi, ils en ont reçu l'ordre de jeter leurs fusils et de filer vers le sud pour ne pas encombrer les routes. "Nous n'avons pas, leur a-t-on crié, le temps de vous faire prisonniers !"
Ceux-ci étaient, en effet, de cette forte espèce à laquelle devaient appartenir les combattants de la résistance française, où qu’ils aient pu se trouver. Goût du risque et de l’aventure poussé jusqu’à l’amour de l’art, mépris pour les veules et les indifférents, propension à la mélancolie et, par là même, aux querelles pendant les périodes sans danger, faisant place dans l’action à une ardente cohésion, fierté nationale aiguisée jusqu’à l’extrême par le malheur de la patrie et le contact d’alliés bien pourvus, par-dessus tout confiance souveraine en la force et en la ruse de leur propre conjuration, tels furent les traits psychologiques de cette élite partie de rien et qui devait, peu à peu, grandir au point d’entrainer derrière elle toute la nation et tout l’Empire.