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EAN : 9780809095032
102 pages
Hill & Wang (08/01/2008)
5/5   1 notes
Résumé :
A True History of Violence (and Crimefighting, Politics, and Power)

In the hands of gifted cartoonist Rick Geary, J. Edgar Hoover's life becomes a timely and pointed guide to eight presidents--from Calvin Coolidge to Richard Nixon--and everything from Prohibition to cold war espionage. From a nascent FBI's headlinegrabbing tracking down of Dillinger and Machine Gun Kelly in the 1930s to Hoover's increasingly paranoid post-WWII authorizing of illegal w... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome constitue une biographie de J. Edgar Hoover, suffisante par elle-même, ne nécessitant pas de connaissances historiques préalables. Il est paru sans prépublication, pour la première fois en 2008. Rick Geary en est l'auteur, scénario et dessins. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc de 100 pages. Elle se termine avec bibliographie de 6 oeuvres sur la biographie de Hoover et l'histoire des États-Unis pendant cette période. Rick Geary est également l'auteur d'une biographie de Trotski parue en 2009.

Pendant 55 ans, J. Edgar Hoover a été au service du peuple des États-Unis, estimé comme une véritable icône pendant la majeure partie de cette période. Il a été un G-Man (homme du gouvernement), un croisé contre la menace du communisme, un gardien de la morale publique, un expert en écoutes et un détenteur de secrets. En tant que directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI), il en a fait un instrument de sa volonté inflexible. Il a toujours habité dans la capitale, au fur et à mesure des changements apportés par les décennies, et il fut l'artisan de la plupart. Il est né dans une maison d'un quartier résidentiel de Washington, à quelques pâtés de maison du Capitole, le premier janvier 1895. Il était le plus jeune fils de Dickerson Hoover (28 ans) et Sheitlin Hoover (34 ans), après Dickerson junior (né en 1880), Lillian (née en 1882) et Sadie (née en 1890 et décédée en 1893). Il est allé à l'école du quartier, a rédigé un journal d'école, vaincu un bégaiement. Au lycée et dans ses études supérieures, c'était un bosseur ambitieux, avec une passion pour l'ordre et la discipline, ce qui l'a conduit à servir dans l'armée. Puis il a intégré l'université George Washington pour devenir juriste, tout en travaillant pour la Librairie du Congrès pour payer ses études. Alors que la santé de son père se détériorait, il a dû prendre un emploi dans une annexe du ministère de la Justice.

En 1917, sous la responsabilité de l'attorney général Thomas Gregory, Hoover s'est occupé du recensement des citoyens d'origine allemande et austro-hongroise. Étant efficace, il est nommé au poste d'Attorney spécial, et il peut recruter une secrétaire, Helen Gandy. À l'automne 1917, les États-Unis sont toujours en guerre et les bolchéviques prennent le pouvoir en Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Après la fin de la première guerre mondiale, les États-Unis s'inquiètent d'une propagation de la révolution communiste. A. Mitchell Palmer, le nouvel Attorney général était un anti-communiste convaincu et il décide de conserver les services de Hoover, avec la mission de ficher les radicaux. de fait le fichier de Hoover augmente jusqu'à contenir 200.000 noms de communistes, mais aussi d'activistes libéraux, de progressistes, etc., toute personne ayant pu exprimer des opinions dissidentes. En 1920, il rejoint l'organisation des francs-maçons.

L'exercice n'est pas très facile : écrire une biographie en bande dessinée, avec un nombre de pages restreint. Rick Geary a choisi une forme de narration très rigoureuse : des cellules de texte didactique et factuel, moins d'une dizaine de phylactères. du coup, le lecteur a l'impression de lire un texte illustré, l'auteur montrant le ou les personnages qui sont évoqués dans le texte. Dans un premier temps, c'est un peu artificiel. Par exemple, l'auteur évoque les frères et soeurs de Hoover, et il y a deux cases, la première avec Dickerson junior et Lilian, la seconde avec Sadie. Certes, le lecteur est venu pour lire une bande dessinée et il s'attend à des images, mais ces deux-là n'apportent pas grand-chose, sauf peut-être pour le style vestimentaire très guindé, en cohérence avec le fait d'une photographie posée. Étrangement, il faut une bonne dizaine de pages pour que l'auteur soit plus à l'aise et que la répartition des informations soit mieux équilibrée, les dessins apportant alors des informations qui ne sont pas contenues dans le texte. Ils montrent des éléments énoncés dans le texte mais sous un aspect qui leur donne une autre consistance. Par exemple, une descente de police avec des individus pas commodes en uniforme, l'un ayant sa matraque levée, prêt à frapper. Ou un plan rapproché sur les jambes d'individus en train de marcher sur un trottoir, avec une chaîne passant dans le bracelet qu'ils ont chacun autour de la cheville gauche. Tout d'un coup la notion de raid contre des immigrants acquiert une réalité très dérangeante.

Écrire la biographie d'un homme ayant vécu 77 ans, et ayant été une telle figure publique constitue une gageure : comment retranscrire une vie aussi riche, aussi médiatique ? L'auteur a décidé de ne pas faire dans le sensationnel, de s'en tenir aux faits établis, et de donner à chaque fois un peu de contexte. Il intègre quelques éléments de la vie personnelle de John Edgar Hoover, et quelques-unes de ses convictions. Il peut s'agir de supputations, mais elles sont toujours rattachées à une déclaration publique de Hoover, une déduction directe de ses propos, plutôt qu'une thèse complexe à partir d'une hypothèse invérifiable. Geary prend grand soin de toujours rester dans un registre le plus factuel possible et de se tenir à l'écart des titres tonitruants de la presse à scandale. Par exemple, quand il évoque le temps d'une case ou deux la sexualité de Hoover, il dit clairement qu'il y a eu des suppositions sur son homosexualité dans sa relation avec Clyde Tolson, mais qu'elles sont restées sans preuve et il s'en tient là. de même il ne se lance pas dans les ragots sur sa relation avec le président John Fitzgerald Kennedy, et s'en tient à ce qui est connu. Il dresse ainsi un panorama d'une ampleur peu commune.

Certes, le lecteur peut regretter que Rick Geary ne développe pas certaines périodes, ou certains faits, mais d'un autre côté, il fait le maximum avec la place qui lui est allouée. Il doit passer en revue le développement du FBI pendant les 48 ans où Hoover en a été le directeur. Il évoque donc les relations avec 8 présidents successifs : Calvin Coolidge (1923-1929), Herbert Hoover (1929-1933), Franklin Delano Roosevelt (1933-1945), Harry S. Truman (1945-1953), Dwight D. Eisenhower (1953-1961), John Fitzgerald Kennedy (1961-1963), Lyndon B. Johnson (1963-1969) et Richard Nixon (1969-1974). Au fil des décennies, le lecteur reconnaît des événements historiques comme l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, la nomination de Hoover à la tête du FBI en 1924 alors qu'il avait 29 ans, le développement de la police scientifique, l'enlèvement et [[ASIN:1561635294 le meurtre du fils de Charles Lindbergh]], le New Deal, l'attaque de Pearl Harbor, la guerre froide et le Maccarthysme, l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy le 22 novembre 1963, la nomination de Hoover en tant que directeur à vie, la fusillade de l'université d'État de Kent le 04 mai 1970, la création de l'équipe de Plombiers, etc. L'auteur sait mentionner ces événements de telle sorte que le lecteur novice dispose de leur dénomination exacte s'il souhaite se renseigner plus avant, et que celui qui les connaît puisse mesurer l'impact des décisions de Hoover dans chacun d'eux.

Petit à petit, le lecteur se fait aux particularités des dessins de Rick Geary. Il ne dessine pas pour faire joli, ni pour se mettre en avant. Il a l'habitude d'utiliser des traits qui courent en parallèle pour apporter de la consistance aux vêtements, à certains éléments de décor, ce qui peut parfois donner l'impression de cases un peu chargées, ou qu'il masque ainsi ses limites techniques. Ses personnages donnent parfois l'impression d'être un peu naïfs ou d'arborer une expression un peu factice. Une fois passé le moment d'adaptation, le lecteur peut appréhender l'intelligence de la mise en images. Effectivement, il ne s'agit pas d'une bande dessinée d'action : il n'y a quasiment aucune suite de case décomposant une action dans une scène unique. Chaque image est pleinement dictée par le déroulement du texte dans les cartouches, illustrant le propos. Pour autant, l'auteur a bien choisi la forme d'une bande dessinée : des cases disposées en bande, très souvent des pages de 4 cases, de taille identique, soit en 2 cases sur de 2 bandes, soit 4 cases de la largeur de la page. Il utilise d'autres mises en page avec parcimonie, par exemple des inserts. Certes, cette bande dessinée est à la frontière du texte illustré, à ceci près que les cases apportent une forte densité d'informations visuelles, qu'elles font vivre les personnages historiques, qu'elles peuvent reprendre des photographies ou des images d'archives très connues. Geary tire profit de la liberté donnée par la bande dessinée en rapprochant visuellement des éléments disparates tels que photographies ou films d'actualité, et reconstitution imaginée, et qu'il montre ces individus dans des comportements soit en représentation officielle, soit en réaction plus spontanée.

Le lecteur se régale donc à voir ainsi se dérouler la vie de John Edgar Hoover, par le biais de ses promotions, de sa carrière, de ses décisions professionnelles, et la connexion faite avec les événements historiques. Il se dit que Rick Geary se montre très factuel, quasiment impartial. C'est sans compter son second degré parfois ironique. Tout en restant factuel, il peut choisir une tournure de phrase, ou se focaliser sur une facette d'un événement qui en dit long sur son avis. Par exemple, il revient à plusieurs reprises sur la communication très contrôlée du FBI et ses techniques de promotion auprès du public. Il souligne comment la gestion très autoritaire du FBI permet à Hoover de s'entourer d'individus pensant comme lui et le craignant, favorisant ainsi une caisse de résonnance de ses propos, et dissuadant toute tentative de contradiction. Il met en évidence l'intelligence stratégique de Hoover qui a pu rester à la tête du FBI durant le mandat de 8 présidents successifs, tout en soulignant l'anormalité d'un directeur à vie du FBI. Il met en avant l'efficacité des méthodes du FBI, tout en mentionnant les lois bafouées se faisant, et comment elles contreviennent à a liberté individuelle. À la fin, le lecteur n'entretient plus de doute quant aux convictions de l'auteur.

Rick Geary réalise une biographie compacte et dense de la vie de John Edgar Hoover, de sa carrière, de son importance à la tête du FBI de 1924 à 1972, avec une mise en images étudiée, pour venir complémenter le texte, donner à voir les personnages et les lieux au lecteur. Ce dernier en ressort avec une idée assez claire de l'importance de Hoover dans l'histoire des États-Unis pendant toutes ces années, de ses convictions morales et sociales, de son mode de gestion très autoritaire. Une réussite exemplaire.
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