Citations sur Les talons hauts rapprochent les filles du ciel (44)
Le grésillement de la porte qui s'ouvrait, puis l'attente lorsqu'ils appelaient l'ascenseur et montaient dedans. Ils finirent par arriver, lui musulman noir comme l'ébène, elle juive blanche comme la craie. A eux deux, ils auraient pu me refaire le conflit israélo-palestinien, mais la coke avait remplacé toute religion et ils éteint devenus les meilleurs amis du monde. Je soupçonnais qu'ils couchaient ensemble, parfois.
Voilà un parfait moyen pour régler les problèmes de la bande Gaza. Larguer des caisses de coke et de capotes sur les lignes de conflit et regarder les guerres se résorber. Je devrais gagner un prix Nobel pour des idées pareilles.
Elle se retourna vers moi pour me fixer avec son drôle de sourire en coin.
-Tu connais Denver, le dernier dinosaure?
-Euh... ouais
Je fronçais les sourcils. C'était peut-être l'alcool, mais je ne comprenais pas où elle voulait en venir.
-Bah, tu vois, dans le générique, le gars dit que c'est son ami et bien plus encore. Qu'Est-ce que tu crois qu'il voulait dire par là? Tu penses qu'il y a anguille sous roche? Tu penses qu'il est homo lui aussi? (p257)
[…] Bon, tu m’as dit que tu avais des ennuis, et c’est vrai que tu n’as pas l’air dans ton assiette. Qu’est-ce qu’il se passe ?
— C’est une histoire de drogue ? T’as les flics aux trousses ? Des trafiquants ? T’as pas honoré un deal ? renchérit Moussah avec sa belle voix de basse.
— T’as baisé la mauvaise fille ? T’es tombé sur une femme mariée ? Tu t’es embrouillé avec un videur ?
— Tu t’es chopé une MST ? Le virus maudit ?
Je secouai la tête devant toutes leurs hypothèses. À les entendre, c’était un miracle que je sois encore en vie avec tous les risques qui me pendaient au nez.
[…] Les videurs ici semblaient sortis d’une publicité Benetton : un asiatique, un black, un blanc, un beur.
Un silence.
Puis: un silence.
Puis: un silence.
J'avais raison. Elle ne m'avait pas appelé, il s'agissait d'une erreur. Je me sentis à la fois amusé de m'être autant monté la tête, soulagé que ce ne fût rien de grave, vaguement déçu sans savoir pourquoi.
Puis:
- Fitz ?
Sa voix, sa putain de voix, calme et sous contrôle comme d'habitude, froide comme une lame.
Puis:
- Fitz, c'est Jessica. J'espère que tu n'as pas changé de numéro. J'aimerais vraiment te parler, c'est très important. Rassure-toi, je ne veux pas remuer le passé. Mais je serai ce soir au Blue Motion à partir de vingt-deux heures. Il faut vraiment qu'on se voie. Je t'embrasse.
Puis: clic.
Elle maniait le tonfa, je me passais de la pommade anti-hémorroïdes sous les yeux. Nous étions parfaits l'un pour l'autre.
Les passants passaient, les mateurs mataient, les badauds badaient.
Ici, les prédateurs se voulaient sexuels. De belles filles à l'argent hésitant souriaient à des héritiers, des footballeurs, des stars des médias aux dents ultrabrite. Si j'avais voulu verser dans le cynisme, j'aurais pu dire qu'on voyait ici la prostitution dans sa forme la plus moderne, la beauté et la jeunesse agitées comme un hochet devant de grands enfants prêts à tout dépenser pour satisfaire leurs fantasmes. (...) Et puis du sexe, du sexe mou et gluant, du sexe humide comme la pluie qui me coulait encore dans la nuque, du sexe alcoolisé dans lequel toute dignité disparaissait au profit d'une étreinte bestiale. (p.63/64)
Je restai un instant prostré sur mon futon. C'était donc ainsi qu'elle me voyait. Un dragueur, un charmeur, mais aussi un loser sans avenir. (p.226)
Dans les films ou les romans d'espionnage, un numéro de portable permettait de remonter la trace de sa détentrice. (...)Seulement je n'étais pas un héros de cinéma.
Je pouvais me permettre ce jugement sévère envers les charognards: j'en étais un moi-même.