Citations sur Les épées de glace, tome 1 : Le sang sur la lame (15)
Il avait des yeux terrifiants, des yeux de meurtrier, des yeux de tueur. Deux épingles de nuit qui restaient fixées sur eux, leur ôtant toute énergie et tout espoir. Deux puits sombres, deux torrents d'obscurité prêts à les engloutir, qui les jaugeaient, le jugeaient, les pesaient, les appréciaient, les mettaient à nu, comme pour déceler s'ils représentaient un danger ou non, s'il convenait de les tuer ou non.
Les courtisans s'amassaient autour de lui, tournant, regardant, palpant. Ils étaient encore plus nombreux et plus déterminés qu'au cours de ce fameux bal (…). Maintenant que l'Empereur semblait atteint, tous devaient vouloir savoir qui était ce mystérieux baron surgi de nulle part, intime avec Marcus et si habile avec une épée. Dans leur monde, l'information était le pouvoir, et ils en étaient tous avides.
Ils tournaient comme des vautours, des sangsues, un nuage de mouches au vrombissement exaspérant.
Dans toute guerre, il y a des victimes innocentes.
C'était donc le secret pour attirer les hommes ? Quelques kilos en moins, une robe ajustée, des cheveux peignées ? Ça semblait bien superficiel.
Seize ans, c'était l'âge bête, l'âge des rébellions (…).
Jusqu'à maintenant, vous connaissiez le palais en tant que petites gens. Maintenant que vous vous êtes fait remarquer, les enjeux sont différents. Vous allez vous rendre compte rapidement que c'est une autre bataille, plus subtile et plus venimeuse que celle qu'on mène l'épée en main, mais parfois tout aussi mortelle. Les gens chercheront à s'en prendre à vous, à en savoir plus sur moi, sur votre voyage, sur vos motivations. Ne faites confiance à personne.
Ce que Shani détestait, chez les hommes, c'était leur capacité à culpabiliser sur des détails qui ne les concernaient pas ; et, inversement, à refuser d'admettre quand ils avaient indubitablement tort.
- Oui, oui, j'ai dit ce qu'il avait envie d'entendre. Les hommes sont comme ça. S'ils ont l'impression d'être doués pour quelque chose, ils feront des efforts. Sinon, ils abandonneront.
(…) le noble irradiait une autorité sans commune mesure pour une charge si distante. Lobstan l'avait pris de haut en arrivant, mais un simple regard avait suffi à le faire ployer en une parfaite révérence. L'homme avait un visage de tueur ! Le serviteur s'était senti prisonnier de ses yeux sombres, une fourmi gigotant sous une pierre de plus en plus lourde.
- Je croyais que vous n'aviez pas mis les pieds à Musheim depuis vingt ans. Les choses ont pu changer.
Rekk eut un sourire froid.
- Les cafards ne changent pas. Les cafards ne meurent pas. Au mieux, ils peuvent se cacher, mais il suffit de retourner une pierre pour les trouver.