Comment s’appelle ce terrible châtiment que l’on infligeait aux pirates condamnés à mort ? Suspendus dans les airs, leur corps recouvert par la marée ?
- La cage de gibet ? dit Lynley. Cela tient plus de la légende que de la réalité.
- Toujours est-il que c’est ce que John veut lui faire subir, virtuellement, bien entendu. Il ne s’arrêtera pas à moins.
Désignant d'un mouvement du menton les quotidiens, elle s'enquit :
- Comment vous pouvez lire trois journaux par jour, ça me dépasse !
- Je lis les nouvelles dans le Times, les éditoriaux du Guardian et de l'Independant...
- Il faut un équilibre en toutes choses ?
- N'est-ce pas ? Les journalistes de nos jours font un usage abusif des adverbes qui me rend fou. Je n'aime pas qu'on me dise ce que je dois penser, même indirectement.
- Votre réaction est normale... croyez-moi, je sais... mais cela ne nous mènera à rien.
Avec un sourire, Lynley ajouta :
- Comme dit le roi Lear : "La folie est sur cette pente, évitons-la".
- Cela fait une semaine, dit-elle. Une semaine sans un signe de vie, comment est-ce possible ?
Ces types-là, ces privés, ils passent leur vie à faire des entourloupes à la loi... Ils fouillent dans les poubelles des gens, ils posent des mouchards sur leurs téléphones, ils piratent leurs courriers électroniques, ils interceptent leurs lettres, ils sont les rois du blagging...
- Le blagging ?
- Les détectives privés ont des collaborateurs et des collaboratrices prêts à tout pour soutirer des informations. Par exemple, appeler le généraliste d'Angelina en se faisant passer pour son assistante sociale ou je ne sais quoi. "Est-il exact qu'elle est atteinte de la syphilis, docteur ?
- Mais pour quelle raison poser une question pareille...?
- Pour avoir l'air d'avoir des raisons légitimes de faire parler les gens, pardi. Je suis sûre que Doughty emploie plusieurs blaggers, des extorqueurs d'information professionnels.
Il a une assistante, une femme, lui dit Azhar. Elle a lancé des recherches auprès des compagnies aériennes, des taxis, des minicabs, des trains et du métro. Sans résultat.
Linley sourit.
- Sa seigneurie n'a besoin de rien dans l'immédiat. J'aurai juste besoin de votre aide demain. Je voudrais ranger les affaires d'Helen. Pouvez-vous réunir tout ce dont nous aurons besoin pour ce faire ?
- c'est comme si c'était fait.
Linley était sur le point de sortir, quand Danton l'arrêta :
- Vous êtes sûr Monsieur ?
Linley pivota sur lui-même et réfléchit quelques secondes avant de répondre :
- Non, je ne suis pas sûr du tout. Mais est-on jamais sûr de quoi que ce soit. ?