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Citations sur Black Manoo (48)

Les écrivains sont comme des assureurs. Tout en portant l’espoir, ils parient sur le malheur. Chez eux tout est projection.
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un livre que vous devez offrir ou vous offrir lol. franchement j'ai adoré le lire, comme toujours pas facile de n'être pas du pays .
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Il n’y a que des zombies dans ce pays. Et leur gouvernement est un rassemblement de bizangos, une clique de sorciers. Avec la poudre de chômage, il les empoisonne jusqu’à Blo, le dernier village avant la mort. Après, il les ramène avec la potion emploi. Puis il les drogue tous les jours avec les journaux, la télé. Ça tue leur volonté propre. Les zombies ne se posent pas de questions. Ils travaillent dur, répètent à l’infini les mêmes gestes pour accomplir les mêmes tâches. On les maintient à la lisère de la vie avec la peur de la mort.
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L’apparition d’un blanc dans une assemblée de noirs en milieu confiné change automatiquement le cours des conversations. Tout le monde attrape le complexe de l’ambassadeur. Les « moi » deviennent des « nous » remplis d’orgueil. Mention spéciale aux « Chez nous en Afrique » lancés indifféremment par des Congolais ou des Maliens qui pourtant moquaient leurs différences quelques minutes avant.
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« Black Manouche, quand on s’est rencontrés la première fois, ce qui m’a frappé, c’est surtout que tu es apparu les deux mains chargées de bouteilles d’eau. Il ne te manquait que le joug au-dessus de l’épaule et tu ressemblais à mon Auvergnat de grand-père. Il était porteur d’eau. Il montait et descendait des seaux chez les riches. Les sacs de charbon aussi. On a les mollets solides chez nous, l’habitude des pentes abruptes de nos volcans. Je m’appelle Bressac comme le village où je suis né. Il y avait du savoir-faire en charbon domestique, mon gaillard. On livrait dans tout Paris. En fin de journée, on était noirs comme vous. Notre réseau d’appro et de distri, c’était les seules relations du bled. On vivait entre nous. Le quartier était un mille-feuilles de gens pauvres venus de France, Belgique, Arménie, Pologne, Italie, Espagne, Maghreb et que sais-je encore. Chacun son business, chacun son réseau. Ça ne posait de problèmes à personne. Ils me font rire les politiques d’aujourd’hui, avec leurs fantasmes d’intégration. C’est quoi l’étalon du Français ? Le Berrichon ? Le Jurassien ? Le Creusois ? Comment on peut rêver de fabriquer un homme qui n’a jamais existé ? Mes grand-parents comprenaient à peine le français. Ils n’étaient même pas fichus de prononcer “charbonnier” correctement. Ils disaient “charbougna” ! C’est pour ça qu’on nous surnomme les “bougnats” ! On était des immigrés comme vous, mais en pire. On ne venait pas de loin, mais on était plus étrangers que vous, on avait beaucoup moins d’instruction que n’importe lequel d’entre vous. Black Manouche, tu es arrivé ici plus cultivé qu’un gars du xvie arrondissement. Même dans ton horrible costard rouge ah ah ah ! »
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La rumeur est con.
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Maman, les histoires, c'est pour rêver et on vivait pas dans une maison de rêves. Maintenant qu'on en a une, je peux faire mon premier rêve, alors je veux une histoire.
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"Ceux qui disent que l'esprit peut transcender le corps sont des menteurs. Ce qui transcende le corps, c'est l'exercice. Un écouteur n'a pas le nez zen mais entraîné. Un pêcheur de perle n'est pas un homme poisson mais un homme exercé à l'apnée. Tant qu'on pratique, on s'habitue à tout, surtout au pire."
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Marie-George et Sidik forment un redoutable tandem de gauchistes qui n’hésitent pas à prêcher les vertus du service public dont elles sont des ayatollahs. Elles le défendent en préparant les médicaments de la chimiothérapie. Le protocole est long et scrupuleux. Black Manoo a le temps de les écouter mono-dialoguer. Elles parlent comme une seule personne.
— L’hôpital, c’est un autre pays. Il a été créé par le régime général. Nous on l’appelle Union des Républiques Sociales Soignantes, URSS !
Elles rient à l’unisson et s’embrassent au milieu d’un nuage de la Marlboro de Marie-George.
— Les gens qui rêvent de révolution, de grand soir et tout, ils savent pas qu’elle est déjà là.
— À la fin de la guerre, ils ont rassemblé toutes les caisses en une seule, avec un taux de cotisation unique pour tous et gérée par des ouvriers et des travailleurs. Révolutionnaire !
— Les directeurs des caisses sont élus par les travailleurs. L’équivalent d’un budget d’État aux mains d’une démocratie locale, sans actions, crédits, profits, etc. Révolutionnaire !
— Quand on verse une allocation à une famille, ce n’est pas du tout de la solidarité ou de la pitié pour les pauvres. Tout vient des cotisations, donc du travail. Les prestations sociales sont des salaires déconnectés des patrons, des actionnaires et de tout le bordel des capitalistes. Ça les rend dingues !
Rires, embrassades, Marlboro.
— Avant, les pauvres mouraient dans des hôpitaux où les médecins se faisaient la main pour soigner les riches dans les cliniques.
— Le régime général a renversé la situation. Tout le système de santé s’en nourrit, même les cliniques privées. Désormais, pauvre ou milliardaire, on guérit ensemble ou on meurt ensemble. Révolutionnaire !
— Croizat, le gars qui a créé ça, quand il est mort, y’avait un million d’ouvriers pour l’accompagner au Père-Lachaise.
— On n’avait jamais vu ça depuis la mort de Hugo. Ré-volu-tion-naire !
Arrive le moment de la piqûre. Black Manoo s’agite.
— Si vous avez autant peur des piqûres, comment vous faisiez avec l’héroïne ?
— Je la fumais madame.
— Vous ne fumerez pas cette seringue. Arrêtez de gigoter, ne me faites pas rater mon geste. Ce n’est pas parce que c’est gratuit que ça ne coûte rien. N’abusez pas du régime général.
Argument massue. Black Manoo place soigneusement ses fesses en offrande au service public en se disant : « Ce pays doit deux grandes choses au PCF : le régime général et le Moukou. »
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Un jour, je suis rentré dans François-Villon, une médiathèque en face du Moukou. J’avais l’impression qu’elle narguait mes états d’ébriété à chacune de mes sorties du royaume de Guéda. L’inévitable vigile ivoirien m’a dit qu’une simple quittance d’électricité suffisait pour emprunter livres, disques et films par dizaines chaque semaine. Je me suis inscrit. J’ai tremblé d’émotion quand l’agent municipal m’a tendu ma carte de bibliothèque sans exiger ma carte de séjour. Tous ces livres, ces disques, ces films… J’étais presque triste à l’idée que je n’allais pas avoir le temps de tous les consulter.
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