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EAN : 9781561636051
80 pages
NBM Publishing (28/08/2011)
5/5   1 notes
Résumé :
Rick Geary tackles the most controversial case of the 20th century. Anarchists Sacco & Vanzetti were accused of robbery and murder but so many supposedly damning pieces of evidence were questionable their guilty verdict elicited massive protests around the world. Geary presents us with all the twists and turns, appeals and dubious evidence after presenting us the human face of the two men, demonized by many, turned to martyrs by many others in his usual unflappabl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit du treizième tome dans la série de reconstitutions de meurtres célèbres, réalisée par Rick Geary. Ce tome est consacré au procès de 2 anarchistes italiens accusés d'un meurtre commis en 1920. Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, dessinée en noir & blanc, avec un scénario, des dessins et un encrage de Rick Geary. le tome précédent de la série est The terrible axe-man of New Orleans, le suivant est Lovers' lane: the Hall-Mills mystery.

Le tome commence par une carte sommaire de l'est du Massachussetts s'étendant de Boston à Plymouth. Il y a ensuite une carte schématique du site du vol et du meurtre commis à South Braintree dans le Massachussets le 15 avril 1920. La troisième carte localise les attentats à la bombe, les émeutes et les manifestations contre la condamnation de Sacco et Vanzetti à travers le monde. Chapitre I : le crime - Cette partie relate les circonstances et les faits avérés du crime commis à Braintree le 15 avril 1920. Chapitre II : les accusés - Qui étaient Bartolomeo Vanzetti et Nicola Sacco ? Des émigrés italiens, activistes anarchistes. Chapitre III : l'accusation - le choix des jurés, les témoins de l'accusation, les preuves de culpabilité. Chapitre IV : la défense - Les témoins de la défense et les dépositions de Sacco et Vanzetti. Chapitre V : la jungle légale - Les appels successifs et le comité de soutien à Sacco et Vanzetti. Chapitre VI : une cause globale - Manifestations de soutien à Sacco et Vanzetti et attentats contre les ambassades des États-Unis.

Pour des générations entières, l'affaire Sacco & Vanzetti est l'exemple type de l'erreur judiciaire manifeste, commise sciemment par un système et une société souhaitant avant tout condamner les convictions politiques des accusés. Elle a donné lieu à un film Sacco & Vanzetti de Giuliano Montaldo dont la bande originale bénéficie d'une chanson inoubliable écrite et interprétée par Joan Baez (sur une musique d'Ennio Morricone). Ce tome de Rick Geary relate les principaux faits avec une économie de moyens impressionnante, un ton des plus factuels et une qualité didactique d'autant plus remarquable qu'elle s'efface derrière d'autres facettes de la narration.

Comme dans les tomes précédents, l'aspect graphique est déconcertant. Rick Geary ne montre aucune envie de faire joli, encore moins de réaliser des cases en mettant plein la vue. Les dessins sont eux aussi inféodés à l'objectif de montrer les faits de manière simple. En apparence, Geary semble s'économiser, à commencer par le plus frappant : les textures. Il ne fait aucun effort pour essayer de représenter ou de transcrire l'aspect du métal ou des tissus. C'est particulièrement flagrant pour les vêtements qui sont soit blanc, soit noir, soit nourris de traits parallèles (dans des directions différentes, mais sans hachures, sans traits qui se croisent). Cela donne des cases déroutantes avec des vestes ou des manteaux tout en traits parallèles peu réalistes. Ce choix graphique ne connaît que 2 exceptions le bois (les nervures en sont souvent représentées) et les murs en briques (ces dernières étant également représentées). Cela donne une apparence immédiatement identifiable aux dessins de Geary qui peut demander un temps d'acceptation. En outre, Geary ne découpe pas ses pages en termes plan-séquence avec mouvement de caméra. À nouveau la succession des cases est entièrement dictée par le fil narratif du texte (des phrases courtes et concises en haut de case (ce comics étant presque dépourvu de phylactère). du coup le rythme narratif est entièrement donné par le texte, à l'opposé d'une bande dessinée d'action. Ce parti pris aboutit à 2 ou 3 reprises à un dessin montrant ce que dit le texte, sans valeur ajoutée. Cette volonté de s'en tenir à l'essentiel participe à concentrer l'attention du lecteur sur les éléments essentiels qui eux bénéficient d'un degré de description plus fin.

Il est facile d'avoir accès à des comptes-rendus précis et détaillés de l'affaire Sacco et Vanzetti (par exemple wikipedia en anglais) contenant plus d'informations que cet ouvrage. Comme pour les précédentes affaires de la série, le medium de la bande dessinée présente l'avantage de rendre plus vivante la découverte des faits, tout en préservant une approche rigoureuse grâce aux chois narratifs et visuels adoptés par Rick Geary. de manière manifeste, l'objectif de Geary n'est pas de défendre une thèse plutôt qu'une autre sur la culpabilité ou l'innocence des accusés. Comme dans les tomes précédents, il rend compte avec minutie des éléments à charge comme à décharge, et des incohérences aussi bien du côté de l'accusation que de celui de la défense. Il prend soin de contextualiser l'affaire, qu'il s'agisse de la vie de ces 2 émigrés italiens (leur métier, leurs convictions politiques, la famille de Sacco), des différentes phases du procès (du choix des jurés, aux convictions affichées du juge Webster Thayer), des différentes pièces à conviction et des témoins, de la stratégie peu adaptée de l'avocat des prévenus (Fred H. Moore, un homme aux convictions politiques de gauche également clairement affichées), aux manifestations violentes de par le globe. Ce dernier élément de contexte montre également les limites de l'approche de Rick : en 80 pages, il ne peut pas tout développer. Ainsi il peut montrer la violence des manifestations en France (attentat à la bombe sur la maison de l'ambassadeur des États-Unis en France), mais il n'a pas la place d'expliquer pourquoi l'affaire de Sacco et Vanzetti a provoqué une telle réaction à ce moment en France.

Pourtant loin de composer un compte-rendu aride et dépassionné, cette mise en scène de l'affaire Sacco et Vanzetti fait réagir le lecteur qui finit par se poser des questions peu confortables. Il y a bien sûr les préjugés qui entachent la procédure judiciaire. Il y a ces dysfonctionnements dans la procédure qui finissent par faire ressortir l'arbitraire de toute procédure, l'impossibilité d'avoir une certitude (les revirements des témoins constituent un cas d'école). Même les interventions des experts ne font que rajouter des doutes, là encore leurs certitudes aboutissent à des conclusions divergentes (même quand il n'y a pas de soupçons de collusion). Il y a comme d'habitude chez Geary une ouverture sur la société de l'époque qui met en évidence en quoi ils constituent des coupables tout désignés (des immigrés maîtrisant mal la langue anglaise, des activistes prônant une révolution qui menace en cause leur pays d'accueil). Il y a toute l'ironie de voir que Vanzetti est en partie condamné sur la base des cartouches de pistolet trouvées dans ses poches, dans un pays où la liberté de port d'armes est inscrite dans la constitution. L'évocation des attentats dans d'autres parties du globe fait ressortir la souveraineté des États-Unis sur leur territoire, mais également un début de mondialisation au travers de la lutte des classes. Enfin comme dans les précédents tomes, la narration de Rick Geary fait ressortir que la vie n'a rien d'un roman. Il est impossible de déterminer ce qu'ont réellement fait les uns et les autres, encore moins ce qu'ils ont pensé. Ils restent des faits plus ou moins sujets à caution. Il reste une impossibilité de savoir, il n'y a pas de dénouement de dernière minute, de confession bien claire et tranchée 10 ou 20 ans plus tard, de coup de théâtre révélateur apportant une clôture définitive.

Dans un style un peu froid et factuel, Rick Geary invite le lecteur à découvrir ou à se remémorer une célèbre affaire criminelle ayant défrayé la chronique à l'échelle de la planète dans les années 1920. le mode narratif rigoureux et sans éclat induit le questionnement du lecteur sur ce qui lui est montré, sur ses propres convictions ou au contraire son absence de certitudes, sur la nature de la justice et des modalités d'application des lois. Avec cette affaire, Rick Geary recrée l'affaire Sacco & Vanzetti, la met en perspective de la société américaine de l'époque, et fait ressortir des éléments intangibles toujours bien présents dans notre société.

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- Bartolomeo Vanzetti s'adressant au juge Thayer en 1927 (source wikipedia) : « Si cette chose n'était pas arrivée, j'aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J'aurais pu mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n'aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd'hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu'on nous prenne nos vies, vies d'un bon cordonnier et d'un pauvre vendeur de poissons, c'est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe. »
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