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Xiao min Giafferri-Huang (Traducteur)Marie-Claude Cantournet-Jacquet (Traducteur)
EAN : 9782752603067
118 pages
L'Aube (18/01/2007)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Recueil de deux nouvelles paru en Chine en septembre 2000. Une intrigue, un mystère à résoudre constituent la trame de ces deux récits.
Mais s’y lit, en filigrane, la recherche du temps perdu de l’auteur, sa volonté de reconstitution du passé. Pour Ge Fei, écrire c’est remplir le temps d’expérience individuelle. Dans Vert-jaune, un jeune chercheur tente de retrouver le sens d’une expression mentionnée dans un livre... Il part en voyage et enquête sur neuf fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un recueil de deux nouvelles, d'un intérêt inégal à mes yeux. La première, Vert-Jaune, a tout l'air d'une enquête sérieuse d'un narrateur autour de la légende des neuf familles de pêcheurs de Maicun, dont les femmes étaient paraît-il prostituées. Il se rend sur place, va rencontrer la dernière et mystérieuse descendante Xiao Qing, pour tenter de recueillir ses souvenirs…Mais ce voyage est plus pour le narrrateur un prétexte à la rêverie, au retour au passé, sans pour autant qu'on n'en apprenne beaucoup plus…On saura surtout que l'expression « Vert-Jaune », est tout autant la « femme de pêcheur se prostituant pour survivre quand la pêche est mauvaise »…que le surnom d'un chien, ou encore que le nom d'une plante graminée…Peut-être un clin d'oeil aux subtilités de la langue chinoise elle-même, qui regorge d'homonymes ? Une histoire un peu brumeuse qui m'a laissé perplexe.

Le récit Impressions à la saison des pluies qui donne son titre au recueil m'a beaucoup plus emballé. Nous sommes dans un bourg chinois habitué à une période de pluies « à la saison des prunes jaunes ». Mais cette année-là, la pluie semble ne jamais devoir prendre fin. Cela joue manifestement sur le moral des habitants, quand cela ne provoque pas quelques perturbations mentales…L'armée japonaise attaque la Mandchourie, les habitants sont hantés par la soi-disant venue de détectives envoyés par le pouvoir politique pour neutraliser un comploteur…les villageois sont autant enclins à des rêveries qu'à des pulsions, qui se mêlent et s'incarnent dans quelques personnages que l'auteur nous rend familiers en quelques pages, quelques scènes, parfois d'anthologie ! Il y a le maire un poil nerveux et influençable, partagé entre les obligations de sa charge et les avantages que cela lui confère. Son secrétaire qui cumule les bourdes. Un futur jeune marié qui se voit suspecté d'être le comploteur, disculpé, et s'emmêle les pinceaux dans l'envoi des faire-part. Le directeur d'école et instituteur Bu Kan qui se met à fantasmer sur une élève, Hong...pendant que sa femme s'ennuie et prend prétexte de la pluie pour ouvrir la porte du domicile conjugal, et son corps, à tous les hommes, qui ne se font pas prier pour venir s'abriter, à commencer par le maire…
Cette pluie s'avérera désastreuse à l'échelle de la région, lorsque par une sorte d'effet papillon elle va provoquer la migration de cigognes et inciter les japonais à attaquer à l'endroit qu'elles ont abandonné, provoquant de lourdes pertes chez les chinois.

Ce texte est bien écrit, intelligent, fin, drôle ! L'atmosphère est assez étrange, les pistes sont brouillées, le temps s'étire et nous fait perdre les repères. La mémoire s'en va chez les personnages, et leurs bêtises, leurs travers n'ont pas l'air d'avoir de conséquences particulières. Finalement, on se demande si toutes ces déviances ont bien eu lieu, comme si elles n'étaient que le fruit d'une imagination débordante et confuse, comme dans le rêve du moine qui met en scène la jeune élève Hong dans un supplice érotique et sadique, co-orchestré par Bu Kan et le maire en personne !

Un agréable moment de lecture, qui se déguste d'une traite.
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C'est un recueil de nouvelles très court. Fort heureusement, car en dehors des descriptions de paysage et des phénomènes naturels, je n'ai pas compris ce que l'auteur à voulu exprimer au travers de cet ouvrage.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L’heure de la sortie n’avait pas encore sonné à l’école lorsque le maire arriva chez le directeur Bu. Sa femme était en train de coudre dans la pièce principale. A la vue du maire qui venait lui rendre visite, son visage, qui depuis trop longtemps reflétait les tourments causés par la pluie, brilla soudain d’un éclat cramoisi. Elle lui dit que depuis le jour où cette pluie des prunes jaunes avait commencé, elle n’avait pas mis le nez dehors et que son corps tout entier n’allait bientôt être que pourriture. Alors qu’elle lui débitait tout cela, elle avait été prise d’un hoquet dû à une digestion difficile.
« C’est bien vrai lui accorda-t-il. Depuis le début de la saison des pluies, je vis chaque jour comme un rêve…
-Est-ce que ça ne serait pas un « rêve de fleurs de pêcher » par hasard ? Et elle accompagna sa question d’un sourire charmeur. La nuit dernière, moi aussi j’ai fait un rêve : il y avait une sangsue qui s’était glissée dans mon pantalon… »
Il se peut que ce qu’elle lui raconta alors fut vrai mais le maire y vit plutôt une provocation à peine voilée.
La pluie pénétrait en oblique par la porte ouverte, apportant avec elle des bouffées parfumées qui sentaient bon l’herbe fraîche mélangée à une légère odeur de fiente de pigeons.
Bien qu’elle ait largement dépassé la trentaine, cette femme venue d’une autre région avait une silhouette de jeune fille. Le maire s’intéressait surtout à sa robe fendue très haut qui découvrait une cuisse bien en chair et à la peau très blanche.
« Il fallait qu’il y ait urgence pour venir sous cette pluie battante ?
-Non, rien de spécial, répondit-il, je passais par-là et j’en ai profité pour rentrer m’abriter un peu de la pluie.
-Je vais fermer cette porte, dit-elle d’une voix douce, sinon, bientôt, ça ne sera plus une maison mais un étang. »
Le maire se mit à rire : « Ne fermez surtout pas. Le directeur Bu ne va pas tarder et, s’il trouve la porte fermée, il va croire que nous… »
Peut-être fut-ce à cause du bruit de la tourmente, mais elle n’avait apparemment pas entendu ce que le maire venait de lui dire. Elle alla fermer la porte et tira le verrou.
Soudain, il fit si sombre dans la pièce que, pendant un instant, le maire ne distingua même plus le visage de madame Bu ; mais en sentant le parfum fruité qui émanait d’elle et se répandait tout autour, il ne put empêcher son cœur de battre très fort.
Elle retourna s’asseoir sur le banc de bois où elle reprit sa place initiale. A l’aide d’une petite pince, elle attrapa, dans sa boîte à ouvrage, une aiguille qu’elle voulut enfiler. Mais le fil devait être trop humide à cause de la pluie et elle n’arrivait pas à l’introduire dans le chas de l’aiguille.
Le maire se leva et lui proposa : « Je vais vous aider. »
Elle lui adressa un sourire : « Vous pourriez y arriver ?
-Même si le trou était plus petit, j’arriverais à l’enfiler, répondit-il tout en prenant conscience que sa voix était beaucoup moins assurée.
-Ne vous vantez pas trop vite, dit-elle d’une toute petite voix douce, le trou de mon aiguille a quelque chose de particulier… »
Tout chancelant, il s’approcha et vint s’asseoir tout près d’elle. Déjà, elle avait une respiration légèrement haletante. Au lieu de lui prendre l’aiguille des mains, il lui posa le bras sur l’épaule. Elle tressaillit, puis lui prit la main et la plaqua sur ses seins :
« Si tu veux b…, alors dépêche-toi ! le pressa-t-elle à voix basse. C’est bientôt l’heure de la sortie à l’école et Bu Kan va rentrer. »
Le terme qu’elle venait d’employer avait choqué le maire. Quoique ce ne fut pas là sa première aventure galante au bourg, il n’avait cependant jamais entendu une femme employer ce genre de mot. « Bu Kan, dit-il tout bas, il ne faudra pas m’en vouloir pour ce que je vais te faire… »
Ils passèrent dans la chambre à coucher, mais à peine avait-il commencé à lui enlever sa robe qu’ils entendirent le directeur Bu, de retour de l’école appeler à la porte.
« Laissons-le frapper, inutile de répondre ! insista-t-elle, brûlant d’impatience ; viens d’abord me sauter un coup et puis on verra. »

Extrait du récit "Impressions à la saison des pluies"
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L'après-midi de la veille, après la classe, Bu Kan était en train de se limer les ongles dans son bureau lorsque, soudain, il avait vu Mai Hong accourir en longeant le parterre de fleurs qui bordait la bâtisse de l'école. Elle avait dû faire demi-tour sur le chemin de la maison. Sans qu'il l'eût voulu, il avait aperçu très nettement le contour de ses seins qui sautillaient au rythme de ses pas. Il avait alors senti son propre coeur battre la chamade. Arrivée à la porte, Mai Hong, sur le point de s'écrouler, s'était rattrapée à lui.
Il lui avait fallu un certain temps pour comprendre ce qui lui arrivait ; en fin de compte, il s'avéra qu'elle avait été mordue par une sangsue qui était restée accrochée à son mollet. Il l'avait fait asseoir sur une chaise et lui-même s'était accroupi devant elle pour l'aider à retrousser sa jambe de pantalon. Avec beaucoup de douceur et de tact il lui avait expliqué qu'en réalité les sangsues n'étaient pas si dangereuses que cela, qu'elles n'étaient absolument pas venimeuses et, qu'au contraire, elles aspiraient les substances nocives que nous avions dans le sang et nous en débarrassaient...Ces paroles réconfortantes n'avaient pas réussi à la calmer. Le visage blême, les yeux fermés, les paupières crispées, les jambes sans cesse secouées par un tremblement nerveux, elle n'arrêtaient pas de gémir. A l'aide d'une pince sortie d'on ne sait où, il avait essayé de retirer la sangsue mais sa main tremblait tellement qu'il n'y était pas parvenu. La jambe élancée de la jeune fille, d'une blancheur éclatante, était striée d'une multitude de petites veines bleues ; le contact de ses doigts avec cette peau douce et soyeuse lui avait aussitôt fait monter à la gorge une sensation au goût salé. Lorsque finalement, au milieu de son trouble, il avait réussi à arracher la sangsue, il était en nage et sa chemise était trempée de sueur. Dehors, la pluie avait redoublé d'intensité. Les branches d'un poirier épineux secouées par le vent ne cessaient de venir fouetter le papier de la fenêtre. Il avait l'impression que le susurrement de l'eau qui s'écoulait sur les tuiles du toit favorisait sa rêverie et faisait vagabonder son imagination...
Dans un petit flacon, il avait pris une tige de coton imbibée d'alcool et avait nettoyé la plaie d'un rouge sombre. Surprise par le chatouillement, elle s'était mise à rire en hoquetant. Il avait sursauté, puis lui aussi avait ri. Le moine Bianji du temple de Baiju qui passait dans le couloir juste à ce moment-là avait bien évidemment vu la scène. Bu Kan avait pensé le rattraper pour tout lui expliquer, mais le moine lui avait adressé un sourire de connivence et avait disparu.
Mai Hong n'arriva qu'au moment où la leçon se terminait. Sans un mot, elle contourna l'estrade et alla s'asseoir à sa place tout en se passant la main dans ses cheveux mouillés pour les recoiffer par-dessus ses oreilles. Tout de suite après, Bu Kan sentit encore une fois les effluves de ce parfum de santal qui lui était désormais familier.
Le regard du maître devint fuyant ; il n'osait plus regarder dans la direction de la jeune fille, de crainte qu'un seul de ces regards entraîne son coeur solitaire dans un tourbillon qui ne lui laisserait plus aucun répit. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir honte de ressentir, à cinquante ans passés, ce trouble de jeune homme. Cette autocritique, inutile au demeurant, ne fit qu'accentuer son malaise et perturber son discours ; ses explications devinrent confuses. Ce comportement inhabituel eut tôt fait d'attirer l'attention d'un des élèves du premier rang...
Ce soir-là, en rentrant chez lui, Bu Kan avait encore présent à l'esprit le visage calme et serein de Mai Hong. La pluie de la saison des prunes qui faisait rage aux derniers jours du printemps favorisait ces rêveries dans lesquelles allaient se perdre et s'épuiser les âmes.

Extrait du récit "Impressions à la saison des pluies"
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Cette fois-ci, l'attaque surprise n'avait pas été décidée en fonction des renseignements que l'ennemi avait pu obtenir sur le positionnement des troupes chinoises comme c'était le cas habituellement, mais tout simplement à la suite d'un incident fortuit : un avion de reconnaissance japonais ayant remarqué la soudaine disparition d'une colonie de cigognes blanches qui avaient élu domicile dans la montagne, le centre opérationnel soupçonna la migration des oiseaux d'avoir eu pour cause le regroupement de l'armée chinoise dans cette zone. Le bombardement japonais n'avait été qu'une simple tentative de sondage, mais il avait causé des pertes considérables dans les rangs de la défense chinoise.
"C'est impensable...murmura Bu Kan, qu'un vol d'oiseaux ait pu modifier le cours de la guerre.
- Qu'est-ce qui est impensable ?" La flûte de Duan Xiaofo s'arrêta net. Il s'avança vers son directeur, lui prit le journal des mains et se mit à lire avec avidité. "Inimaginable !" Petit à petit, l'excitation qu'il ressentait donnait à son visage un certain éclat. "De nos jours, il s'en passe de toutes les couleurs.
- Ceci dit, précisa Bu Kan, les migrations d'oiseaux, au printemps et en automne, sont des phénomènes naturels, tout simplement. Et à peine leurs ailes repèrent-elles un quelconque changement de température que ces petites bêtes sont susceptibles d'aller se percher ailleurs...
- C'est comme pour les gens, admit Duan Xiaofo, confrontés aux pluies des prunes jaunes ou au clair de lune, ils peuvent, de la même façon, perdre le sens des réalités..."

Extrait du récit "Impressions à la saison des pluies".
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Cette femme au visage doux n'était pas aussi difficile à approcher que je me l'étais imaginé. Peut-être s'était-elle depuis longtemps habituée à oublier le passé, à enfouir les germes de sa souffrance au plus profond de son coeur stérile. Elle tirait de grandes bouffées de sa cigarette, sans rien dire. L'expression de son visage, sa veste de soie noire, sa poitrine opulente et pesante me donnaient l'impression d'être imprégnés du souvenir du passé.

Extrait du récit "Vert-Jaune"
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Elle portait une robe bleue à fleurs, arborait un sourire audacieux et légèrement provocateur et un subtil parfum de santal se dégageait de toute sa personne.

Extrait du récit: "Impressions à la saison des pluies"
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