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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ravie de renouer avec Michèle Gazier, dont j'avais beaucoup aimé" le merle bleu" et "Mont-Perdu"!

J'ai retrouvé son écriture fluide et fine, et l'acuité de ses observations.

" Nous sommes tous le fruit de notre histoire et de l'Histoire". C'est une remarque de Claude Ribaute , sociologue revenu dans son village natal.Ce pourrait être le thème central de ce roman.

En effet, deux "étrangers" vivant depuis peu à Saint-Julien-des-Sources suscitent des commentaires acerbes, pour ne pas dire injurieux. L'un est peintre allemand célèbre, qu'au village on surnomme " le boche", l'autre, "le Blondin", à l'accent d'un pays du Nord, semble se cacher.

L'Histoire, nazie, terroriste, est au coeur des secrets, des obsessions. L'histoire des personnages , on sent qu'elle s'entrechoque de plus en plus avec ces zones d'ombres et d'horreur du passé...

Et il y a un élément catalyseur, sans le savoir: la blonde et mystérieuse Valentina, une enfant attachante, qui se refuse à parler et vit dans son monde imaginaire. le drame surviendra.

Un livre subtil, posant des questions très pertinentes sur la mémoire collective et individuelle , le poids des souvenirs, la transmission du sentiment de culpabilité, notamment en Allemagne. Un livre qui sait aussi restituer l'ambiance suspicieuse et intrusive d'un village, où les êtres différents sont épiés et rejetés. Vraiment intéressant.

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Je connaissais Michèle GAZIER pour l'avoir vue dans notre bibliothèque Condorcet à MONTIVILLIERS,lors d'une rencontre littéraire ;elle était venue présenter son roman: La fille. Depuis,j'ai lu :les convalescentes ,que j'ai bien aimé etcelui-ci son dernier.Dire qu'elle est une auteure que je suis ,serait mentir,mais intriguée par le titre:" silencieuse" ,je me suis lancée dans sa lecture.
En fait,cette histoire pourrait se jouer comme une pièce de théâtre avec en toile de fond ce village : St Julien-des-sources ,un joli nom,contrairement aux mentalités de certains de ses habitants.......
Une pièce qui se joue entre :Hans Glawe, un artiste peintre /sculpteur Allemand renommé, héritier de l'époque Nazie, qui le torture et le fait souffrir,souffrance qu'il exprime au travers ses oeuvres,que bien peu de villageois comprennent ,hélas.
Puis,il y a "Le blondin"surnom donné par les habitants .Personnage énigmatique, d'où vient-Il,que fait-il? personne ne le sait.Il loue une petite maison insalubre,qu'il restaure petit à petit, personne très discrète qui ne met jamais les pieds au fameux "bistrot"où naissent toutes les suppositions et les "il paraît que...."La seule qui pourrait nous renseigner est la jeune caissière de la supérette :Annie,qui le rejoint la nuit 2 à 3fois par semaine en rasant les murs du village au cas où on l'apercevrait.
Mais quelqu'un va la voir et l'espionner de la fenêtre de son bureau où il écrit une étude sur HansGlawe :Claude Ribaude,un ancien enfant du village, sociologue à la retraite,qui a quitté la vie parisienne pour retrouver ses racines,mais qui jamais ne se mêlera aux villageois.Il vivra reclus et observera de la maison familiale.
Et puis un jour,un petit rayon de soleil viendra rompre la monotonie de ces journées.
La belle soeur d'Annie vient passer quelques jours au village avec sa petite Valentina ,enfant silencieuse.Enfant qui ,par de subtils rapprochements va bousculer l'ordre établi et va tisser des liens entre nos personnages, jusqu'au drame final. ....mais chut....
J'ai aimé ce roman par son côté réaliste,l'écriture de M. GAZIER ,droite,franche,sans fioritures, une étude des personnages rondement menée bref,le talent d'une auteure confirmée ,en font un roman à recommander.🌟🌟🌟🌟
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Michèle Gazier, Silencieuse, 2017 -

Saint-Julien-des-Sources. Un village. Trois hommes : Il y a Hans Glawe, le peintre et sculpteur allemand, le blondin Louis et Claude Ribaute, l'enfant du village revenu chez lui. Deux femmes : Annie et Sofia. Une enfant : Valentina et son étrange silence.

Michèle Gazier apprivoise doucement ses personnages. Nous aussi d'ailleurs. Avec cet autre personnage qu'est l'Histoire, elle construit un monde mystérieux qui ne s'éclaircira qu'à la toute fin, peut-être à cause de Valentina. Il y a tant de douceur dans le style de Michèle Gazier qu'on se demande comment elle a pu si bien intégrer à son récit des thèmes comme le refus, la violence créatrice et libératrice. Il y a bien quelques répétitions, mais ce roman se lit bien avec en soi le goût d'entrer un peu en amitié avec les personnages. L'auteure sait bien entretenir ce léger suspense qui donne envie d'en savoir plus sur eux. Une belle lecture.
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La première impression, lorsqu'on découvre les premières pages de Silencieuse, de Michèle Gazier, c'est que l'auteur sait écrire. Cela peut paraître stupide comme réflexion, mais je me la suis faite, et ce n'est pas toujours le cas. Certains auteurs savent raconter des histoires, mais pas les écrire dans le sens stylistique du terme. Et style ne veut pas dire sophistication inutile.

Pour le sujet, il est question, au départ de ce roman, de choses simples.

Nous sommes dans un village du sud de la France, un Saint-Julien-des-sources pas si imaginaire que cela… dans lequel nous allons faire connaissance avec six personnages. Pour un roman, c'est un bon chiffre, inutile de se perdre dans des personnages secondaires.

En premier, deux étrangers. Hans Glawe, peintre et sculpteur allemand, célèbre dans son pays, mais au village, les gens s'en foutent un peu. En plus, ils ne comprennent rien à ce qu'il fait, surtout pas ces assemblages et sculptures qu'il dissémine dans son jardinet.

Il y a aussi Louis, dit le Blondin, dont on ne sait pas grand-chose, sauf qu'il n'est pas d'ici, un peu renfermé, donc bizarre…

Comme dans chaque village, il y a une vigie, c'est Claude Ribaute qui tient ce rôle, décalé de par le fait qu'il est du village, mais n'y a pas habité toute sa vie. Il est donc détaché de la manie des potins, dont les dames commères et les hommes piliers de comptoirs, qui lui collent une double étiquette, se repaissent à longueur de conversations oiseuses.
Claude doit écrire un livre sur l'oeuvre de Hans et va régulièrement le visiter afin de recueillir ses impressions qu'il transcrira. Il croise souvent Blondin. Il est le trait d'union entre les cinq autres.

Il y a Annie, la caissière de la supérette, elle aussi un peu à l'écart, car elle cache sa relation avec Blondin qu'elle va rejoindre dans le plus grand secret de la nuit, en rasant les murs. Seul Claude, qui habite sur le chemin de la maison de Blondin, connaît cette relation.

Enfin, il y a Sofia, l'Italienne, belle-soeur d'Annie, qui débarque au village en compagnie de sa fille Valentina. Cette petite Valentina ne parle pas ou si peu, relationne avec ceux qu'elle choisit de son regard qui transperce, provoque l'effet miroir. Blondin et Claude auront le privilège de faire partie des élus de la gamine qui dérange, bouscule, révèle…

Tous les autres personnages du romans ne sont que des ombres sans nom, des rôles figurants, des rumeurs, à la limite du cliché. Juste des faire-valoir, des justificatifs de situations intermédiaires.


Nous allons suivre ces six personnages dans leurs allers et retours chez les uns et les autres, chacun avec sa fonction, son regard sur l'autre, sur le monde.

Celui de Hans est fort, dur, cassant. Il porte en lui toute la souffrance de son Allemagne natale, celle de la guerre qu'il n'a pas connue, mais dont il a hérité avec toute sa part de culpabilité et de violence que l'on retrouve dans ses oeuvres.

Blondin, personne ne sait d'où il vient, car son accent, du nord de l'Europe, c'est vague, révèle son étrangeté qu'il cultive en restant à l'écart. Sa rudesse apparente est déjouée par Annie dont les caresses et la tendresse dont elle a besoin, sans aller se mettre en couple, semblent lui redonner de l'équilibre. Mais le secret reste entier, il ne se livre pas.

Sofia, la belle Italienne — j'y ai vu Sofia Loren, sous la direction de Vittorio de Sica, pleine de mystère caché derrière une beauté fatale —, est attirante, mais « on » ne l'approche pas, sauf si sa petite sauvageonne de fille fait un premier pas, tend une main, sourit d'un regard…

Ces personnages vont évoluer sous le regard des ombres du village qui semblent ne pas les apprécier, on redoute et rejette l'étranger, donc l'étrange. On cherche à le quantifier, qualifier, classifier, et dès qu'il échappe à ce tamis, il dérange… allez savoir pourquoi.

En milieu de roman, le texte bascule, le narrateur, omniprésent jusque là, se transforme en « Je », c'est Claude. La vigie devient pivot. Passage un peu perturbant, mais c'est bien mené. Et l'histoire prend un nouveau souffle, un nouveau rythme. La fin, surprenante à souhait, nous renvoie à nous-mêmes, sur des questions essentielles de la vie… la rédemption, le pardon… mais vous verrez bien.

J'ai vraiment apprécié le regard de l'auteur sur l'art, sur la création, le sens caché des choix créatifs des artistes. Il est question de l'intime, du geste conscient ou non du peintre ou du sculpteur qui révèle, à qui peut ou cherche à le comprendre, certaines fêlures, certains fantômes. Tout créateur en a, qu'il le sache ou non. Certains en parlent jusqu'à se répandre, d'autres se taisent et laissent au spectateur le loisir de savoir pour lui, de ressentir ce qu'il veut, en corrélation ou non avec le message de l'artiste… Comme le dit Michèle Gazier : « Tout créateur s'exprime dans son oeuvre, le reste n'est que bavardage. »

Il y a surtout cette condition humaine, le regard sur l'autre, différent, par l'origine ou le comportement. Comme dans beaucoup de villages, on est d'ici seulement quand le nom de famille est gravé sur le monument aux morts… et encore, il ne faut pas en partir trop longtemps, juste pour aller faire des études ou la guerre. Troubler l'eau qui dort, c'est remuer la vase, faire remonter les secrets, et ce n'est jamais bon.


Un texte à découvrir, une auteure à rencontrer.
Vous pourrez en parler avec Michèle Gazier les 3 et 4 juin 2017 durant le festival de l'édition indépendante l'Antre des livres, à Orange, espace Daudet. Invitée spéciale, elle remettra le Prix première chance à l'écriture à Jean-Pascal Chabrillangeas pour son roman Deltas, à paraître chez Elan Sud, et elle participera à différentes tables rondes durant les 2 jours de Salon.

Voir les horaires ici : http://www.lantredeslivres.com/


Lien : http://dominiquelin.overblog..
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J'ai trouvé à ce roman des qualités d'écriture certaine. C'est fluide, sans chichis, la mise en place se fait toute seule sans forcer. Les personnages sont intéressants et le fait de resserrer sur 3 personnages pour parler du village était pour moi la meilleure chose à faire.
Une fois la mise en place faite, arrive la petite Valentina. On sent que cette enfant va faire basculer les choses. La 2ème partie du romain est seulement vue du point de vue du sociologue présent dans l'histoire. Cela limite les points de vue mais resserre l'action. A plusieurs reprises commence à arriver des allusions "au drame". On sent donc que quelque chose va se passer et on a qu'une hâte : en connaitre la teneur.
Enfin on le sait. Et là j'avoue avoir été déçue. Pas par le contenu, mais par la manière dont c'est traité. Trop succinct pour moi, il y avait largement matière à développer, comme tout le reste l'a été fait. J'ai vraiment trouvé dommage le traitement de la fin, alors que j'ai beaucoup aimé tout le reste.
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Livre très bien écrit avec une fin très surprenante.
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