AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Poésies complètes, tome 1 (13)

Sérénade

Sur le balcon où tu te penches
Je veux monter… efforts perdus !
Il est trop haut, et tes mains blanches
N’atteignent pas mes bras tendus.

Pour déjouer ta duègne avare,
Jette un collier, un ruban d’or ;
Ou des cordes de ta guitare
Tresse une échelle, ou bien encor…

Ôte tes fleurs, défais ton peigne,
Penche sur moi tes cheveux longs,
Torrent de jais dont le flot baigne
Ta jambe ronde et tes talons.

Aidé par cette échelle étrange,
Légèrement je gravirai,
Et jusqu’au ciel, sans être un ange,
Dans les parfums je monterai !
Commenter  J’apprécie          110
(España)

Consolation

Ne sois pas étonné si la foule, ô poète,
Dédaigne de gravir ton œuvre jusqu'au faîte ;
La foule est comme l'eau qui fuit les hauts sommets,
Où le niveau n'est pas, elle ne vient jamais.
Donc, sans prendre à lui plaire une peine perdue,
Ne fais pas d'escalier à ta pensée ardue :
Une rampe aux boiteux ne rend pas le pied sûr.
Que le pic solitaire escalade l'azur,
L'aigle saura l'atteindre avec un seul coup d'aile,
Et posera son pied sur la neige éternelle,
La neige immaculée, au pur reflet d'argent,
Pour que Dieu, dans son œuvre allant et voyageant,
Comprenne que toujours on fréquente les cimes
Et qu'on monte au sommet des poèmes sublimes.
Commenter  J’apprécie          70
LE POT DE FLEURS


Parfois un enfant trouve une petite graine
Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs,
Pour la planter il prend un pot de porcelaine
Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs.

Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge,
Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ;
Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge,
Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau.

L'enfant revient ; surpris, il voit la plante grasse
Sur les débris du pot brandir ses verts poignards ;
Il la veut arracher, mais la tige est tenace ;
Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards.

Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise ;
Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps :
C'est un grand aloès dont la racine brise
Le pot de porcelaine aux dessins éclatants.
Commenter  J’apprécie          50
(España)

Le roi solitaire

Je vis cloîtré dans mon âme profonde,
Sans rien d'humain, sans amour, sans amis,
Seul comme un dieu, n'ayant d'égaux au monde
Que mes aïeux sous la tombe endormis !
Hélas ! grandeur veut dire solitude.
Comme une idole au geste surhumain,
Je reste là, gardant mon attitude,
La pourpre au dos, le monde dans la main.

Comme Jésus, j'ai le cercle d'épines ;
Les rayons d'or du nimbe sidéral
Percent ma peau comme des javelines,
Et sur mon front perle mon sang royal.
Le bec pointu du vautour héraldique
Fouille mon flanc en proie aux noirs soucis :
Sur son rocher, le Prométhée antique
N'était qu'un roi sur son fauteuil assis.

De mon olympe entouré de mystère,
Je n'entends rien que la voix des flatteurs ;
C'est le seul bruit qui des bruits de la terre
Puisse arriver à de telles hauteurs ;
Et si parfois mon peuple, qu'on outrage,
En gémissant entrechoque ses fers :
" Sire ! dormez, me dit-on, c'est l'orage ;
Les cieux bientôt vont devenir plus clairs. "

Je puis tout faire, et je n'ai plus d'envie.
Ah ! si j'avais seulement un désir !
Si je sentais la chaleur de la vie !
Si je pouvais partager un plaisir !
Mais le soleil va toujours sans cortège ;
Les plus hauts monts sont aussi les plus froids ;
Et nul été ne peut fondre la neige
Sur les sierras et dans le cœur des rois !
Commenter  J’apprécie          50
FRISSON



Les fleurs de la gelée
Sur la vitre étoilée
Courent en rameaux blancs,
et mon chat qui grelotte
Se ramasse en pelote
Près des tisons croulants.

Moi, tout transi, je souffle,
À griller ma pantoufle,
À rougir mes chenets,
Mon feu qui se déploie
Et sur la plaque ondoie
En bleuâtres filets.

Adieu les promenades
Sous les fraîches arcades
Des verdoyants tilleuls,
À travers les prairies,
Les bruyères fleuries
Et les pâles glaïeuls ;

Parmi les plaines blondes
Où le vent roule en ondes
Le seigle déjà mûr,
Par les hautes futaies
Au long des jeunes haies
Et des ruisseaux d'azur ;
Commenter  J’apprécie          40
(Poésies diverses)

Une âme

C'était une âme neuve, une âme de créole,
Toute de feu, cachant à ce monde frivole
Ce qui fait le poète, un inquiet désir
De gloire aventureuse et de profond loisir,
Et capable d'aimer comme aimerait un ange,
Ne trouvant en chemin que des âmes de fange ;
Peu comprise, blessée au vif à tout moment,
Mais n'osant pas s'en plaindre, et sans épanchement,
Sans consolation, traversant cette vie ;
Aux entraves du corps à regret asservie,
Esquif infortuné que d'un baiser vermeil
Dans sa course jamais n'a doré le soleil,
Triste jouet du vent et des ondes ; au reste,
Résignée à l'oubli, nécessité funeste
D'une existence vague et manquée ; ici-bas
Ne connaissant qu'amers et douloureux combats
Dans un corps abattu sous le chagrin, et frêle
Comme un épi courbé par la pluie ou la grêle ;
Encore si la foi... l'espérance... mais non,
Elle ne croyait pas, et Dieu n'était qu'un nom
Pour cette âme ulcérée... Enfin au cimetière,
Un soir d'automne sombre et grisâtre, une bière
Fut apportée : un être à la terre manqua,
Et cette absence, à peine un cœur la remarqua.
Commenter  J’apprécie          40
Nombril, je t’aime, astre du ventre.
Œil blanc dans le marbre sculpté,
Et que l’Amour a mis au centre
Du sanctuaire où seul il entre,
Comme un cachet de volupté.
Commenter  J’apprécie          20
BARCAROLLE


Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
La voile ouvre son aile,
La brise va souffler !

L’aviron est d’ivoire,
Le pavillon de moire,
Le gouvernail d’or fin ;
J’ai pour lest une orange,
Pour voile une aile d’ange,
Pour mousse un séraphin.

Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
La voile ouvre son aile,
La brise va souffler !

Est-ce dans la Baltique,
Sur la mer Pacifique,
Dans l’île de Java ?
Ou bien dans la Norvège,
Cueillir la fleur de neige,
Ou la fleur d’Angsoka ?

Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
La voile ouvre son aile,
La brise va souffler !

Menez-moi, dit la belle,
À la rive fidèle
Où l’on aime toujours.
— Cette rive, ma chère,
On ne la connaît guère
Au pays des amours.
Commenter  J’apprécie          20
PROMENADE NOCTURNE
Allons, la belle nuit d’été.
ALFRED DE MUSSET.

C’était par un beau soir, par un des soirs que rêve
Au murmure lointain d’un invisible accord
Le poète qui veille ou l’amante qui dort.
VICTOR PAVIE.

La rosée arrondie en perles
Scintille aux pointes du gazon ;
Les chardonnerets et les merles
Chantent à l’envi leur chanson ;

Les fleurs de leurs paillettes blanches
Brodent le bord vert du chemin ;
Un vent léger courbe les branches
Du chèvrefeuille et du jasmin ;

Et la lune, vaisseau d’agate,
Sur les vagues des rochers bleus
S’avance comme la frégate
Au dos de l’Océan houleux.

Jamais la nuit de plus d’étoiles
N’a semé son manteau d’azur,
Ni, du doigt entr’ouvrant ses voiles,
Mieux fait voir Dieu dans le ciel pur.
Commenter  J’apprécie          10
PAYSAGE

…omnia plenis
Rura natant fossis.
P. VIRGILUS MARO.


Pas une feuille qui bouge,
Pas un seul oiseau chantant,
Au bord de l’horizon rouge
Un éclair intermittent ;

D’un côté, rares broussailles,
Sillons à demi noyés,
Pans grisâtres de murailles,
Saules noueux et ployés ;

De l’autre, un champ que termine
Un large fossé plein d’eau,
Une vieille qui chemine
Avec un pesant fardeau,

Et puis la route qui plonge
Dans le flanc des coteaux bleus,
Et comme un ruban s’allonge
En minces plis onduleux.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (30) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le pied de momie

    Le narrateur de la nouvelle est :

    un parisien
    un marchand
    un prince

    10 questions
    362 lecteurs ont répondu
    Thème : Le pied de momie et autres récits fantastiques de Théophile GautierCréer un quiz sur ce livre

    {* *}